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16 mai 2017 2 16 /05 /mai /2017 16:20
Législatives: humilier Valls, la première erreur de Macron
Un président ne devrait pas faire ça
Jérôme Leroy
est écrivain.

Je n’ai, à vrai dire, jamais entretenu la moindre sympathie pour Manuel Valls. Ce mélange affirmé de républicanisme clémenciste outrancier et de libéralisme assumé, cette manière de tordre le bras de sa majorité à coup de 49.3 n’a pas franchement été ma tasse de thé. Il est pourtant difficile, dans le théâtre d’ombres plus ou moins inconstantes que furent les ministres de Hollande, de lui refuser au moins une qualité : celle d’être un homme d’Etat.

Valls a le mérite de la droiture

Il avait une vision, qui n’était pas la mienne, mais il avait une vision. Son tort, quand on voit aujourd’hui la célébration énamourée et hagiographique du nouveau président Macron, est sans doute d’avoir eu raison trop tôt. Il voulait, depuis au moins 10 ans, transformer le PS en Parti démocrate à l’américaine ou à l’italienne au point d’avoir pensé à haute voix le faire changer de nom en accomplissant un Bad Godesberg qui n’avait jamais eu lieu ou alors de manière implicite et hypocrite au point que des militants socialistes sincères sont encore aujourd’hui quelques uns à penser que le PS était un parti de rupture qui, selon les mots de Jospin, à défaut d’être contre « l’économie de marché » était contre « une société de marché ».

On a interprété son appel à voter Macron dès le premier tour comme une trahison. On peut aussi y voir une fidélité à ses idées qu’il estimait plus importantes que son destin personnel. Macron lui a tout volé, y compris l’espoir de succéder à Hollande, mais somme toute, sa vision avait gagné. Son erreur, paradoxalement, est d’avoir voulu respecter le cursus honorum de la politique française qui consiste à gravir les échelons un à un avant d’accéder, en général vers la soixantaine bien tassée, à la magistrature suprême

L’image d’un homme qui ne pardonne pas

Macron a été plus rapide, et finalement, infiniment plus brutal. On a dit que c’était Valls le traître alors qu’objectivement, c’est Macron. On a dit que c’était Valls qui avait tué le PS en théorisant les deux gauches irréconciliables, alors que c’était d’abord un constat et que c’est Macron qui a décidé que c’était son progressisme à lui qui était irréconciliable avec la gauche dans son ensemble et a laissé le monopole de la radicalité à Mélenchon qui continue à s’acharner sur le cadavre d’un PS qu’il n’a pas tué, contrairement à ses dires. Le PS est mort, de facto, dès que Macron s’est vu rejoint par un Collomb déjà libéral et un Richard Ferrand, ex-frondeur tombé sous le charme du séducteur, comme le premier éditorialiste médiatique qui aime la nouveauté parce qu’elle est nouvelle, peu importe son contenu

Le martyre de Valls s’est poursuivi ces derniers jours par l’humiliation. Ce n’est pas sans une certaine jouissance sadique, en effet, que l’état-major de Macron a traité son offre de candidature pour la nouvelle majorité présidentielle en multipliant les fourches caudines insultantes pour un ancien Premier ministre.

Cela révèle chez Macron un aspect un peu inquiétant tout de même qui n’apparaît guère dans les deux documentaires diffusés sur TF1 et France 3 glorifiant le génie « sympa » du grand homme dans une version actualisée des films de propagande les plus éhontés des dictatures d’antan

Cet aspect, c’est celui d’un homme qui ne pardonne pas. Surtout à ses doubles, surtout à ceux qui auraient pu être à sa place. Somme toute, Macron préfèrera toujours le très droitier Estrosi dont on a un peu vite oublié les discours qu’il tenait pour paraître plus à droite que Marion Maréchal-Le Pen lors du premier tour des régionales de 2015 avant de se transformer, une fois en tête à tête avec la candidate frontiste, en rempart de la démocratie et en fervent partisan du « front républicain ».

Ce traitement réservé à Valls est la première erreur de Macron. Il n’est pas très digne d’humilier celui qui aurait certes voulu être à votre place, mais qui a accepté de jouer le jeu, une fois sa propre défaite actée.

Il semblerait, à défaut de pratiquer la clémence d’Auguste, que Macron ait décidé de suivre le conseil donné par Marguerite de Valois dans ses Mémoires: « Comme la prudence conseillait de vivre avec ses amis comme devant être un jour ses ennemis, pour ne leur confier rien de trop, qu’aussi l’amitié venant à se rompre et pouvant nuire, elle ordonnait d’user de ses amis comme pouvant être un jour ses ennemis. » On signalera juste, au passage, que la « prudence » de Marguerite de Valois ne l’empêcha pas, après avoir joué un rôle de premier plan, de connaître un exil de 20 ans.

 

 

 

Published by Un Sage
16 mai 2017 2 16 /05 /mai /2017 16:17

Quand Edouard Philippe disait du mal d'un certain... Emmanuel Macron

Lundi, à l'issue d'un long suspense, le président a nommé le maire (LR) du Havre au poste de Premier ministre. Pourtant, Edouard Philippe n’a pas toujours été tendre avec lui.

"Un homme de droite" qui n’a pas toujours épargné Emmanuel Macron. Lundi après-midi, l’Elysée a annoncé le nom du Premier ministre choisi par le nouveau président. Il y a peu, Edouard Philippe, maire LR du Havre, n’hésitait pourtant pas à critiquer Emmanuel Macron, son projet et doutait même de sa capacité à rassembler.

Interrogé à de nombreuses reprises sur Emmanuel Macron, Edouard Philippe n’a jamais dissimulé le regard critique qu’il portait sur ce dernier. "Quand il s’exprime sur tout plein de choses, je me dis que c’est dommage qu’il n’ait pas été ministre de l’Economie parce qu’il aurait pu les faire. Ah pardon, il était ministre de l’Economie avant et il ne l’a pas fait", avait déclaré le nouveau locataire de Matignon sur le plateau des Echos en octobre dernier. "C’est la grande inconnue (…) : qu’est-ce qu’il ferait s’il était élu président de la République ? Et avec qui ?", avait-il encore indiqué sur Radio Classique en mars dernier.

Auteur de chroniques sur la campagne présidentielle, Edouard Philippe a également attaqué le candidat d’en Marche dans les colonnes de Libération. "Qui est Macron ? Pour certains, impressionnés par son pouvoir de séduction et sa rhétorique réformiste, il serait le fils naturel de Kennedy et de Mendès France. On peut en douter. Le premier avait plus de charisme, le second plus de principes.

Pour d'autres, il serait Brutus, fils adoptif de César. (…) Mais Brutus, homme d’action, dresse son bras vengeur tandis que Macron, banquier technocrate, est "en marche", a-t-il écrit le 18 janvier dans le quotidien.

Ses critiques vis-à-vis de celui qui l’a désigné à son nouveau poste remontent à plus loin encore. Un tweet du nouveau Premier ministre datant d’août 2014, lorsqu’Emmanuel Macron, "ancien banquier de chez Rothschild" venait d'être nommé à Bercy a été retrouvé, accompagné d’un mot-clé "FinanceEnnemie". Son avis a visiblement évolué en trois ans.janvier dans le quotidien.

 

Published by Un Sage
16 mai 2017 2 16 /05 /mai /2017 15:31
Le Premier ministre aime la boxe et la politique. Et mélange parfois les deux…
Auteur
Luc Rosenzweig
Journaliste.

La préparation de la nomination d’Edouard Philippe au poste de Premier ministre du président Macron est un petit chef d’œuvre d’habileté politique et de maîtrise de la communication. Dès les résultats du premier tour, alors que la victoire du patron d’En Marche! relevait de l’évidence, son nom était évoqué dans le microcosme comme candidat sérieux à Matignon. Qui mieux que lui est, en effet, capable d’empêcher que la droite des Républicains, reprise en main par les sarkozystes après la débâcle Fillon, n’impose d’emblée une cohabitation à Emmanuel Macron, en obtenant une majorité à l’Assemblée nationale ? Contrairement au PS, la droite dite républicaine est certes touchée, mais pas coulée, et peut espérer se refaire en comptant sur l’implantation locale de ses députés sortants, et sur le relatif échec de Marine Le Pen, démoralisant quelque peu l’électorat d’un Front national en proie à des turbulences internes.

Impatient de jouer les premiers rôles

Premier lieutenant d’Alain Juppé, anti-sarkozyste virulent, vierge de toute participation à un gouvernement des deux quinquennats précédents, le député-maire du Havre, 46 ans, n’est pourtant pas un total inconnu sur la scène médiatico-politique. Il s’est fait connaître du grand public comme porte-parole d’Alain Juppé tout au long d’une primaire de la droite qui s’annonçait comme une chevauchée victorieuse et s’est terminée par une défaite en rase campagne devant l’outsider François Fillon. Cet échec, loin de lui nuire, lui aura servi : en politique, comme dans le sport d’équipe, les entraîneurs et le public savent reconnaître ceux qui, dans l’équipe défaite, ont su révéler des qualités individuelles incontestables.

La conjonction des planètes joue, en plus, en faveur d’Edouard Philippe : il faut absolument qu’Emmanuel Macron garnisse sa droite pour que son positionnement politique affiché « et de gauche et de droite » se traduise par le ralliement, non pas d’individus tentés par la gamelle gouvernementale, mais par un groupe constitué de dissidents du camp adverse. Alain Juppé étant hors jeu, autant en raison de son casier judiciaire que de son image d’homme du passé, il ne restait pas grand monde pour cocher la bonne case. Neuf mais expérimenté, énarque mais élu de terrain, Edouard Philippe piaffait aussi d’impatience pour jouer les premiers rôles, prêt à saisir toute occasion passant à sa portée. Bruno Lemaire avait montré ses limites lors de la primaire de la droite, et son empressement à faire des offres de services à Emmanuel Macron cache mal son angoisse de perdre son siège de député, sérieusement menacé par le FN et les mélenchonistes. Nathalie Kocziusko-Morizet coche la très convoitée case « femme », mais traîne le boulet d’une image bobo-parisienne dans une conjoncture où il faut montrer que l’on se préoccupe de la France des oubliés, celle qui vote pour les extrêmes de droite comme de gauche.

Fidèle lieutenant d’Alain Juppé

Eh bien justement, Edouard Philippe est l’élu d’un territoire longtemps dominé par les communistes : la ville portuaire du Havre. Où plongent ses racines familiales et son histoire personnelle de pur produit de l’élitisme républicain : petit-fils de docker, fils d’enseignants de français, mère catholique, père libre-penseur. Il n’a pas fréquenté les bons pères jésuites, comme le nouveau président, mais les bancs de l’école publique, de la maternelle à l’ENA, et pas seulement dans les beaux quartiers d’une grande ville. Cela forge le caractère, parce que le bon élève, le chouchou de la maîtresse ne peut survivre dans ces milieux sans trop de dommages s’il ne sait pas, aussi, jouer des poings à la récré… Il cultivera, plus tard ces aptitudes en pratiquant la boxe plutôt que le jogging pour se maintenir en forme.

Il suit ses parents à Bonn, en Allemagne, pour y terminer ses études secondaires lorsque son père est nommé proviseur du lycée français de l’ex-capitale de la RFA. Outre l’expérience de l’expatriation (toujours enrichissante) il y est confronté à la diversité culturelle et sociale de ce petit monde de la francophonie en terre germanique. Un lycée où se rencontrent les rejetons de hauts diplomates et les enfants des modestes employés d’ambassades de nations africaines payés au lance pierre et toujours en retard de versement des frais d’écolage. Ces derniers finiront par être expulsés de ce lycée lorsque l’ambassade de France cessera de faire les « fins de mois » de ces missions diplomatiques d’Etats faillis, à la grande désolation du père d’Edouard Philippe.

Bien qu’élevé dans l’amour et le respect de la littérature, de la culture classique et des humanités, Edouard Philippe, esprit méthodique et ordonné se passionne, à Sciences Po, pour le droit et la science politique, militant brièvement au PS (tendance Rocard) par tradition familiale, avant de se tourner vers deux hommes qu’il admire : Antoine Rufenacht, gaulliste chiraquien qui a ravi en 1995 la mairie du Havre au PCF, et plus tard, Alain Juppé, qui sut tout de suite reconnaître dans le jeune homme frais émoulu de l’ENA un talent politique inné, et une affinité plus profonde, celle de deux hommes bien conscients qu’il doivent davantage leur succès à leurs qualités propres qu’à de bonnes fées penchées sur leur berceau.

Humilié par Sarkozy, il le saisit par le revers de sa veste

Ils sont parvenus au sommet de « la caste », certes, mais sans jamais partager ni les codes, ni les modes de vie des élites mondaines, de droite comme de gauche. Avec, comme envers de cette médaille, une rigidité d’esprit et de comportement, une incapacité à faire rayonner autour de leur personne cette chaleur humaine, même feinte, qui plait à l’électeur. Leur popularité, ils la gagnent. Le premier à Bordeaux, le second au Havre. Non pas en allant serrer les paluches sur les marchés, mais en se montrant efficaces dans la promotion de territoires jusque là endormis. Des villes concurrencées par des voisines plus dynamiques, Toulouse ou Rouen…

La carrière d’Edouard Philippe suivra alors les hauts et les bas de celle d’Alain Juppé : en 2002, lors de la création de l’UMP, il est nommé directeur général du parti. Un poste clé mais exposé : les luttes d’appareil entre les gros poissons du parti sont sanglantes. Et le secrétaire général est un punching ball idéal pour ceux qui, comme Nicolas Sarkozy veulent s’emparer de la machine pour la mettre à leur service exclusif. Jusqu’au jour où Edouard Philippe, publiquement humilié par Sarko, le saisit par le revers de sa veste, le poing dressé, pour l’enjoindre de ravaler ses insultes. La suite de leurs rapports restera marquée par cet incident. « Il sait qui je suis, et je sais qui il est. Nos relations sont franches et directes ! », constate-t-il aujourd’hui.

Le bon « bad cop » du président

La chute de Juppé, en 2004, le pousse à aller voir ailleurs. Dans le privé, comme avocat dans la filiale française d’un gros cabinet d’affaire américain, puis comme directeur des affaires publiques d’Areva (ce qui peut indiquer que le premier ministre n’est pas un contempteur de l’énergie nucléaire), lorsqu’Alain Juppé est contraint de quitter son ministère de l’environnement pour cause de défaite aux élections législatives. Mais ces excursions dans le monde des affaires ne sont pour lui que des stages d’observation qui pourront lui être utile plus tard. Sa passion, c’est la politique, la « poloche » comme il en blague avec son alter ego Gilles Boyer, l’autre fils spirituel d’Alain Juppé. La « poloche », certes, avec ses règles, mais adaptées à ses valeurs et a sa personnalité.

Edouard Philippe, maire du Havre depuis 2010, n’a par exemple jamais élu domicile dans cette ville. Du lundi au jeudi, il vit à Paris, avec son épouse Edith Chabre et ses trois adolescents (élevés sans télévision !), et du jeudi au dimanche au Havre où demeure toujours sa mère. Son épouse, rencontrée à Science Po est une brillante juriste – elle a longtemps dirigé l’Ecole de droit de Sciences Po – avant de changer d’orientation et de passer dans le privé comme directrice administrative de l’école Camondo, institution mondialement réputée de formation d’arts décoratifs, design et architecture intérieure, d’où sont issus des vedettes comme Philippe Starck et Jean Michel Wilmotte.

Edouard Philippe se bat pour maintenir à flot les institutions culturelles de sa ville (Le Volcan et le Musée d’art moderne notamment), mais n’assiste jamais à un spectacle ou une manifestation artistique : « Si je vais à l’un d’entre eux, il faut que j’assiste à tous les autres, sinon cela ferait des jaloux ! » se justifie-t-il. Il fait montre d’une familiarité et d’une indulgence coupable avec « ses » dockers et leur très influent syndicat de la CGT, qui ont réussi a obtenir la priorité d’embauche pour les membres de leur famille, et vont, tambours en tête et manches de pioche en main, manifester contre la loi El Khomry. « Si je voulais, je pourrais être docker : mon grand père l’était, je suis dans les clous ! », plaisante-t-il à moitié. A la différence d’Emmanuel Macron, on ne sent pas chez Edouard Philippe l’ardent désir d’être aimé. Il veut être respecté, et ne craint pas l’impopularité. Si nécessaire, il n’hésitera pas à cogner. Un « bad cop » de rêve pour le nouveau président.

 

 

 

 

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15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 11:01
Brigitte Macron à l'Élysée
Sa tenue fait sensation
Brigitte Macron est arrivée à l'Élysée dix minutes avant son époux, accueillie par le chef du protocole. Son ensemble Vuitton bleu a été très remarqué et comparé à celui de Melania Trump ou de Jackie Kennedy.

Pour des questions de protocole, Brigitte Macron n'a pas pu entrer à l'Élysée en même temps que son mari Emmanuel Macron lors de la passation de pouvoir. En cause, François Hollande qui n'était lui pas accompagné de Julie Gayet. Comme le commente L'Express, Brigitte Macron est donc arrivée dix minutes avant lui, à 9h50, accueillie par le chef du protocole du Château.

Pour l'occasion, l'ancienne professeur de Français, dont le style vestimentaire est très commenté, était vêtue d'une robe bleu clair de Louis Vuitton. Une création signée du styliste star de la maison, Nicolas Ghesquière, un ami de Brigitte Macron. Elle avait choisi de compléter sa tenue d'une veste à double boutonnage et d’un sac de la même marque, qui lui ont été prêtés comme prend soin de le préciser la porte-parole d'"En Marche !" Laurence Haïm.

Une tenue qui a été vivement commentée sur les réseaux sociaux, comparée tantôt à celle de Melania Trump lors de l’investiture de Donald Trump le 20 janvier dernier, tantôt à celle de Jackie Kennedy.

Conseillée par Delphine Arnault, la fille du fondateur de LVMH

Après avoir foulé le tapis rouge, Brigitte Macron s'est rapidement engouffrée dans le palais de l'Élysée à l'abri des regards, après une brève pause pour les photographes. Elle a fait une nouvelle apparition dans le vestibule d'honneur à l'issue de l'entretien entre François Hollande et Emmanuel Macron mais est restée en retrait lorsque son époux a raccompagné François Hollande jusqu'à sa voiture. Immédiatement après le départ de l'ex-chef d'Etat, Emmanuel Macron a rejoint Brigitte Macron et l'a guidée jusque sur le perron de l'Elysée, pour le plus grand bonheur des photographes et de la foule, qui a vivement applaudi le couple.

La Première Dame est conseillée par Delphine Arnault, la fille du fondateur de LVMH, Bernard Arnault, qui est également la directrice générale adjointe de Louis Vuitton.

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15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 10:01

RÈGLEMENT DE COMPTES 

Alors que tous les regards étaient tournés vers l'Elysée et la passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron, Manuel Valls s'est confié au JDD dimanche. L'ancien Premier ministre n'a pas mâché ses mots sur le chef de l'Etat sortant et son successeur

Il en a gros sur le cœur, Manuel Valls. Après sa défaite retentissante à la primaire de la gauche, son ralliement à Emmanuel Macron , qualifié de "trahison , durant la campagne présidentielle, l'ancien Premier ministre sort d'une nouvelle séquence douloureuse cette semaine. Lui qui espérait briguer un poste de député sous la bannière d'En Marche a vu sa candidature retoquée , bien que le parti présidentiel a annoncé qu'aucun candidat REM ne serait investi face à lui.

L'homme demeure blessé mais combatif, à en croire Anna Cabana, ce dimanche dans le JDD. La journaliste raconte son entrevue avec l'ancien Premier ministre où ce dernier affirme : "De manière immodeste, je pense qu'on a besoin de moi. On a besoin de moi au Parlement", justifie l'élu d'Evry, qui n'y va pas avec le dos de la cuiller pour qualifier François Hollande, Emmanuel Macron et son entourage.

Je suis extrêmement lucide sur Macron et sur son équipe. Hollande est méchant, mais dans un cadre. Macron, lui, est méchant, mais il n'a pas de codes donc pas de limites", lance ainsi l'ex-locataire de Matignon. Et d'ajouter plus loin, au sujet de la décisision de la République en marche de ne pas lui opposer de candidat lors des législatives : "il n'y a rien de magnanime dans cette histoire". "On joue jusqu'au bout, on l'humilie, on l'isole, le tout pour finir par une solution de compromis", affirme-t-il à propos de lui-même." Mais ils l'ont fait de manière tellement appuyée que ça s'est retourné contre Macron. C'est devenu le cas Valls", dit encore l'ancien chef de gouvernement.

S'il reconnaît avoir "réfléchi à arrêter" après sa défaite à la primaire socialiste fin janvier, Manuel Valls affirme tout de même avoir envie de repartir au combat : "Au moment où survient la recomposition que j'ai toujours souhaitée, je vais être spectateur? Non ! Je veux être dans cette séquence", glisse-t-il. Quant à d'éventuels regrets de ses trois ans passés à Matignon, l'ancien Premier ministre en reconnaît au moins un : que François Hollande lui ait imposé le 49-3 pour faire passer la très discutée "Loi Travail". "A l'instant où on fait le constat que le compte risque de ne pas y être, il ne dit pas le contraire", admet-il, un brin amer.

 

 

 

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14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 20:14

De la crise de confiance à la crise des naissances

Jacques Bichot
Economiste.

Différents indicateurs servent à mesurer les performances réalisées par un pays durant une présidence. L’évolution du PIB, le nombre des personnes ayant un travail et celui des chômeurs, l’investissement, la balance des échanges extérieurs, le revenu moyen, le taux de pauvreté, sont souvent pris en considération. En revanche, les performances – si j’ose dire – démographiques sont moins utilisées pour faire le bilan d’un quinquennat. Pourtant, la célèbre phrase attribuée à Jean Bodin reste parfaitement juste : « Il n’est richesse que d’hommes ». Voyons donc quel a été sous ce rapport le résultat du quinquennat Hollande.

La chute des naissances

Les données à l’échelle de la France entière étant fournies par l’Insee avec un délai important, nous devons nous limiter aux naissances en France métropolitaine, connues pour chaque mois à la fin du mois suivant. Nous comparerons ici les naissances du premier trimestre 2012 à celles du premier trimestre 2017. Les années bissextiles (2012 et 2016) comportant un jour de plus que les autres, il faut pour mesurer convenablement les évolutions diminuer légèrement le nombre de naissances survenues durant les années oAu premier trimestre 2012, correction faite du facteur « année bissextile », il y eut 189 500 naissances vivantes. Au premier trimestre 2017, ce nombre est descendu à 174 100. La différence (15 400 bébés de moins) signifie une chute de 8,1 %.

Cette diminution s’est réalisée principalement à partir de 2015, c’est-à-dire, s’agissant des naissances du premier trimestre, pour des conceptions en 2014. Le premier trimestre 2014 a vu naître, à quelques dizaines près, 192 000 bébés, soit autant qu’au premier trimestre 2012, et 2 500 de plus en tenant compte de la correction pour année bissextile. Le début du quinquennat, à peu près jusqu’à l’été 2013, a donc été jugé par les jeunes ménages assez propices à « mettre en route » une progéniture : il n’y a pas eu de méfiance a priori à l’encontre du régime mis en place en mai 2012.

Le premier trimestre 2014 a même été sensiblement meilleur que les premiers trimestres 2012 et 2013 : cela montre qu’au second trimestre 2013, les Français étaient bien disposés en matière de procréation. C’est à l’été 2013 que le tournant se situe ; le « moral nataliste », si l’on peut dire, va dès lors décroître assez régulièrement. On peut légitimement penser que ce sont certains aspects des politiques suivies après les élections qui portent la principale responsabilité de cette évolution

u les trimestres comportant un mois de février de 29 jours.

Pourquoi ce déclin?

La crise de confiance s’est produite à partir de l’automne 2013 : il semblerait que la population concernée ait alors estimé que les conditions d’accueil d’un enfant se dégradaient. Le chômage y est sans doute pour quelque chose : son taux au sens du BIT est passé de 9,1 % au premier trimestre 2012 à 10 % au second trimestre 2013, puis a oscillé autour de ce chiffre. Or la diminution du nombre des naissances, amorcée au troisième trimestre 2014 (conceptions au dernier trimestre 2013) est devenue vraiment sensible au quatrième trimestre 2014, c’est-à-dire pour des conceptions au premier trimestre 2014 : au moment où il devenait clair pour les Français que la situation de l’emploi était durablement plombée en dépit des rodomontades de leurs dirigeants.

Les chiffres de Pôle Emploi vont dans le même sens : jusqu’à l’été 2012, le chômage de catégorie A se situe un peu en dessous de 3 millions, et le chômage toutes catégories en dessous de 5 millions. Le premier reste supérieur à 3,3 millions sur tout le premier semestre 2016 (naissances du dernier trimestre 2016 et du premier trimestre 2017), avec des pointes à plus de 3,7 millions. Le second, sur la même période, n’a jamais été inférieur à 6 millions.

Le deuxième facteur explicatif se situe au niveau de la politique familiale. Le plafond du quotient familial a été abaissé à deux reprises, de 2 336 € à 2 000 € en 2012, puis à 1 500 € en 2013. Cette même année, ont commencé à être agitées les perspectives de suppression des allocations familiales pour les ménages aisés, ou de modulation en fonction du revenu : quand l’entrée en vigueur de cette modulation est intervenue, en 2015, le bruit fait autour des projets leur a probablement donné un impact plus important auprès des couples aisés susceptibles d’engendrer.

Le gouvernement en cause

Notons enfin une mesure votée en 2014 et entrée en vigueur au 1er janvier 2015 : la durée de versement du complément de libre choix d’activité pour les enfants de rang 2 et plus (renommé « prestation partagée d’éducation de l’enfant ») a été réduite de facto, sinon de jure, en réservant 6 mois au père, qui le plus souvent n’en profite pas. Là encore, le timing de l’agitation autour des projets de mesures correspond, avec les 9 mois de décalage qui séparent la conception de la naissance, à celui de la baisse de la natalité.

 

D’autres facteurs liés à la mauvaise gestion des affaires publiques ont pu jouer un rôle : la croissance du sentiment d’insécurité lié au terrorisme, à la délinquance et, dans certains lieux, à l’immigration mal contrôlée ; la dégradation de l’instruction publique, vivement ressentie (cf. le sondage BVA de janvier 2017 pour l’Apel et La Croix), et accélérée par la mise en place calamiteuse d’une réforme des rythmes scolaires destinée à multiplier les activités périscolaires ; l’exposition croissante des adolescents , et même des enfants,à la drogue et à la pornographie ; etc.

Tout cela montre une responsabilité importante de la présidence, du gouvernement et du législateur dans le recul de la fécondité française. Un des atouts parmi les plus importants de ceux dont dispose notre pays est en voie d’être gâché. Il serait grand temps de redresser la barre.

 

 

 

 

 

 

 

Published by Un Sage
14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 20:00

TOUQUET STYLE  

Badauds et touristes défilent depuis plusieurs jours devant la villa du couple Macron au Touquet-Paris-Plage, et immortalisent ce moment avec des photos et selfies.

Depuis le second tour de l’élection présidentielle dimanche dernier, la villa d’Emmanuel et de Brigitte Macron est devenue une attraction touristique au Touquet, dans le Pas-de-Calais. CuLes rondes de policiers se sont multipliées en conséquence, mais pour les habitants, pas d'inquiétude. Pour eux, leur quotidien ne devrait pas changer après l'élection d'Emmanuel Macron. "Il y aura un service d'ordre plus étoffé, mais je pense que ça sera quand même vivable", explique ce Touquettois.

Curieux et touristes s’arrêtent devant la maison du président élu et de sa femme, et immortalisent ce moment avec des photos

 

 

Published by Un Sage
14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 10:30

JE N'SUIS PAS BIEN PORTANT 

Ouvrard-comique troupier
Depuis que je suis sur la terre [militaire],
C´n´est pas rigolo. Entre nous,
Je suis d´une santé précaire,
Et je m´fais un mauvais sang fou,
J´ai beau vouloir me remonter
Je souffre de tous les côtés.
J´ai la rate
Qui s´dilate
J´ai le foie
Qu´est pas droit
J´ai le ventre
Qui se rentre
J´ai l´pylore
Qui s´colore
J´ai l´gésier [gosier]
Anémié
L´estomac
Bien trop bas
Et les côtes
Bien trop hautes
J´ai les hanches
Qui s´démanchent
L´épigastre
Qui s´encastre
L´abdomen
Qui s´démène
J´ai l´thorax
Qui s´désaxe
La poitrine
Qui s´débine
Les épaules
Qui se frôlent
J´ai les reins
Bien trop fins
Les boyaux
Bien trop gros
J´ai l´sternum
Qui s´dégomme
Et l´sacrum
C´est tout comme
J´ai l´nombril
Tout en vrille
Et l´coccyx
Qui s´dévisse
Ah! bon Dieu! qu´c´est embêtant
D´être toujours patraque,
Ah! bon Dieu! qu´c´est embêtant
Je n´suis pas bien portant.
Pour tâcher d´guérir au plus vite,
Un matin tout dernièrement
Je suis allé à la visite [rendre visite]
Voir le major du régiment.
[A un méd´cin très épatant.]
D´où souffrez-vous? qu´il m´a demandé.
C´est bien simpl´ que j´y ai répliqué.
J´ai la rate
Qui s´dilate
J´ai le foie
Qu´est pas droit
Et puis j´ai
Ajouté
Voyez-vous
C´n´est pas tout
J´ai les g´noux
Qui sont mous
J´ai l´fémur
Qu´est trop dur
J´ai les cuisses
Qui s´raidissent
Les guiboles
Qui flageolent
J´ai les ch´villes
Qui s´tortillent
Les rotules
Qui ondulent
Les tibias
Raplapla
Les mollets
Trop épais
Les orteils
Pas pareils
J´ai le cœur
En largeur
Les poumons
Tout en long
L´occiput
Qui chahute
J´ai les coudes
Qui s´dessoudent
J´ai les seins
Sous l´bassin
Et l´bassin
Qu´est pas sain
(Refrain)
Avec un´ charmant´ demoiselle
Je devais m´marier par amour.
Mais un soir comm´ j´étais près d´elle,
En train de lui faire la cour,
Me voyant troublé, ell´ me dit :
- Qu´avez vous? moi j´lui répondis :
J´ai la rate
Qui s´dilate
J´ai le foie
Qu´est pas droit
J´ai le ventre
Qui se rentre
J´ai l´pylore
Qui s´colore
J´ai l´gésier [gosier]
Anémié
L´estomac
Bien trop bas
Et les côtes
Bien trop hautes
J´ai les hanches
Qui s´démanchent
L´épigastre
Qui s´encastre
L´abdomen
Qui s´démène
J´ai l´thorax
Qui s´désaxe
La poitrine
Qui s´débine
Les épaules
Qui se frôlent
J´ai les reins
Bien trop fins
Les boyaux
Bien trop gros
J´ai l´sternum
Qui s´dégomme
Et l´sacrum
C´est tout comme
J´ai l´nombril
Tout en vrille
Et l´coccyx
Qui s´dévisse
Et puis j´ai
Ajouté
Voyez-vous
C´n´est pas tout
J´ai les g´noux
Qui sont mous
J´ai l´fémur
Qu´est trop dur
J´ai les cuisses
Qui s´raidissent
Les guiboles
Qui flageolent
J´ai les ch´villes
Qui s´tortillent
Les rotules
Qui ondulent
Les tibias
Raplapla
Les mollets
Trop épais
Les orteils
Pas pareils
J´ai le cœur
En largeur
Les poumons
Tout en long
L´occiput
Qui chahute
J´ai les coudes
Qui s´dessoudent
J´ai les seins
Sous l´bassin
Et l´bassin
Qu´est pas sain
En plus d´ça
J´vous l´cach´ pas
J´ai aussi
Quel souci!
La luette
Trop fluette
L´oesophage
Qui surnage
Les gencives
Qui dérivent
J´ai l´palais
Qu´est pas laid
Mais les dents
C´est navrant
J´ai les p´tites
Qui s´irritent
Et les grosses
Qui s´déchaussent
Les canines
S´ratatinent
Les molaires
S´font la paire
Dans les yeux
C´est pas mieux
J´ai le droit
Qu´est pas droit
Et le gauche
Qu´est bien moche
J´ai les cils
Qui s´défilent
Les sourcils
Qui s´épilent
J´ai l´menton
Qu´est trop long
Les artères
Trop pépères
J´ai le nez
Tout bouché
L´trou du cou
Qui s´découd
Et du coup
Voyez-vous
J´suis gêné
Pour parler
C´est vexant
Car maint´nant
J´suis forcé
D´m´arrêter.
(Refrain)

 

 

 

 

Published by Un Sage
14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 10:12
Les critiques contre Brigitte Macron démontrent l’ancrage de nos clichés sexistes
La femme du président élu a vingt-quatre ans de plus que lui. Une différence d’âge qui lui vaut éloges ou railleries, certains l’ayant même soupçonnée d’être la « couverture » d’une autre relation.

Brigitte Macron, la femme du président élu, est son aînée de vingt-quatre ans. Difficile de passer à côté de cette information, largement mise en avant dans la mise en scène du couple. Dans La Stratégie du météore, documentaire sur Emmanuel Macron diffusé le 21 novembre 2016 par France 3 et critiqué pour sa présentation hagiographique du candidat, l’histoire si « romanesque » de leur rencontre était racontée en détail.
La femme d’Emmanuel Macron y relatait leur complicité intellectuelle autour d’une pièce de théâtre qu’ils ont adaptée ensemble. Leur histoire était racontée du début jusqu’à leur mariage, dont le couple a fourni la vidéo. Emmanuel et Brigitte Macron ont également travaillé sur leur image de couple en se prêtant à des séances photo pour la presse people. Pour cela, ils ont été conseillés par Mimi Marchand, patronne de l’agence de photo Bestimage et spécialiste de la paparazzade organisée, comme le révélait Vanity Fair en mars.
Que Brigitte Macron, son âge et son histoire d’amour soient au cœur de notre espace public n’est donc pas une surprise. Ce qui est plus étonnant, c’est la manière dont nous parlons de ce couple jugé « atypique ». Des commentaires, des remarques et des soupçons bien plus révélateurs qu’un storytelling présidentiel somme toute classique, si ce n’est qu’il est adossé à une histoire hors du commun, celle d’un élève qui a épousé sa professeure.
« Cougar » ou la diabolisation de la sexualité féminine
Rebaptisée « femme cougar » par Jean-Marie Le Pen, raillée par un élu LR sur Twitter, Brigitte Macron est victime d’une misogynie ordinaire, tellement banale que son mari lui-même n’a aucun mal à faire le tour du problème : « Si les rapports d’âge étaient inversés, ça ne choquerait personne, les gens trouveraient ça super », résumait Emmanuel Macron à Femme actuelle en avril. Nombre de commentateurs ont également fait le rapprochement avec Donald et Melania Trump, qui ont la même différence d’âge que Brigitte et Emmanuel Macron. Mais dans l’autre sens.
Dernière raillerie en date, la « une » de Charlie Hebdo du 10 mai, qui montre une Brigitte Macron enceinte. Sous-titre : « Il va faire des miracles ». De nombreux internautes critiquent le dessin pour son ressort comique discutable : l’âge de la femme du président élu, le vieillissement de son corps et son horloge biologique.
Mais la « une » de Charlie Hebdo est intéressante, car elle résume à elle seule tout l’impensé sexiste derrière les sarcasmes sur Brigitte Macron : s’il est factuellement exact qu’une femme de 63 ans ne peut plus enfanter, la fin de la fertilité est d’abord un signe du passage du temps, qui s’imprime sur le corps des femmes mais pas sur celui des hommes. Eux peuvent procréer en théorie jusqu’à leur mort. Ils hériteront à la limite de tempes blanches et de quelques rides bien souvent jugées séduisantes, alors que les rides féminines, elles, sont le signe d’une disparition de la jeunesse, donc du désir. Car derrière l’idée qu’une femme qui vieillit ne peut plus enfanter, il y a aussi le fait que plus une femme est jeune, plus elle est jugée désirable. De nombreuses femmes dénoncent d’ailleurs l’effacement social de la « femme de 50 ans », qui, cessant d’être fertile et d’être l’objet de la convoitise des hommes, devient alors « transparente ».
Moins mise en scène comme objet de désir, son désir à elle devient alors source de méfiance. En témoigne l’expression « femme cougar ». Interrogée sur cette formule sur France Culture en 2010, la philosophe Michela Marzano relevait la « diabolisation » à l’œuvre dans cette métaphore animalière. Le cougar est une sous-espèce de puma venant d’Amérique. Comparer une femme plus âgée préférant un homme plus jeune à un félin n’est pas anodin : c’est rapporter son désir et sa sexualité à une prédation dangereuse.
Misogynie et homophobie
Bien entendu, à travers les critiques contre Brigitte Macron, c’est aussi son mari que l’on vise. Une femme ne peut être de vingt-quatre ans l’aînée de son mari ; c’est forcément une « couverture ». La rumeur a un temps couru qu’il entretenait une relation cachée avec Matthieu Gallet, le directeur de Radio France. Emmanuel Macron a voulu balayer ces racontars sur le ton de la plaisanterie, lorsqu’il a déclaré, le 6 février : « Si on vous dit que j’ai une double vie avec Matthieu Gallet ou qui que ce soit d’autre, c’est mon hologramme qui m’a échappé, mais ça ne peut pas être moi. »
Dans une interview accordée au journal Têtu, Emmanuel Macron résumait cette double peine de la misogynie et de l’homophobie : « Il y a deux choses qui sont odieuses derrière ce sous-entendu. La première, c’est de dire “ce n’est pas possible que cet homme qui vit avec une femme [plus âgée] soit autre chose qu’un homosexuel ou un gigolo caché”. Donc il y a de la vraie misogynie implicite. (…) Et c’est de l’homophobie, parce que c’est dire “d’accord, en fait c’est un homo”. Mais je serais homo, je vous l’aurais dit, parce que ce n’est pas un problème d’être homo aujourd’hui. » Derrière la charge homophobe se cache encore un autre impensé, l’idée que la masculinité se joue dans la filiation, et qu’un homme qui n’a pas d’enfants biologiques n’en est pas vraiment un.
Mais le couple véhicule aussi, notamment à l’étranger, une image tout autre, celle de la modernité, de la famille recomposée qui s’assume. Le New Yorker titre : « Emmanuel Macron et la famille moderne ».

 

Published by Un Sage
14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 10:09

 

Antienne, galimatias, in petto... Emmanuel Macron n'hésite pas à utiliser des mots surannés dans ses interviews et ses débats. 

Le débat de l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, vu par le dessinateur Philippe Morelle, le 3 mai 2017. (PHILIPPE MORELLE / FACEBOOK)

Marine Le Pen lui reproche de ne pas défendre la langue française. Pourtant, le candidat d’En Marche parsème régulièrement ses propos de mots ou d’expressions de français peu utilisés, désuets ou carrément tombés aux oubliettes. Petit tour d’horizon de ce vocabulaire soutenu, un brin suranné, qui donne envie de se replonger dans un dictionnaire…

Dans les discours des politiques, on a tellement l’habitude d’entendre et de réentendre les mêmes « éléments de langage » (ces mots imposés par les experts en communication) que, quand l’un d’eux utilise des expressions peu usitées de la langue française, ces mots sonnent curieusement à notre oreille. L’expression « pudeur de gazelle » déclamée par Jean-Luc Mélenchon n’était ainsi pas passée inaperçue lors du débat télévisé entre les onze candidats du premier tour de l’élection présidentielle. Et avait fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux.

Mercredi, lors du débat de l’entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, de jolis mots parfois désuets ou complètement inusités ont fleuri dans les propos du candidat d’En Marche ! Qui n’hésite pas régulièrement depuis le début de la campagne à prononcer des mots parfois inconnus des Français. Est-ce intentionnel ? Est-ce spontané ? Il s’avère que c’est souvent lors de débats ou d’interviews que ce langage apparaît chez Emmanuel Macron. En revanche, ses discours de meeting ont été critiqués pour la faiblesse du style.

Le lexique d’un autre temps qu'utilise Emmanuel Macron peut sembler curieux dans la bouche d’un homme de 39 ans. Mais on le comprend mieux quand on sait que ce passionné de littérature était un élève brillant au collège-lycée de La Providence à Amiens, qu’il a remporté le concours général de français à l’âge de 16 ans, avant d’être admis en hypokhâgne et khâgne (classes prépa de lettres) au lycée Henri-IV, de prendre des cours de théâtre au cours Florent… avant de poursuivre ses études à Sciences Po Paris puis à l’Ena.

Voici un petit tour d’horizon de ces mots étranges et fantaisistes, issus de la langue française. L’occasion de se souvenir de (ou d’apprendre) leur signification…

Antienne

Mercredi, lors du débat face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron a coupé la parole à Marine Le Pen, qui énumérait ironiquement toutes les organisations, comme « le Medef, la CGT, l’OIF… » qui se sont ralliées au mouvement En Marche !
« Je ne ris pas avec l’état de notre pays, Madame… Continuez votre antienne Madame Le Pen, vous n’avez que cela à la bouche. Vous n’avez pas de projet pour le pays. »
Une antienne est un refrain repris en chœur entre chaque verset d’un psaume. Au sens figuré, elle représente une rengaine, un refrain lancinant et répétitif.

Galimatias

Lors du débat, les journalistes ont demandé aux candidats de se positionner diplomatiquement par rapport à Donald Trump et Vladimir Poutine. Marine Le Pen ne répond pas clairement et parle de « la grande spécialité des socialistes à donner des leçons de morale à la terre entière ».
« Là, vous répondez sur Monsieur Trump et Monsieur Poutine ? C’est vraiment un galimatias », lui rétorque Emmanuel Macron.
Un galimatias désigne un discours confus, inintelligible.

In petto

Ce vendredi matin, sur Europe 1, face au journaliste Fabien Namias qui lui demandait s’il avait déjà choisi son Premier ministre, Emmanuel Macron a répondu seulement trois mots : «  Oui. In petto », sans vouloir préciser le nom du futur chef du gouvernement.
In petto est une expression issue de l’italien qui signifie « dans mon for intérieur, en secret ».

Impréparation crasse

C’est par ces termes qu’Emmanuel Macron a fustigé le programme de Marine Le Pen concernant la sortie de la France de la zone euro lors du débat de mercredi.
Le terme crasse ne doit pas être compris ici au sens propre de « saleté », mais bien au sens figuré, qui désigne quelque chose de « grossier, lourd ».

Larcin

Lors du débat de mercredi, au sujet des propositions des candidats en matière de politique pénale, Emmanuel Macron a déclaré : « Je veux la tolérance zéro avec la délinquance du quotidien. Nos concitoyens voient des larcins qui ne sont pas condamnés comme il se doit. »
Certes, le mot larcin qui désigne un petit vol commis sans violence est utilisé de temps en temps à l’oral, mais plutôt dans le langage soutenu. Il est surtout issu de la littérature.

Liste à la Prévert

Quand Marine Le Pen a évoqué ses propositions économiques et sociales, le candidat a rétorqué : « Là, vous faites une liste à la Prévert, vous ne la financez pas.»
L’expression exacte est un « inventaire à la Prévert », qui désigne une liste sans queue ni tête, dans laquelle se succèdent des mots sans lien apparent. Elle trouve son origine dans un poème de Jacques Prévert intitulé Inventaire, texte qui a été publié dans le recueil Paroles (1946).

Logorrhée

Toujours face à Marine Le Pen mercredi qui l’accusait d’être « l’enfant chéri du système », le candidat d’En Marche ! lui a répondu : « Depuis 40 ans, des Le Pen sont candidats à la présidentielle. Mais tout cela ne m’intéresse pas. Vous allez continuer votre logorrhée, comme vous le faites à longueur d’interventions. »
Logorrhée est un terme littéraire pour désigner un flot de paroles inutiles.

Pique-bœuf

Emmanuel Macron a utilisé ce terme utilisé par les biologistes lors d’un entretien paru ce vendredi dans La Provence : « C’est ma grande différence avec Mme Le Pen. Elle est avec le système comme le pique-bœuf sur l’hippopotame : elle mange sur son dos, prospère de son efficacité. Le jour où se met en place une organisation politique efficace, elle s’éteint. »
Pique-bœuf désigne les oiseaux comme le héron Pique-bœuf ou l’aigrette Pique-bœuf. Ces échassiers tiennent leur nom du fait qu’on les voit souvent picorer et déparasiter le dos des mammifères pour se nourrir des insectes qui s’y cachent.

Poudre de Perlimpinpin

Agacé lors du débat au sujet des solutions proposées par la candidate Front National pour lutter contre le terrorisme, Emmanuel Macron a lancé : « La fermeture des frontières, ça ne sert à rien. Il y a des pays, nombreux malheureusement, qui ne sont pas dans Schengen et qui ont été frappés par le terrorisme. Depuis novembre 2015, nous avons rétabli des contrôles aux frontières pour lutter contre les terroristes. Ce que vous proposez, comme d’habitude, c’est de la poudre de Perlimpinpin. »
La poudre de Perlimpinpin est selon le dictionnaire Larousse « une poudre que les charlatans vendaient en la donnant pour une panacée », c’est-à-dire un médicament complètement inefficace, pourtant vanté comme étant la solution magique.

Saut de cabri

Quand Marine Le Pen a attaqué Emmanuel Macron sur son programme contre le terrorisme, ce dernier a répondu : « Je ne tombe pas comme vous dans le piège des sauts de cabri […] J’ai un projet sérieux qui n’est pas du saut de cabri. Madame Le Pen lutte contre le terrorisme sur les plateaux télé, quand le contribuable la paye pour aller au Parlement européen, elle n’y va pas pour voter les réformes contre le terrorisme. »
L’expression « saut de cabri » caractérise le fait de sauter vivement d’un sujet à l’autre, sans approfondir. Par ces mots, Emmanuel Macron fait aussi référence à l’expression du général de Gaulle en 1965 : « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’Europe ! l’Europe ! l’Europe !… »

 

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