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1 mai 2017 1 01 /05 /mai /2017 17:55

Emmanuel Macron a ses habitudes à La Rotonde, un restaurant où l'on peut croiser un "Tout-Paris" plus intello que "tape-à-l'oeil".
Wikimedia / LPLT / CC BY-SA 3.0

Emmanuel Macron a fêté sa victoire du premier tour de la présidentielle dans une célèbre brasserie, fréquentée par le tout-Paris rive gauche. Un symbole, quoi qu'il en dise.

Dans l'après-midi de dimanche, jour du premier tour de l'élection présidentielle, « madame Macron » téléphone à « monsieur Serge », le directeur de La Rotonde. Sur ses banquettes au velours grenat qu'éclaire la lumière laiteuse des lustres art déco, son époux candidat fêtera ce soir la manche remportée à la barbe des grands partis. Ils conviennent d'une carte simplifiée, quatre plats. Tous légers. Emmanuel prendra du jambon avec des asperges en mousseline. La facture, précise Brigitte Macron, sera réglée par le mouvement, et non comptabilisée dans les comptes de la campagne. Monsieur Serge...

L'établissement a été fermé au public ,complètement réservé pour  cette soirée privée.

Des banquettes d'un velours rouge pétant, de belles boiseries, un éclairage un tantinet tamisé et la plus belle collection de faux Modigliani de Paris. Bienvenue à La Rotonde, célèbre brasserie du boulevard Montparnasse, dans le VIe arrondissement. C'est dans ce cadre qu'Emmanuel Macron a fêté dimanche avec Line Renaud, Jacques Attali, Stéphane Bern, Pierre Arditi, Romain Goupil, sa femme Brigitte et d'autres proches son résultat du premier tour de la présidentielle 2017.

"La Rotonde, ce n'est pas totalement le Fouquet's", a tenu à rappeler ce lundi matin sur BFMTV Gérard Collomb. Depuis dimanche soir, les troupes du candidat d'En Marche! sont en opération déminage. Ils soulignent les différences avec le restaurant des Champs-Elysées, où Nicolas Sarkozy avait fêté sa victoire de mai 2007. Rive gauche contre rive droite. Menus d'une quarantaine d'euros contre le double. Absence contre présence de grands patrons.

"C'est mon plaisir d'inviter mes secrétaires, mes officiers de sécurité, les politiques, les écrivains, les femmes et les hommes qui modestement, depuis le premier jour m'accompagnent, (...) c'était mon moment du coeur, a-t-il expliqué en sortant de l'établissement, passablement agacé, à l'émission Quotidien. Je crois qu'au Fouquet's, il n'y avait pas beaucoup de secrétaires, d'officiers de sécurité."

En novembre, Paris Match y évoquait les plateaux de fruits de mer partagés ici avec son épouse Brigitte. En terrasse, côté brasserie ou côté restaurant, au rez-de-chaussée ou dans l'une des salles privatisables de l'étage, Emmanuel Macron est ici chez lui. Il y a ses habitudes depuis plusieurs années, pour le plaisir ou le travail.

La brasserie a ainsi donné son nom au groupe d'économistes (Jean Pisani-Ferry, Philippe Aghion, Elie Cohen, Gilbert Cette) qu'animait le jeune banquier de 33 ans au deuxième semestre 2011. Leurs propositions ont alimenté François Hollande pendant la primaire socialiste. L'actuel président connaît bien La Rotonde. Avec ses proches, il y avait fêté, le 16 octobre 2011, sa victoire pour l'investiture du PS face à Martine Aubry.

Les responsables socialistes affectionnent depuis longtemps La Rotonde. Dominique Strauss-Kahn y a été aperçu en compagnie de Jérôme Cahuzac en 2013 et fréquente l'établissement en voisin. En 2010, L'Express racontait comment Ségolène Royal et Martine Aubry, dans une des salles de l'étage, y avaient tenu l'un des rendez-vous qui leur ont permis d'enterrer la hache de guerre.

Le "Tout-Paris" intello

Les politiques ne forment qu'une fraction de ses habitués. On peut régulièrement y apercevoir l'académicien Alain Finkielkraut et une flopée d'essayistes, d'écrivains, de journalistes, d'éditorialistes et de gens du spectacle. "Mettre la noble Rotonde et le clinquant Fouquet's sur le même plan est une honte pour l'esprit, l'estomac et la raison", a ainsi tweeté le philosophe et animateur Raphaël Enthoven.

Fayard et Albin Michel y ont quasiment table. On y croise le "Tout-Paris" de l'édition qui, au dire d'un habitué, affectionne particulièrement les boxes ,où l'on est entre soi tout en étant vu , la qualité de l'assiette et du service, garantie par la constance de la maison. Depuis 25 ans, elle est gérée par deux frères, Gérard et Serge Tafanel, troisième génération de ces Auvergnats régnant sur une partie de la restauration parisienne depuis un siècle.

"Ce n'est pas un lieu trop arrogant, la richesse n'y est pas ostentatoire comme au Fouquet's. Cela a toujours été un lieu d'intellos, de tolérance, ouvert sur le monde, considère Olivier Renault, auteur de Montparnasse, les lieux de légende, aux éditions Parigramme. Cela colle bien avec le profil d'Emmanuel Macron, un homme cultivé qui possède une base philosophique [il a été assistant de Paul Ricoeur]. Mais attention, ce n'est pas Belleville non plus."

Les regards critiques y voient un tout autre symbole. "C'est un lieu emblématique d'Emmanuel Macron, qui se veut ni de gauche, ni de droite, ni public, ni privé, estime la sociologue Monique Pinçon-Charlot, auteure d'une Sociologie de Paris (La Découverte) et de nombreux livres sur les élites, en collaboration avec son mari, Michel Pinçon. Il objective dans l'espace urbain son appartenance à une oligarchie. Ici, rive gauche, le luxe et l'argent ont pris le pas sur la culture."

Le souvenir de la Bohème et des Années folles

Car les copies de Modigliani n'ont pas été accrochées par hasard sur les murs de La Rotonde. Le peintre sans le sou était l'un des habitués de la période bohème de l'établissement, lors de la décennie qui a suivi son ouverture en 1911. Il y retrouvait Soutine, Picasso, Cendrars et d'autres. Là où Macron rayonnait dimanche soir, Trotski et Lénine ont probablement bu un verre. "Il n'existe pas de preuve formelle, mais de bonnes chances qu'ils y soient passés, parce qu'ils ont bu partout dans le quartier", précise Olivier Renault.

La Rotonde fut ensuite un lieu emblématique du Montparnasse des années folles, avec Le Sélect, Le Dôme et La Coupole, à quelques foulées à peine. Leurs décors attirent encore de nombreux touristes, venus s'attabler aux mêmes terrasses qu'Ernest Hemingway ou Henry Miller. "A La Rotonde, on leur montre la table de Foujita [peintre franco-japonais emblématique des années 20], alors qu'il en changeait tout le temps", s'amuse Olivier Renault. Bientôt, peut-être, leur en indiquera-t-on une autre celle d'Emanuel Macron

 

 

Published by Un Sage
29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 11:27

Le magazine gay "Garçon" a choisi de faire apparaître Emmanuel Macron torse nu en couverture de son neuvième numéro. La Une, qui est en réalité un photomontage, fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux.

Le magazine d'actualité et d'informations sur la communauté LGBT Garçon vient de dévoiler la Une de son neuvième numéro qui n'a pas tardé à faire réagir sur les réseaux sociaux. En effet, on peut y voir Emmanuel Macron torse nu, abdominaux apparents avec la mention "Coming out" en bas de la couverture. Cette dernière a été en réalité beaucoup photoshopée."On vous confirme qu'il s'agit bien d'un photomontage. Nous avons un bon graphiste", a plaisanté le journaliste du magazine, Tristan Barreiros, interrogé par site

Le magazine a pris le risque de relancer les rumeurs sur l'orientation sexuelle du candidat qui avait d'ailleurs mis les choses au clair en février dernier concernant sa prétendue relation avec Matthieu Gallet, PDG de Radio France. "Vous entendrez des choses, que je suis duplice, que j'ai une vie cachée. C'est désagréable pour Brigitte qui se demande comment je fais physiquement. Elle partage ma vie du matin au soir. Et je ne l’ai jamais rémunérée pour cela ! Je ne peux pas me dédoubler. Si dans les dîners en ville on vous dit que j'ai une double vie avec Matthieu Gallet, c'est mon ologramme qui m'a échappé, ça ne peut pas être moi !", avait-il déclaré.

Le camp Macron n'a pas mal réagi à la vue de cette couverture. "Son image a été détournée plein de fois, à diverses reprises. Il n’y a pas besoin de ça pour qu’il y ait des rumeurs qui courent. Emmanuel Macron a toujours été clair sur sa vie privée" a affirmé Sibeth Ndiaye, chargée de communication du candidat, contactée par Mashable.

"On dit clairement qu’il n’est pas gay"

Le rédacteur en chef se défend.

Christophe Soret, rédacteur en chef du magazine et auteur de l’article sur le candidat, a préféré frapper fort. "Il faut de temps en temps oser ! Il peut y avoir confusion dans l’esprit de certains. Mais on dit clairement qu’il n’est pas gay, les choses sont claires dans l’article." Par ailleurs, le magazine ne semble pas inquiet au niveau juridique : "Nous avons le droit de faire un montage si on précise dans l’article que c’est un montage. Et de toute façon, le magazine est hébergé au Royaume-Uni, on dépend du droit anglais."

Les réactions des internautes ont cependant été très vives. Certains d'entre eux ne trouvent pas cette couverture appropriée, particulièrement en cette période d'élection présidentielle.

 

 

 

 

 

Published by Un Sage
29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 10:50
Un second tour entre Orwell et Kafka
 
Jérôme Leroy
est écrivain.

« Et maintenant, que vais-je faire ? », chantait Gilbert Bécaud. L’avantage des chansons de variété, c’est qu’elles posent toujours les vrais problèmes, comme la littérature.

Au premier tour, comme plus de sept millions d’électeurs, j’ai voté avec enthousiasme pour le programme de Jean-Luc Mélenchon, un peu moins pour celui qui le portait. Son attitude césariste, la personnalisation excessive de sa campagne, la façon dont les militants de France insoumise venaient à l’occasion dire aux militants communistes qui distribuaient des tracts pour lui qu’ils n’avaient rien à faire là, qu’ils gênaient même, m’a déplu. C’est peut-être d’ailleurs cette attitude qui a fait manquer à Mélenchon le second tour à un petit million de voix.

Et maintenant, donc, le choix entre Macron et Le Pen. Je pense que Mélenchon n’a pas eu tort, le soir du premier tour, de dire que c’était là le duel rêvé par l’oligarchie, rêvé et, d’une certaine manière, provoqué. La preuve la plus emblématique en est François Hollande qui n’est sorti de sa réserve dans les derniers jours de la campagne que pour s’inquiéter de la « remontada » de Mélenchon. Son dernier cadeau à la gauche de rupture, ça… Le président n’était pas gêné plus que ça par une Marine Le Pen donnée en tête du premier tour pendant des mois. En revanche, quand Mélenchon a commencé à tutoyer les sommets, il a distillé ses remarques insidieuses sur ce populisme de gauche qui lui semblait, de fait, plus détestable que celui de l’extrême-droite. Comme d’habitude, serait-on tenté de dire… Il y a aussi, dans le même genre de beauté, la façon dont les marchés ont réagi avec un soulagement qui frisait l’obscénité en saluant par une hausse de 4,1% de la Bourse dans les heures qui ont suivi.

Retour en 1984

Me voilà donc dans une situation proprement orwellienne. Rappelons que dans 1984, pour assurer la puissance de Big Brother, il y a un méchant, Goldstein, dont on ne sait pas trop s’il est encore vivant, d’ailleurs, ou même s’il a existé. Ce méchant est un des éléments qui permet à Big Brother d’exercer son pouvoir totalitaire sur la population, notamment par le biais des Semaines de la Haine où l’on se doit de cracher en groupe sur la figure abjecte du traître quand elle apparaît sur des télécrans.

Le Pen, le père en son temps et la fille aujourd’hui, c’est Goldstein. Face à Goldstein, un candidat qui représente un néo-libéralisme aussi sauvage que celui de Fillon mais avec un lexique plus sucré, qui va enfin selon le souhait pluri-décennal du MEDEF liquider ce qui restait de l’Etat-Providence et des acquis du CNR, un candidat qui vous dit, comme Big Brother, « la liberté, c’est l’esclavage; la paix, c’est la guerre (de tous contre tous) », ce candidat-là, en plus, il va falloir que vous le preniez pour un héros de l’antifascisme. On aura rarement poussé aussi loin notre servitude volontaire en nous imposant un faux clivage : celui qui opposerait « patriotisme » de Marine Le Pen contre le « mondialisme » d’Emmanuel Macron comme si l’amour de son pays excluait nécessairement une société ouverte, comme si être Français, au moins depuis la Révolution, ne supposait pas une articulation entre la nation et l’universel.

Je ne voterai évidemment pas pour Marine Le Pen au second tour. Vouloir voir des analogies entre les programmes du Front national et celui de France insoumise relève du confusionnisme idéologique, savamment entretenu d’ailleurs par le FN qui vient de sortir un tract draguant éhontément les électeurs de Mélenchon.

 

 

Published by Un Sage
29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 10:32
Les sots sont ici-bas pour nos menus plaisirs
On peut réformer l’Ecole en 3 mois
Mais aucun candidat ne le fera
Auteur
Jean-Paul Brighelli
Enseignant et essayiste, anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.
 

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And the winner is…

Fini de rire. Il faut se décider.

Et je me suis personnellement décidé en fonction des politiques éducatives envisagées par les différents candidats.
« Mais vous êtes donc aveugle aux questions économiques ? Au chômage de masse ? À la dissolution de la nation dans l’européanisation, la mondialisation, le Marché divinisé ? »
« Et les questions de sécurité, alors ? L’immigration sauvage ? Et… »
J’adore la valse des milliards que nous promettent la plupart des candidats. Ils iront les pêcher où, leurs milliards ? Depuis 1973, depuis que Pompidou , un autre ex-employé de la banque Rothschild a accepté que la France ne puisse faire fonctionner sa planche à billets et s’auto-financer, depuis que nous sommes pieds et poings liés devant les diktats des banques privées, nous n’avons d’argent que si les grands financiers internationaux le décident.
« Il suffira d’emprunter ! Nous sommes solvables, à long terme ! »
Pas du tout. Si vous voulez savoir ce qui nous pend au nez, jetez un œil sur
ce que Wolfgang Schaüble a fait à la Grèce , le piège dont les mâchoires se referment, ces jours-ci. Ces salopards veulent une Europe à deux vitesses ,et nous ne serons pas en tête. Tout comme ils ont fait une école à deux vitesses. L’Ecole du Protocole de Lisbonne avait pour fonction de réduire la nation. Les programmes des européanistes ont pour fonction de l’éliminer.
L’argent, le nerf de la guerre… Ben oui : Hollande a trébuché là-dessus dès son entrée en fonction. C’est pour ça , et uniquement pour ça ,que les socialistes se sont lancés dans des réformes sociétales sans impact financier. Parce qu’ils ne pouvaient pas se lancer dans quoi que ce soit d’autre. Le mariage pour tous, les « rythmes scolaires », la réforme du collège, la loi Travail… Du vent , avec de petites économies en perspective.
Et un bénéfice électoral conforme aux plans de Terra Nova. Faire plaisir aux bobos gays du Marais. Accabler le prolétariat — parce qu’il y a toujours un prolétariat, et même de plus en plus. Faire semblant de s’occuper des pauvres, et des pauvres en esprit ,et les accabler dans les faits. Et avec ça ils comptent sur le vote immigré !
Aucun candidat ne pourra opérer d’autres réformes que celles qui ne coûteront rien, ou pas grand-chose.
Par exemple, l’école. L’école, sous un certain angle, ça ne coûte rien de la réformer. Autant en profiter.
Revenir, au moins dans un premier temps, aux programmes de 2008 serait indolore. Les manuels existent, il en est même de bons.
Décider de dédoubler la section S pour dégager une vraie filière scientifique ne coûtera rien ,ou pas grand-chose : quelques heures de cours de plus, c’est secondaire. Il suffit de les financer en coupant le robinet à subventions qui arrose des organisations pédagos dont l’objectif commun est la désorganisation de la nation. Ou en remettant devant des classes ces merveilleux didacticiens qui font perdre leur temps aux stagiaires dans les ESPE , puisqu’ils sont si malins et si bons pédagogues…
D’ailleurs, autant fermer les ESPE, et demander aux enseignants-praticiens en exercice ,les bons , de former gracieusement leurs collègues. Ils adoreront ça.
Comme il ne coûtera rien de décréter la tolérance zéro, et la remise au travail de tout le monde. Ou de tirer un trait sur cette grande escroquerie que fut le collège unique , est-ce qu’un seul prof « de gauche » a réfléchi à ce qui avait décidé Haby et Giscard à imposer le collège unique ? Mais pensent-ils encore, les profs de gauche ?
Il faudrait augmenter de façon sensible les salaires , au moins les salaires de départ. Ne rêvez pas : ça ne se fera pas. De la même façon, on ne recrutera pas des dizaines de milliers d’enseignants , Hollande ne l’a pas fait, quoi qu’il dise, parce que les volontaires ne se pressent pas , et qu’il est parfaitement inutile de recruter à la va-vite des gens qui n’auront pas le niveau requis : on tient ses classes, entre autres, parce qu’on domine totalement sa discipline, et où voyez-vous que des étudiants de M1 (surtout quand il s’agit de ces merveilleux MEEF, ces masters d’enseignement à grande base de didactique prodigués / imposés par les ESPE) aient un niveau disciplinaire suffisant ? Démissionneraient-ils en masse comme ils le font dès l’année de stage s’ils se sentaient bien préparés ?
En modifiant les programmes intelligemment, en évacuant toutes ces heures perdues à effectuer des EPI et autres plaisanteries pédagogiques, on peut dégager des heures pour dédoubler les classes les plus faibles, et multiplier par deux les heures des matières fondamentales , à commencer par l’apprentissage systématique de la langue, sans laquelle…
Il faut sonner le tocsin, au niveau de l’enseignement , et ce n’est pas en saupoudrant le système d’aumônes, comme le voudraient certains syndicats, que l’on remontera le niveau, qui est, comme le moral, dans les chaussettes.
D’ailleurs, les syndicats doivent contribuer à l’effort en se passant de subventions , réelles ou déguisées sous la forme de permanents payés à faire du syndicalisme. Et les parents doivent redevenir des parents , pas des officines financées pour imposer des vues pédagogiques héritées de Meirieu et de ses disciples.
On peut en trois mois imposer des réformes qui ne coûteront rien — sinon un peu d’explication. On a des IPR pour ça. Ils ont passé un an à expliquer la réforme de Najat. Ils passeront quelques mois à expliquer qu’il faut faire machine arrière , avant que les profs soient allés de l’avant.
Et croyez-moi : on peut le faire parce qu’on ne pourra pas faire autre chose.
Alors, qui ?Quand on compare les programmes (ce qu’a excellemment fait une équipe de pédagos de Cergy, il suffit de prendre leurs conclusions et de les renverser), il nous reste, par ordre alphabétique, Dupont-Aignan, Fillon, Le Pen (ce sont encore ses adversaires qui en parlent le mieux), et peut-être Mélenchon : je me base pour ce dernier sur les critiques qu’il essuie de la part de socialos pédagos bon teint, ainsi l’infâme Zakhartchouk, qui a si fort contribué aux programmes Najat et au prédicat-roi.
Macron ou Hamon, c’est la continuation sans faille de la politique des quinze dernières années. Nous avons touché le fond, mais ils creusent encore.
Je ne parle même pas de Poutou, qui a la faveur de l’establishment pédago , on en aurait, du vivre-ensemble avec toutes les filles voilées de la terre !
Reste à présent à déterminer qui a une chance de l’emporter dans trois semaines. Qui aura donc l’opportunité de mettre en œuvre quelques-unes des réformes de surface préconisées ci-dessus ,étant entendu que personne n’aura l’occasion de faire davantage, quoi que prétendent les uns et les autres. Faites votre marché. Nous ne gagnerons qu’une capacité limitée à gouverner , et dans certains cas, une école selon notre cœur.
Ou alors, on lance un appel à l’insurrection et à une seconde révolution française. Mais si le foot et TF1 avaient existé en 1789, Louis XVI aurait-il fini chez la Veuve ?
Notez que je crois vraiment que l’émeute attend patiemment les Législatives, et le chaos probable qui en sortira , parce qu’il n’y aura pas cette fois d’accord « républicain » , quelle blague ! Juste des appétits qui se déchireront pour les meilleures places.
Et à l’arrivée, un pays ingouvernable.
Dois-je avouer que je ne pleurerai pas ?
 
 
 
Published by Un Sage
29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 10:25
Les ambiguïtés du libéral-conservatisme
Thibaud Collin
philosophe et auteur de Les lendemains du mariage gay

Emmanuel Macron au siège du Medef, février 2016. SIPA. 00742927_000034

C’est peu dire que lundi matin j’ai été surpris par l’éditorial d’Alexis Brézet, patron du Figaro. Comment comprendre que quelqu’un qui a tenu une ligne si courageuse sur les questions dites « sociétales » notamment au moment de la loi Taubira, appelle à voter Macron, chantre de la PMA pour toutes et mol adversaire de la GPA, comme l’a rappelé l’autre jour Sylviane Agazinski dans ce même journal ? Comment peut-il refuser de voir que ce deuxième tour pose une question de civilisation et non pas d’abord de simple politique économique ? Ai-je mal lu ?

Les noces du Figaro

Je relis : « Bien sûr, entre la grippe et le choléra, entre la poursuite du déclin hollandais et la catastrophe immédiate – politique, sociale et financière – que serait une sortie unilatérale de l’euro, le choix va de soi. Le projet économique de Marine Le Pen est suffisamment insensé pour dissuader de voter pour elle quiconque serait tenté de le faire pour d’autres raisons.» Alexis Brézet étant certainement un homme d’honneur, doué d’honnêteté intellectuelle, il ne peut être déterminé par des intérêts de carrière. Alors, comment comprendre ce qui m’apparaît être une grave incohérence intellectuelle et morale ? Je continue à chercher. Est-il attaché à ce point à François Fillon qu’il veuille suivre à tout prix sa consigne de vote ?

Alexis Brézet tance pourtant sans ménagement le candidat défait qui s’est révélé, somme toute, un vrai chiraquien en appelant à voter pour son adversaire encore hier honni: « Ne nous y trompons pas : un homme a perdu, victime de ses propres faiblesses, de ses erreurs… » Et de poursuivre : « Mais ses idées n’ont pas été disqualifiées pour autant : c’est cette synthèse libérale-conservatrice qui en dépit de tout, et souvent en dépit de lui-même, a permis à Fillon de tenir dans la tempête ».

Le porte-feuille d’abord?

Ma surprise doit être le signe de ma grande naïveté. Ce que j’ai pris pour une incohérence n’est peut-être en réalité que le déploiement de la logique « libérale-conservatrice » chère à Alexis Brézet. Mais comment interpréter cette expression ? Est-ce un conservatisme libéral ou un libéralisme conservateur ? Et puis, que s’agit-il de conserver et selon quelle hiérarchie ? Manifestement, cette synthèse est ultimement mesurée par le critère économique puisque celui-ci a le pouvoir de disqualifier toutes les « autres raisons » de voter Le Pen ou même de s’abstenir. Je saisis enfin la cohérence qui m’avait dans un premier temps échappée. Il s’agit sans doute de conserver en priorité son patrimoine et ses intérêts économiques ; et si ceux-ci exigent de sacrifier telle ou telle raison « sociétale », nous savons désormais que le directeur du Figaro ne mégotera pas.

Ce deuxième tour est une expérience cruciale révélatrice des pensées profondes de nombre de personnalités dites de « droite » ou « conservatrices ». Le voile se déchire sous mes yeux effarés et décidément bien candides. Ce que je croyais être un engagement dans un combat civilisationnel n’est en réalité qu’une variable d’ajustement d’un combat beaucoup plus fondamental et impérieux, celui pour une libéralisation du marché, une relance de la croissance, la défense de la zone euro, etc. Et donc de son corollaire objectif : « l’individu total » du libéralisme enfin réconcilié dans ses deux versants, économique et sociétal. Si j’ai un dernier doute quant à la pertinence de ma découverte, la lecture du papier de Nicolas Baverez, juste en dessous me l’enlève définitivement. Les litanies hebdomadaires à la Sainte Dérégulation et à la Bienheureuse Transition numérique et robotique sont bien récitées. Comment ai-je pu être aussi aveugle et croire que Le Figaro allait poursuivre le combat de civilisation contre François Hollande, Emmanuel Macron et leurs officines ? L’âme de la France peut attendre ; pas les valeurs boursières.

 

 

Published by Un Sage
29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 10:23

Alors que le second tour de la présidentielle se profile, quelles sont les mesures proposées par les deux candidats qualifiés concernant les trois thèmes majeurs pour les Français.

Sur l'emploi, Emmanuel Macron prône un plan d'investissement de 50 milliards d'euros dont 15 milliards pour la formation des chômeurs et jeunes sans qualification. Le candidat souhaite en outre l'instauration d'un bonus/malus pour les entreprises abusant des CDD courts. Pour aider les entreprises et les inciter à embaucher, Emmanuel Macron propose deux mesures clés : le remplacement du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) par une série d'allègement de charges pérenne (baisse des cotisations sociales employeurs de 6 points et jusqu'à 10 points au niveau du SMIC) et la baisse de l'impôt sur les sociétaés de 33,3 à 25 %.

De son côté, Marine Le Pen veut alléger les charges sociales et la fiscalité des TPE PME afin de permettre aux entreprises d'embaucher plus. La première embauche d'un jeune de moins de 21 ans serait totalement exonérée de charges pour un délai de deux ans. Enfin, Marine Le Pen souhaite mettre en place une taxe sur l'embauche de salariés étrangers afin de favoriser le recrutement national. De manière générale, Marine Le Pen veut créer "une cercle vertueux" pour les entreprises en mettant en place un plan de ré-industrialisation et en soutenant les entreprises françaises face à la concurrence internationale.

Le pouvoir d'achat

La présidente du FN veut défiscaliser les heures supplémentaires, instaurer une "prime de pouvoir d'achat" à l'endroit des salariés et retraités aux revenus mensuels inférieurs à 1500 euros, porter à 1 000 euros l'allocation adulte handicapé, tout comme le minimum vieillesse. Elle veut restreindre les allocations familiales aux familles françaises et baisser les taux d'imposition des trois premières tranches de l'impôt sur le revenu. Dès son arrivée au pouvoir, Marine Le Pen entend également opérer une baisse immédiate de 5 % des tarifs du gaz et de l'électricité.

Le programme d'Emmanuel Macron propose de transformer le RSA et de revaloriser la prime d'activité. Son programme prévoit une hausse de la prime d'activité de 50%, mais aussi une revalorisation de 100 euros par mois de l'allocation adulte handicapé et du minimum vieillesse. Le candidat veut aussi améliorer la couverture santé : les lunettes, prothèses dentaires et auditives seront prises en charge à 100 % d'ici 2022. Enfin, mesure phare du candidat : 80 % des Français seront exonérés de la taxe d'habitation.

La sécurité

Marine Le Pen a fait du rétablissement de la sécurité l’une de ses priorités en prônant le "réarmement massif des forces de l’ordre" : en personnels (plan de recrutement de 15 000 policiers et gendarmes), en matériels (modernisation des équipements, des commissariats et des casernes, adaptation des armements aux nouvelles menaces), mais aussi "moralement et juridiquement" (notamment par la présomption de légitime défense) afin notamment de "mettre en place un plan de désarmement des banlieues concernées et de reprise en main par l’État des zones de non-droit". La présidente du Front national veut par ailleurs rétablir progressivement le service militaire, créer 40 000 places de prison et expulser automatiquement les délinquants étrangers ainsi que les étrangers fichés "S".

Emmanuel Macron, lui aussi, s’est prononcé en faveur d’une augmentation urgente des effectifs : "ce sont 10 000 fonctionnaires de police et de gendarmerie qu’il faut recruter dans les trois prochaines années", a-t-il déclaré. Le fondateur d'"En Marche !" s'est aussi prononcé pour le rétablissement de la police de proximité. Le candidat à la présidentielle veut aussi ouvrir deux nouvelles écoles de police, la première de 1 000 places et la seconde de 500, "pour la formation initiale et continue des agents". Il propose aussi de créer 15 000 nouvelles places de prison. Dans la lutte contre le terrorisme, Emmanuel Macron veut recréer un renseignement territorial au maillage fin avec "un état-major centralisé du renseignement rapportant directement au Conseil de défense auprès du président de la République". Emmanuel Macron préconise aussi des centres pénitentiaires ad hoc pour les combattants à l'étranger, un renforcement de la coopération européenne en matière de sécurité et la création de 5 000 postes de policiers aux frontières au niveau de l'UE.

 

 

Published by Un Sage
29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 09:59
Attali : "Les médias auraient tellement intérêt
à ce que Marine Le Pen passe !"
Sur la sellette après ses propos sur Whirlpool, il décrit les dérives d'une société du spectacle qui privilégie la petite phrase aux questions de fond.
Modifié le 28/04/2017 à 07:43 - Publié le 27/04/2017 à 17:53 | Le Point.fr

Qu'a dit précisément Jacques Attali qui lui vaille le sévère recadrage – « Qu'il se taise ! » – du député socialiste Richard Ferrand ? « Je ne voudrais pas que cette campagne se réduise à des anecdotes. » Évoquant la situation des salariés de Whirlpool menacés de plan social, on peut qualifier, au minimum, le mot de maladresse. De la matière, en tout cas, à nourrir l'épuisante machine à dérapages, bourdes, polémiques, recadrages, etc. Explication de texte avec l'intéressé, qui continue, cette fois à propos des médias, à ne pas mâcher ses mots.

Le Point.fr : Que vous inspire ce supposé « tournant » de la campagne, ces scènes à l'usine Whirlpool dont la délocalisation vous est apparue comme « anecdotique » ?

Jacques Attali : Ce pays compte 5 millions et demi de chômeurs, alors il est honteux et même criminel de laisser croire que la simple apparition d'un candidat sur un site en détresse puisse être une réponse. J'ai été extrêmement choqué de voir Marine Le Pen éprouver le besoin de faire des selfies avec ces salariés, exploiter leur détresse alors qu'on ne sait toujours pas comment elle entend régler les questions de fond. Or c'est cela qui compte. Chaque chômeur sauvé est évidemment une victoire. Mais régler des situations particulières, au cas par cas, ce n'est pas le rôle de l'État, pas le rôle d'un président de la République ! Le rôle de l'État, c'est de créer le cadre, les conditions dans lesquelles les entreprises vont pouvoir créer massivement des emplois. Un président ne peut agir que sur un contexte global. Ce que je regrette, depuis un an, c'est que la campagne n'a été qu'une succession de « cas particuliers ». Il n'a presque jamais été question des grands enjeux.

Pourquoi ? C'est la « BFMisation » de la vie politique ?

Non, il n'y a pas que BFM. C'est désormais, partout, le règne du spectacle, le jeu des « petites phrases », des « polémiques ». Mais il ne s'agit pas d'un jeu, il faut prendre les gens au sérieux. Or dès que l'on essaye de s'extraire de ce spectacle, on est transformé en cible.

En filigrane des réactions qu'a suscitées votre intervention, il y a l'idée que vous faites partie, un peu comme Emmanuel Macron, d'une élite intellectuelle et économique coupée des réalités de ce pays.

Pourtant je ne suis pas, loin de là, un héritier. Ce que je suis est le fruit de mon travail, et seulement de mon travail. Et je n'ai pas à nourrir de complexes quant aux études que j'ai faites. La méritocratie ne fonctionne pas bien, mais elle fonctionne encore. J'en suis un exemple, Emmanuel Macron en est un autre. Quant à la fondation que je préside, elle crée des milliers d'emplois en France et des millions à travers le monde. Je suis moi-même très souvent sur le terrain pour agir. Certes, loin des caméras…

Que vous inspire la tournure que prend médiatiquement l'entre-deux-tours ?

Nous sommes un peuple qui n'aime pas les vainqueurs. C'est ainsi, et c'est dans le fond assez positif, les Français prennent presque toujours parti pour le second, l'outsider. Cette campagne, où l'on a vu éliminés un à un tant de favoris, en a encore été la preuve. Emmanuel Macron, en tête, est attaqué et médiatiquement malmené d'autant plus violemment qu'il est un homme raisonnable, dont le programme est sérieux. Et puis je vais vous dire quelque chose qui ne va pas vous plaire. Depuis que Trump est au pouvoir, la presse et les médias américains n'ont jamais aussi bien marché. Alors je crois que dans l'inconscient des médias français, même si c'est inavouable, il y a un peu de cela : ils auraient tellement intérêt à ce que Marine Le Pen passe.....

 

Published by Un Sage
27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 17:40
Plus de société et moins d’Etat !
Auteur
Luc Rosenzweig
Journaliste.

La campagne de France d’Emmanuel Macron évoque irrésistiblement une « longue marche » du siècle dernier, première étape de la conquête du pouvoir chinois par un certain Mao Zedong. Une énergie à « déplacer des montagnes », un culot monstre, une intelligence stratégique et tactique innée, donc délestée des pesanteurs accumulées dans les machines politiques à bout de souffle, la capacité à tirer immédiatement les leçons des erreurs commises dans le feu de l’action… L’analogie s’arrête là, car personne ne peut aujourd’hui sérieusement penser que l’aventure macronienne puisse déboucher sur une version française du laogaï, le goulag chinois, et les rivières de sang de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne.

Un maoïsme à l’envers

Mieux : le macronisme est l’inverse du maoïsme, car sa stratégie consiste à « encercler les campagnes à partir des villes », alors que le Grand Timonier fondait la sienne sur la mise en mouvement des masses paysannes pour subvertir les grandes métropoles de son pays, foyers de modernité capitaliste. La carte électorale du premier tour de la présidentielle en est la preuve : ce sont les métropoles économiquement prospères qui ont plébiscité Macron, alors que l’espace rural et les régions de friches industrielles ont placé leur désespoir dans un vote Le Front national et la France insoumise se sont nourris du ressentiment des laissés-pour-compte de la nouvelle révolution industrielle qui voient le monde d’hier, ce monde qui peut être dur mais aussi familier et protecteur, se défaire à grande allure. Face à ce ressentiment, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon prétendent que le monde ancien peut être préservé tel quel, avec les recettes du siècle dernier – protectionnisme, dirigisme étatique, gel des rapports sociaux et des structures économiques issus des « Trente glorieuses ». Entre le ressentiment et la paranoïa, la frontière est poreuse : les démagogues ont beau jeu de prétendre que ceux qui souffrent sont victimes d’un complot ourdi dans les cénacles de la finance internationale, dont Emmanuel Macron serait au mieux le fondé de pouvoir, au pire la marionnette. C’est une pensée paresseuse, même si elle est enrobée dans une rhétorique raffinée.

Jospin avait raison trop tôt

Jusque-là, les détenteurs du pouvoir en France avaient nourri l’illusion qu’ils pouvaient maintenir l’ancien tout en prenant la mesure des exigences du monde en train de se faire. La société était appelée à leur faire confiance, et non pas invitée à se prendre en main pour répondre aux défis de l’époque. Lionel Jospin avait eu un bref éclair de lucidité en affirmant que « l’Etat ne peut pas tout » pour entraver le processus de désindustrialisation du pays. C’était trop tôt, et cela lui coûta son élection à l’Elysée. La demande d’un roi thaumaturge (l’homme providentiel en langage républicain) est un trait de caractère persistant de la conscience politique française, et sa plus grande faiblesse. La société a été conditionnée à ne pas se faire confiance, on l’a dissuadée de se prendre en main pour résoudre les problèmes posés par la marche du monde, sans attendre la manne venue d’en haut, comme les Hébreux dans le Sinaï…

C’est à une révolution dans la relation entre la société et l’Etat que vise le projet macronien, libérant les énergies qui bouillonnent en son sein, et qui, lorsque l’on regarde bien cette société, maintiennent la cohésion de la nation grâce à un tissu d’associations sportives, culturelles, sociales, caritatives et spirituelles sans équivalent en Europe. Pourquoi ne pas étendre ce modèle à la vie économique de la nation et à l’administration des choses ? Plus de société, et moins d’Etat (ce qui ne veut pas dire moins d’autorité à son sommet) c’est le fil rouge du programme de En Marche !. C’est, par exemple, l’appel au bénévolat des retraités pour assurer le suivi scolaire des enfants défavorisés dans des études surveillées est une mesure symbolique de ce new deal entre le peuple et la bureaucratie dirigeante. On sort de la répétition psittaciste du « plus de moyens, plus de postes pour l’Ecole, des moulins à prières revendicatives actionnés régulièrement par des syndicats clientélistes. Bougez-vous et vous serez aidés ! Cette exhortation s’adresse à tous et à chacun, et parie sur la part d’énergie que même le plus déshérité d’entre les Français conserve en lui. Sortir du ressentiment, des passions tristes, des peurs irrationnelles, de la déprime décliniste, de la lamentation infinie. C’est retrouver l’âme de la France du temps où elle était glorieuse.

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27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 10:19
Céline Alvarez, idiote utile du libéralisme?
Françoise Dauliat
enseigne en école maternelle.
 

« Ces profs du public qui cassent les codes. »

L’Express publiait le mois dernier un nouvel article élogieux sur la méthode Montessori introduite dans l’Éducation nationale. Sur ce sujet, toujours pas de réflexion critique. Pourquoi ? Cette méthode pédagogique n’aurait semble-t-il que des avantages et contre elle que des enseignants qui « refusent de remettre en question des habitudes bien ancrées » – autrement dit des paresseux réactionnaires. En ferais-je donc partie, moi qui, enseignante en maternelle n’ai délibérément pas cédé aux sirènes montessoriennes ?

La vague montessorienne dans l’Éducation Nationale, renforcée par la publicité offerte par nombre de médias, date essentiellement de l’expérience de Céline Alvarez à Gennevilliers que l’article de L’Express retrace en quelques mots. En 2011, Céline Alvarez devient professeur des écoles avec comme objectif de prouver que la pédagogie Montessori peut être appliquée dans l’Éducation Nationale. Elle obtient, avec la bienveillance du ministère, un poste en maternelle à Gennevilliers et mène son expérience pendant trois ans avant de claquer la porte et de se reconvertir en modèle à suivre/conférencière. Notons qu’elle n’a nullement été suivie par une quelconque commission d’évaluation officielle et impartiale et qu’aucun bilan de son expérience (sur tous les plans : acquis cognitifs, construction de la personnalité de l’enfant, faisabilité budgétaire, concordance avec les programmes, impact sur l’équipe enseignante, satisfaction des attentes de tous les parents, etc.) n’a été établi par le ministère qui, aujourd’hui, la soutient officieusement.

Une méthode très exclusive

Les résultats qu’elle affiche dans ses vidéos sont presque incroyables au niveau des acquis cognitifs (90% des Moyens et 100% des Grands auraient assimilé la lecture, certains atteignant même un niveau CE2 en maths). Résultats, il faut en convenir même si on peut regretter qu’ils n’aient pas subits de contre-expertise, très attractifs pour les parents inquiets de l’avenir de leur progéniture dans un monde où l’accession à un emploi devient de plus en plus problématique.

Seulement voilà, comme le montre parfaitement Céline Alvarez elle-même mais aussi les « maisons d’enfants » (et non « écoles ») appliquant la méthode Montessori, la démarche de la pédagogie jusqu’à présent dominante en école maternelle et la démarche de la méthode Montessori sont totalement exclusives l’une de l’autre. Dans la méthode Montessori, il s’agit fondamentalement de contraindre de facto l’enfant, par l’organisation de la classe et un appauvrissement de son environnement (couleurs qui n’accrochent pas le regard, absence d’affichage, les mêmes ateliers mis à la disposition des élèves de l’entrée à la sortie de la maternelle, etc.), à se tourner spontanément vers les seules activités qui lui sont laissées à disposition en ateliers autonomes. On ne peut donc pas faire du moitié-moitié, moitié méthode « traditionnelle » – pour faire plus simple – moitié méthode Montessori.

Si l’on mélange les deux – ce que font apparemment mes collègues que L’Express a visitées dans le XIVe arrondissement de Paris – on perd sur les deux tableaux : l’encadrement magistral indispensable au déroulement des activités collectives perdra de sa consistance aux yeux des enfants d’un côté, et de l’autre les élèves risqueront de s’ennuyer dans les moments où on ne leur laissera que l’accès aux ateliers Montessori qui pâtiront alors de la comparaison avec les activités collectives plus entraînantes.

Cette incompatibilité radicale entre les deux démarches pédagogiques fait que l’enseignant qui, aujourd’hui, décide de faire le choix, encore très minoritaire, de bouleverser sa classe en y appliquant les principes d’aménagement de classe liés à la méthode Montessori prend la grave décision de la vider de ses meubles et du matériel accumulé pendant des années et des années, au risque de la laisser considérablement appauvrie au collègue qui lui succéderait en cas de retraite ou de mutation et qui ne désirera pas forcément y appliquer la méthode Montessori.

D’ailleurs, avant d’aborder le fond des critiques que l’on peut adresser à la pédagogie Montessori, parlons donc du côté bassement matériel – puisqu’il en est question dans l’article de L’Express mais de façon trop superficielle – de la mise en place de la pédagogie Montessori dans une classe de l’Éducation nationale.

Des conditions matérielles exceptionnelles

Céline Alvarez a faussé son expérience au départ. Elle l’a entamée dans des conditions matérielles exceptionnelles :

- la classe qu’on lui a attribuée faisait environ 75m2 : rares sont les classes de cette superficie dans les locaux scolaires.

- elle a reçu un don de l’association Agir pour l’école, association loi 1901 financée par des fonds publics et des partenaires privés tels que Dassault, la fondation Bettencourt, AXA et la fondation Total, d’un montant de 2.000€ pour aménager sa classe : l’indigence dans laquelle se trouvent des classes voulant entamer l’expérience fait que le matériel proposé aux élèves sera incomplet, à moins que les enseignants ou les parents ne mettent la main au porte-monnaie.

- une éducatrice formée à la pédagogie Montessori lui a été attachée en permanence : je me demande comment mes collègues ont fait pour suppléer au fait qu’à Paris il n’y a même pas une ATSEM (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles, non-formée à la méthode Montessori au demeurant) par classe, sans compter qu’elles ne sont pas en permanence dans les classes et sont chargées de tâches ménagères.

Parlons maintenant du fond des critiques que l’on peut formuler sur la pédagogie Montessori (eh oui, rien n’est parfait) qui feront peut-être comprendre que rejeter cette pédagogie n’est pas forcément signe d’un esprit sclérosé.

Je ne parle ici que d’une classe purement Montessori, c’est-à-dire appliquant ladite méthode sans concession ni mixage pédagogique. Dans une classe réellement Montessori, il n’y a plus – en application de deux principes directeurs que sont la suppression des activités collectives et la suppression de toute distraction risquant de rendre moins attractifs les ateliers autonomes - :
- d’activités sportives collectives
- d’activités artistiques dirigées
- de coin de jeux d’imitation (maison, cuisine, théâtre de marionnettes…)

L’activité sportive est réduite à tenir une balle de ping-pong sur une cuiller en marchant sur une ellipse tracée au sol dans la classe. Plus aucune autre activité sportive collective. Ce qui plonge complètement dans l’incohérence pédagogique les membres de la hiérarchie de l’Éducation nationale qui soutiennent la mise en place de classes Montessori tout en exigeant contradictoirement l’application des programmes officiels de l’École maternelle. On peut d’ailleurs se demander pourquoi la hiérarchie de l’Éducation nationale n’a pas cherché de noises à Céline Alvarez alors qu’elle n’appliquait pas les programmes et qu’elle favorise aujourd’hui sa propagande en faveur de la diffusion de la méthode Montessori en son sein alors que celle-ci s’oppose ouvertement aux programmes que l’Éducation nationale veut que l’on suive scrupuleusement.

Le retour à la normale est-il possible?

Dans la classe de Céline Alvarez, l’activité artistique est réduite à deux postes de travail : dessin avec des feutres et gouache avec des pinceaux. Exit le développement de l’esprit créatif de l’enfant, l’expérimentation de la matière, des supports et des outils. Plus question non plus de proposer collectivement à la classe un thème directeur sur lequel s’appuyer pour faire utiliser supports, outils et techniques.

Les jeux d’imitation, considérés comme beaucoup trop attractifs pour les enfants dans une classe Montessori (lâchez des enfants dans une classe équipée d’un beau coin maison et vous verrez s’ils se dirigent vers les ateliers autonomes) y sont purement et simplement éliminés. Mais pourquoi ont-ils toujours eu leur place en maternelle ? Voyons, que je me rappelle… N’y avait-il pas de très bonnes raisons pédagogiques visant à la socialisation et à la construction de la personnalité de l’enfant ? Mais ceci s’explique quand on constate qu’avec Céline Alvarez, il n’est plus question de psychologie de l’enfant mais de… neurosciences ! Eh oui, Céline Alvarez et ceux qui l’appuient sont des « scientifiques », pas des rigolos comme nous.

Dans le domaine des jeux d’imitation aussi, on peut noter l’ambiguïté de l’Éducation nationale encensant implicitement un abandon qu’elle sanctionne dans une classe « traditionnelle ».

Parlons enfin de deux points secondaires mais non négligeables questionnant l’intérêt de la submersion de l’Éducation nationale par la vague Montessori.

Il y a d’abord l’inquiétude, à mon sens fondée, exprimée par une mère d’élève dans l’article de L’Express : « Arrivera-t-elle à s’intégrer ensuite dans une classe de CP « normale » ? » La question doit être posée puisque l’article précise que les enseignants d’élémentaire ne suivent pas le mouvement et que la quasi-totalité des classes de CP restent donc aujourd’hui non-Montessori. Sans compter qu’un enfant qui aura vécu toute sa scolarité de maternelle sans apprendre les règles du travail collectif et les règles de discipline qui y sont liées aura probablement des difficultés à se fondre dans l’attente disciplinaire de l’enseignant. Comment un enfant qui aura atteint les résultats affichés par Céline Alvarez, à savoir la lecture acquise en fin de maternelle et un niveau de CE2 en mathématiques, pourra-t-il s’intéresser à ce qui se passera en CP ? Voire en CE1? Non seulement ces élèves n’auront pas intégré les règles du travail collectif, mais ils s’ennuieront, perturberont la classe et auxquels on ne pourra pas faire sauter de classe car leurs acquis seront déséquilibrés et inégaux. On me rétorquera qu’il suffit alors d’appliquer le principe de la loi d’orientation de Jospin de 1991 selon lequel on doit prendre chaque élève au niveau où il en est. Mais les praticiens savent bien que ce sont des vues de l’esprit pédagogistes car il est impossible d’établir un cursus différent pour 30 élèves au sein d’une classe.

L’autre inquiétude concerne le risque de stagnation totale des enfants. Selon la méthode Montessori, l’atelier doit être saisi par l’enfant de son propre chef. Certains enfants peuvent donc se satisfaire toute l’année, voire tout au long de leur scolarité en maternelle, de faire la même activité en boucle… Pourquoi le ministère de l’Éducation nationale, qui avait négligé de suivre avec attention l’expérience de Céline Alvarez, s’en est ensuite emparé et a favorisé les interventions de cette femme dans des conférences organisées par ses soins ?

L’engouement étatique pour Montessori

Peut-être faut-il chercher un début de réponse aux origines de la méthode Montessori et dans ses visées politiques. Elles ont été clairement exposées par Céline Alvarez : il s’agit d’éviter de produire des révoltés en empêchant l’enfant de ressentir de la distance entre lui et son environnement et en faisant du lieu (classe/école/maison d’enfants) un lieu à la disposition de l’enfant. Il s’agit de faire en sorte que l’enfant ne rencontre aucun obstacle, aucune frustration, ne subisse aucun échec qui pourrait être nocif à son épanouissement et le forger dans la confrontation aux autres et aux institutions. La méthode de Madame Montessori, fervente catholique (la seule entorse à ses principes dans ses maisons d’enfants était l’existence de cours de catéchisme très traditionnels), convenait tellement au système en place qu’elle fut soutenue et financée par Benito Mussolini.

Cette méthode donne l’illusion à l’enfant que la société est harmonieuse et à son service afin qu’il ne développe aucun esprit critique à l’encontre de ses défauts et dysfonctionnements. La société serait si bonne et si peu critiquable que se retourner contre elle ne pourrait être produit que par un défaut dans l’éducation de l’enfant. C’est probablement dans cette vérité sur le fondement de la méthode Montessori qu’il faut chercher l’une des raisons de l’engouement étatique à son égard.

L’objectif de l’école de la République, construire le citoyen et son esprit critique, disparaît. Chaque enfant est seul face à l’activité qui doit lui permettre d’acquérir des connaissances et des savoir-faire. On est dans un registre purement cognitif et individuel. Les relations avec les autres n’existent que dans la démonstration silencieuse de la maîtresse dont la place cesse d’être centrale dans le groupe-classe, personnage dont le rôle se confond avec celui de l’autre adulte intervenant, voire avec celui de l’enfant plus grand qui assumera à son tour la démonstration silencieuse. Il n’y a plus d’autre règle sociale que le respect des conditions de travail individuelles des autres enfants. Le groupe classe cesse d’être une société régie par des règles.

La diffusion de la méthode Montessori convient donc parfaitement à l’État libéral. Elle signifie l’abandon de la suprématie des programmes unificateurs et contribue à l’éclatement de l’Éducation nationale. D’abord par la municipalisation (vers laquelle la réforme des rythmes scolaires a été un pas important), puis, in fine, par la privatisation. Cette dernière tendance annonce tout autant des économies budgétaires que l’ouverture d’un marché prometteur.

 

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27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 10:00
Entretien avec l’essayiste palestinienWaleed Al-Husseini: 
Auteur
Alexis Brunet
Professeur de français langue étrangère.

Waleed Al-Husseini ne s’est pas fait prier pour accepter cet entretien. Pour avoir fortement mis en doute les vérités sacrées de l’islam, ce soldat de la laïcité et de la défense des Droits de l’homme a passé pas moins de 10 mois dans les geôles de Cisjordanie, un cauchemar qu’il a raconté dans le poignant Blasphémateur ! Les prisons d’Allah (Grasset, janvier 2015). Il revient aujourd’hui avec Une trahison française (Editions Ring), excellent réquisitoire contre les partisans du dogme islamiste et ses collaborateurs parmi nos élites, ici en France. A seulement 28 ans, Waleed Al-Husseini est l’un de ces libres penseurs de culture musulmane que l’on soutient trop mollement. Rencontre avec un jeune homme courageux.

Alexis Brunet. On ne sort pas rassuré de la lecture de votre livre. Le processus d’islamisation de la France que vous décrivez a-t-il déjà atteint un point de non-retour ?

Waleed Al-Husseini. Oui. L’islamisation est plus forte qu’avant. Peut-être que nous pouvons la limiter, la rendre moins violente que ce que nous voyons maintenant. Mais dans la mesure où c’est un réseau mondial, ils vont utiliser les médias comme ils le font déjà. Voyez l’affaire du burkini l’été dernier. Les médias comme Al-Jazeera n’ont parlé que de ça, en disant que c’était horrible, etc. Pendant ce temps, on a très peu parlé des noirs assassinés par la police aux Etats-Unis et de la répression menée par l’AKP en Turquie, par exemple.

Vous dénoncez la naïveté, et même la collaboration de nos élites, surtout à gauche. Pourquoi êtes-vous si sévère avec la gauche ?

Parce que quand la gauche parle de laïcité, elle ne parle que de la laïcité pour les chrétiens. On peut se moquer de Jésus ou le blasphémer tout le temps, mais on ne peut pas faire pareil pour Mohammed (Mahomet) : les médias se l’interdisent au nom de la paix dans la société et du « vivre-ensemble ». Ils disent qu’ils ne veulent pas plaisanter sur l’islam pour ne pas passer pour des racistes. Mais en agissant ainsi, ils se montrent même plus racistes, car ils considèrent les musulmans comme des citoyens de seconde zone et non plus comme des Français. La gauche est censée militer pour la Révolution française et des valeurs modernes, pourquoi, quand il s’agit des musulmans, décide-t-elle de laisser ces valeurs de côté ?

Comme lorsque la Ligue des Droits de l’homme n’a pas soutenu la lecture spectacle du livre posthume de Charb à l’université de Lille…

Oui exactement. C’est à peine croyable. Pourquoi ?

La cécité de certains est telle que des militants de gauche ont été, comble de l’aveuglement, jusqu’à douter de la véracité de votre incarcération en Palestine !

Oui. Juste après les attentats de Charlie-Hebdo et la sortie de mon premier livre, des militants de gauches ont accusé Grasset d’être sioniste. Comme je suis Palestinien, j’étais forcément un menteur, j’avais inventé toute mon incarcération pour écrire un livre. Alors que Le Monde avait fait un article sur mon arrestation à l’époque ! Ils m’ont dit qu’ils ne croyaient de toute façon pas aux médias… Même aujourd’hui, de nombreux militants de gauche m’accusent de vouloir défendre la laïcité en France au détriment de la cause palestinienne et refusent la hiérarchisation des priorités. Ils m’accusent à tort d’être manipulé par Israël et refusent de voir la véritable manipulation de la cause palestinienne par les islamistes.

Ceci étant, sous Sarkozy ce n’était pas mieux : le communautarisme s’est développé…

Oui, je suis d’accord. On parle beaucoup du communautarisme en France parce que ce pays a une façade laïque. C’est pire en Angleterre mais la France est en train de se transformer en morceaux avec d’un côté les musulmans, de l’autre les Chinois, etc. A Saint-Denis, pendant le Ramadan, beaucoup de magasins sont fermés. A Sevran on a vu qu’un café était interdit aux femmes. Ce sont des valeurs du Moyen-Âge qui vont à l’encontre des valeurs de la société française.

Ce communautarisme musulman, Nicolas Sarkozy l’a organisé. Il a institutionnalisé l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Il a cru pouvoir faire comme Napoléon avec les Juifs, faire une organisation qui représenterait les musulmans. Mais ça ne peut pas marcher avec les musulmans car eux même ne peuvent concevoir l’existence d’une telle institution. Pour le dogme musulman, la Charia est supérieure aux lois terrestres. Mais cette complaisance de la classe politique avec l’islam remonte aux années 1970. Doit-on rappeler la concurrence que menaient alors le PS et le PCF pour séduire l’Algérie, à la veille des élections législatives de 1978, de la présidentielle de 1981 et des suivantes ? Même aujourd’hui, le passage à Alger, avec tout ce que cela implique, est une étape obligatoire aux présidentiables, surtout de gauche : François Hollande en 2012, Emmanuel Macron aujourd’hui…

Vous dites dans votre livre que dans l’état actuel des choses, le « vivre-ensemble » est utopique. Mais n’est-ce pas une priorité que de souhaiter préserver une certaine harmonie entre ce que l’on nomme maintenant les différentes communautés ?

Pour les islamistes, le « vivre-ensemble » n’est même pas concevable : pour eux, l’idéal ce n’est pas le monde moderne mais l’Etat islamique. Ils utilisent le « vivre-ensemble » pour instaurer à nouveau les valeurs de l’Islam du temps de Mohammed.

Vous racontez qu’en arrivant en France, vous avez découvert l’expression « musulman modéré », que vous n’aviez jamais entendue en Cisjordanie…

Evidemment. Cela n’existe pas. Là-bas, nous sommes tous musulmans. C’est un terme utilisé pour mieux faire accepter les musulmans. Mais c’est un terme qui n’est même pas accepté par tous les musulmans. Un musulman « modéré », cela signifie pour beaucoup de musulmans qu’il y a quelque chose qui ne colle pas dans leur conception de l’islam.

Jusqu’à il y a peu, néanmoins, il y avait peu de revendications islamistes en France. Et encore maintenant, la majorité (silencieuse) des musulmans ne fait pas de réclamations. N’est-il pas crucial de différencier les musulmans de l’islamisme ?

Il y a évidemment une différence entre les musulmans et l’islam radical. L’islam radical, c’est comme ce que fait Daech. Mais bien que tous les musulmans n’adhérent pas à cela, ils ne manifestent pas contre et leur silence devient complice. Quand je juge l’islam, je le juge par rapport à ses racines, le Coran. Il y a maintenant une différence entre l’islam et les musulmans. Mais l’islam fondamentaliste, pour moi c’est l’islamisme. Quiconque est contre les valeurs modernes comme les droits des femmes, qui réclame ou tolère la polygamie et qui condamne le blasphème est pour moi fondamentaliste. Ceux concernés diront que le fondamentaliste, c’est celui qui tue des gens. Mais pour moi non. Le fondamentalisme n’a pas besoin de tels actes pour exister. Il peut exister simplement dans les esprits.

 

 

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