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2 juin 2017 5 02 /06 /juin /2017 16:46
Un ministre victime de sa propre envie de pénal
Auteur

Le ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand s'embourbe dans une affaire de conflit d'intérêts somme toute mineure. Mais l'heure est au pharisaïsme judiciaire...

La course à la moralisation des fonctions publiques électives est un petit jeu éminemment pervers. Eh oui par ce que s’y applique le fameux proverbe tropical : " Quand on veut monter au cocotier, il vaut mieux avoir le derrière propre." 

Ferrand, deux poids…

Richard Ferrand en fait aujourd’hui l’amère expérience et se retrouve dans une drôle de nasse. Ce n’est pas le premier et il ne sera sûrement pas le dernier. Le problème est qu’à ce petit jeu tout le monde est perdant. Le nouveau pouvoir qui avait fait de la probité un de ses chevaux de bataille comme le montraient les inénarrables tweets du même Ferrand illustrant de façon caricaturale l’adage : « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Les médias distraits de leurs spasmes d’adoration macronien, obligés qu’ils sont de parler du sujet qui fâche. Et l’opinion publique, gavée de ce genre d’histoires, qui commence à rêver de piques avec des têtes au bout.

Sur la base des informations fournies par le Canard enchaîné, j’avais, non pas pris la défense de Richard Ferrand mais donné mon avis sur ce qui m’apparaissait une opération banale.

L’immobilier et le crédit facile, sont des moyens de gagner de l’argent sans beaucoup travailler, ce n’est pas une nouveauté. Le problème est que chaque jour amène de nouvelles informations qui se révèlent préoccupantes. Sur le plan politique et éthique d’abord pour un nouveau ministre grand donneur de leçons de morale, mais désormais sur le plan juridique aussi. Jusqu’au judiciaire où les positions du Parquet national financier (PNF) et du parquet de Brest enfermés dans le refus d’une enquête préliminaire, commencent à devenir intenables.

Un avocat balance dans Le Parisien

Explications. Un avocat aujourd’hui retraité pensant peut-être que ce statut lui permettait d’être relevé du secret professionnel, a fourni au Parisien quelques informations assez déplaisantes. Rappelons que la compagne de Richard Ferrand a acquis un bien immobilier par l’intermédiaire d’une société civile en obtenant un financement bancaire de 100 %. Et ce grâce à une promesse de location de ce bien signée avec les Mutuelles de Bretagne dirigées par le même Ferrand. Le bail prévoyant que le preneur (la mutuelle) effectuerait les travaux de rénovation pour un montant de 186 000 euros. Les loyers courants permettant probablement le remboursement de l’emprunt. Résultat la famille Ferrand serait devenue propriétaire d’un bien d’une valeur importante sans avoir dépensé directement un euro et sans prendre le moindre risque. Cela n’a rien a priori d’anormal, ni d’inhabituel chacun sait qu’en régime capitaliste, l’immobilier et le crédit sont les moyens de devenir riche sans trop se fatiguer. Jusque-là, je maintiens mon analyse précédente.

Malheureusement, avec l’interview de l’ancien bâtonnier, il y a un après qui pourrait faire changer d’avis. La promesse d’achat du bien immobilier en question, aurait initialement été signée par Richard Ferrand lui-même ! Et comportait une condition suspensive, non pas comme c’est habituel d’obtention d’un financement bancaire, mais de la signature d’un bail avec les Mutuelles de Bretagne ! C’est-à-dire que l’acheteur était celui chargé d’établir les besoins en locaux de la mutuelle. Effectivement, Richard Ferrand était idéalement placé pour savoir quel était le type de locaux dont avait besoin la structure qu’il dirigeait. Le terme à la mode de « conflit d’intérêts » trouve là une belle illustration. Il est probable que ladite promesse comportait également, ce qui est là aussi habituel, une clause de substitution permettant de la céder à sa compagne ou à la SCI constituée pour la circonstance. Et c’est à partir de là que quelques questions se bousculent et mériteraient réponses.

Le mal est fait

Tout d’abord, pourquoi les Mutuelles de Bretagne n’ont pas envisagé l’achat du local dont elles avaient besoin ? Était-ce leur intérêt de se contenter de louer, au lieu par une acquisition d’augmenter la valeur de leur patrimoine ? Ensuite, est-ce qu’en contrepartie des 186 000 € de rénovation, les Mutuelles ont bénéficié d’un différé ou d’un allègement de loyer ? Il faut en effet pouvoir établir le bilan coûts/avantages du contrat de bail pour vérifier son caractère équitable. Vérification qui mettrait Richard Ferrand à l’abri de l’accusation d’avoir privilégié ses intérêts personnels au détriment de ceux de son employeur. Parce que sa propre signature sur la promesse de vente l’y expose dangereusement.

Il y a aussi l’application de règles classiques en matière de convention passée entre des personnes morales et leurs dirigeants à titre personnel. En la circonstance, c’est l’article L.114-32 du code de la mutualité qui les organise. Il faut savoir si elles ont été respectées, en particulier si les commissaires aux comptes de la mutuelle ont été consultés sur cette opération, cette consultation étant obligatoire. À défaut, l’affaire prendrait un tour pénal caractérisé. Je ne peux pas penser que cette procédure n’ait pas été respectée ce qui aurait constitué une énorme imprudence. Dans ce cas-là, sous des dehors un peu acrobatiques et déplaisants, cette affaire ne devrait pas prospérer jusque devant un tribunal correctionnel.

Le problème c’est que le mal est fait et qu’il est absolument impératif de répondre rapidement à toutes les questions qui se posent. « La femme de César ne doit pas être soupçonnée. » C’est la raison pour laquelle ce refus obstiné du Parquet national financier (PNF) d’intervenir dès qu’un dossier touche de près ou de loin Emmanuel Macron, au contraire de l’incroyable célérité utilisée contre François Fillon est une mauvaise action. Comment démontrer encore, et sans état d’âme, la partialité de cette institution d’exception ? Le parquet de Brest n’est pas en reste, alors qu’une enquête préliminaire aurait permis de répondre clairement à toutes les questions et d’éteindre ainsi la polémique.

Le mal est fait. Qui est le prochain sur la liste ? Le venin de l’affaire Fillon avec l’absence de vergogne dans l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques et la confiscation de la présidentielle, va continuer à infuser longtemps.

********BAH VOYONS ! Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais... No comment !*******

Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais

Ferrand difficile à ferrer

LE MONDE | 01.06.2017 à 09h04 • Mis à jour le 01.06.2017 à 12h51 |

Par Jean-Baptiste Jacquin et Anne Michel

Affaire Ferrand : le parquet de Brest ouvre une enquête préliminaire

Le procureur précise avoir pris cette décision visant le ministre « après analyse des éléments complémentaires révélés par différents organes de presse ».

Le communiqué de presse du parquet de Brest est tombé peu après 8 heures, jeudi 1er juin. « Après analyse des éléments complémentaires susceptibles de mettre en cause M. Richard Ferrand (...) révélés par différents organes de presse (...), j’ai décidé de saisir ce jour la direction interrégionale de la police judiciaire de Rennes d’une enquête préliminaire », écrit Eric Mathais, le procureur de la République.

L’ouverture d’une enquête préliminaire ne présage en rien de la qualification pénale des faits explorés ni de la culpabilité de la personne visée. Il n’empêche, la mise en marche de la machine judiciaire huit jours après les premières révélations du Canard enchaîné du 24 mai sur les opérations mettant en cause le ministre de la cohésion des territoires tombe vraiment mal pour le gouvernement.

C’est en effet ce même jeudi 1er juin que François Bayrou, ministre de la justice, devait lancer publiquement le premier projet emblématique du quinquennat d’Emmanuel Macron, avec une conférence de presse sur le projet de loi « de moralisation de la vie publique ». Ce qui aurait pu être un contre-feu médiatique face à la montée de la pression sur Richard Ferrand risque de passer au second plan.

Le procureur de Brest avait initialement estimé, vendredi 26 mai, qu’il n’y avait pas matière à enquête judiciaire, « aucun des faits relatés » n’étant « susceptible de relever d’une ou plusieurs qualifications pénales ». Il a donc révisé son analyse, à la suite des nouvelles révélations du Parisien, lundi 29 mai, et du Monde, mardi 30 mai.

La ligne fixée par le premier ministre n’est pas franchie

M. Mathais explique, dans son communiqué, que « cette enquête aura pour but de recueillir tout élément permettant une analyse complète des faits et de rechercher si ceux-ci sont susceptibles ou non de constituer une infraction pénale en matière d’atteinte aux biens, de manquements au devoir de probité et aux règles spécifiques du code de la mutualité ».

Les faits concernent des opérations ou des contrats dont plusieurs proches du ministre ont bénéficié, avec les Mutuelles de Bretagne, alors qu’il en était le directeur général, de 1998 à 2012. En 2011, la compagne de M. Ferrand a notamment pu financer l’acquisition d’un bien immobilier privé, d’une valeur finale de 586 000 euros, grâce à la mise sur pied d’une société civile immobilière (SCI) créée pour l’occasion et aux loyers versés par les Mutuelles de Bretagne.

La ligne fixée par le premier ministre, Edouard Philippe, sur le plateau de France 2, mardi 30 mai, à savoir qu’un ministre mis en examen démissionne, n’est pas franchie. Officiellement, donc, la présence de M. Ferrand au gouvernement n’est pas remise en question. Sur LCI, jeudi à la mi-journée, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, a estimé que l’ouverture de cette enquête préliminaire est « une bonne nouvelle ». « Cela va permettre de sortir du débat moral et de la lecture d’articles de la presse qui mettent en cause Richard et de laisser à celles et ceux qui en ont le pouvoir et la capacité d’instruire le dossier », a-t-il poursuivi. Mais le cas du ministre de la cohésion des territoires devient de plus en plus difficile à gérer politiquement, à dix jours d’un premier tour d’élections législatives capitales pour la suite du quinquennat.

« Un malaise perceptible »

Lors du conseil des ministres de mercredi, le président de la République, Emmanuel Macron, a appelé le gouvernement à la « solidarité », estimant aussi que la presse ne doit « pas devenir juge », a rapporté Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement. M. Castaner a néanmoins reconnu « un malaise perceptible ».

« Oui, je suis un homme honnête », a de son côté assuré sur France inter, mercredi, M. Ferrand. « Tout ce que j’ai fait dans ma vie professionnelle est légal, public, transparent » Le ministre, pilier de la majorité présidentielle et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, a exclu toute démission, expliquant qu’il « ne le [ferait] pas pour deux raisons : d’abord, j’ai ma conscience pour moi, je ne suis pas mis en cause par la justice de la République que je respecte profondément, et (...) je veux me consacrer aux priorités de mon ministère ».

L’affaire Ferrand vient affaiblir le discours du gouvernement sur le retour de la confiance des citoyens dans l’action publique. François Bayrou, dont l’alliance avec M. Macron pour l’élection présidentielle s’est faite sur un accord pour une loi de moralisation, va donc devoir sortir du silence qu’il a gardé depuis son entrée au gouvernement.

 

BAH VOYONS ! Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais... No comment !

BAH VOYONS ! Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais... No comment !

 

 

 

 

Published by Un Sage
31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 18:07

"Je ne me retirerai pas car je ne suis pas mis en cause par la justice et que je veux me consacrer à mon ministère", a déclaré Richard Ferrand sur France Inter.

Dans la tourmente suite aux nouvelles révélations du Monde et de Médiapart sur le "mélange des genres" entretenu dans sa vie politique, Richard Ferrand a une nouvelle fois exclu de démissionner du gouvernement, ce mercredi, sur France Inter. "Je ne me retirerai pas car je ne suis pas mis en cause par la justice et que je veux me consacrer à mon ministère", a affirmé le ministre de la Cohésion des territoires.
Fidèle à sa ligne depuis le début de l'affaire, le ministre a défendu sa probité."Tout ce que j'ai fait dans ma vie professionnelle est légal, public, transparent", a-t-il également martelé, dénonçant un "tintamarre médiatique".
"Nous n'avons rien trahi"
"Nous n'avons rien trahi", a-t-il tenté de convaincre. Le secrétaire général de REM a estimé qu'on "met en cause des choses qui datent de 2011. Nous somme aujourd'hui dans une autre temporalité".
Soutenu par son Premier ministre Edouard Philippe, mais en difficulté dans sa circonscription et alors qu'une défaite pourrait lui coûter son poste, Richard Ferrand a affirmé qu'il ferait "campagne pour aller chercher la légitimité populaire".
Concernant les révélations du Canard Enchaîné selon lequel il aurait employé son fils à l'Assemblée, le ministre a plaidé l'exception. "J'ai embauché quatre mois mon fils à hauteur d'un peu plus du SMIC, car l'un de mes collaborateurs était souffrant", a-t-il expliqué.
 
 
Published by Un Sage
31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 17:50
Señorito dépêche-toi, le vieux monde te rattrapera
est professeur de droit public à l'université de Caen.

La jeunesse des candidats En marche!, ne craint pas la mondialisation, rassemble les diplômés ouverts sur l'étranger, la tête dans le monde de demain, prétend s'être faite toute seule et avoir le droit à tout tout de suite.

Passant tout à l’heure devant les panneaux d’affichage plantés devant la mairie de ma ville de province, un Cochons-sur-Marne comme un autre, et même mieux que d’autres, car j’y suis très volontairement captif, je glissais un regard vers les affiches électorales qui les décoraient. Je retrouvais sans surprise, à gauche, le front bas d’un nième apparatchik en surcharge pondérale dont on devinait que la grande ambition avait été de devenir fonctionnaire territorial de catégorie B, et, à droite, un visage déjà las où je reconnaissais certains des traits de ses père et grand-père, un temps élus de la circonscription, mais dissous dans une veulerie sans nom.

La jeunesse qui ne craint pas la mondialisation

C’est pourtant l’image d’un autre candidat, celui d’un tout nouveau parti, qui m’arrêta. Jeune, coiffure à la mode, lunettes à la mode, barbe à la mode, sourire à la mode, regard à la mode, dents à la mode, sa totale adéquation avec la moderne branchitude, détonnant, il faut bien le dire, sur le reste du lot de ses compétiteurs, provoqua en moi comme un choc. Et tandis que je fixais ce portrait dans ses yeux rieurs de prochain vainqueur me revint la formule de Jose Ortega Y Gasset prédisant « le règne du señorito satisfait ».

« Si l’on étudie la structure psychologique de ce nouveau type d’homme-masse – écrivait l’auteur espagnol – (…) on y relèvera les caractéristiques suivantes : l’impression originaire et radicale que la vie est facile, débordante, sans aucune tragique limitation ; de là, cette sensation de triomphe et de domination qu’éprouvera en lui chaque individu moyen, sensation qui l’invitera à s’affirmer lui-même, tel qu’il est, à proclamer que son patrimoine moral et intellectuel lui paraît satisfaisant et complet. Ce contentement de soi-même l’incite à demeurer sourd à toute instance extérieure, à ne pas écouter, à ne pas laisser discuter ses opinions et à ne pas s’occuper des autres. Cet intime sentiment de domination le pousse constamment à occuper la place prépondérante. Il agira donc comme s’il n’existait au monde que lui et ses congénères »1.

La France des passe-droits

Cette jeunesse de nos affiches, qui ne craint pas la mondialisation, source d’enrichissement sur tous les plans, du gustatif au placement boursier, et qui rassemble les diplômés ouverts sur l’étranger, la tête déjà dans le monde de demain, prétend s’être faite toute seule et avoir le droit à tout tout de suite. Or elle a bénéficié d’une des plus extraordinaire captation de pouvoir que l’on ait vu depuis bien longtemps, et son parcours, loin de relever d’une méritocratie qui en ferait, au moins, la gagnante « à la loyale » d’un darwinisme social aux dents étincelantes, doit beaucoup à ces réseaux qui ont permis son parcours au moins autant que ses capacités.

Car d’autres qu’elles ont choisi l’établissement de ses études, public d’excellence, au besoin en contournant la carte scolaire, ou privé pour lequel on ne compte pas. D’autres ont réussi à la regrouper dans des classes de niveau, l’ont aidée pour toutes ces activités à demi ludiques qui remplacent les évaluations et augmentent encore la discrimination, ont su trouver les indispensables stages, et permis à des dossiers de devenir prioritaires. Et pour justifier cette absence criante de méritocratie aux yeux des naïfs, d’autres encore ont simplement panaché les filières d’excellence réservés à cette pseudo-élite par l’adjonction de produits de la discrimination positive, ajoutant de l’injustice à l’injustice

Les passe-droits ont certes toujours existé, mais ils n’étaient pas niés par leurs bénéficiaires, quand cette jeunesse, piégée dans le discours ambiant, ou peu soucieuse de remise en cause personnelle, croit, ou feint de croire, ne tout devoir qu’à elle-même… et donc rien à personne. Et quand les générations précédentes se rebellaient, celle-ci se contente de nier, d’occulter, d’écarter.

Ghettos de riches

D’écarter, par exemple, les indésirables des ghettos où elle vit, mais, en prétendant respecter la diversité sociale. Et c’est ainsi que des représentants de minorités visibles seront invités à exercer des emplois peu qualifiés à moindre coût, lui permettant de disposer de personnel de maison plus facilement que ses parents, et de commerces ouverts sur le monde et à toute heure .

Mais d’écarter aussi ces familles qui l’ont portée dès qu’elles lui sont à charge : tout n’est pensé qu’en termes de facilités et de droits, l’aboutissement étant la mise à l’écart physique du parent devenu encombrant. La seule cérémonie familiale dans laquelle elle se complaît est un mariage devenu cette autocélébration larmoyante pour laquelle elle a réinventé l’ennui des « soirées-diapos » de ses géniteurs.

« C’est un homme qui est né pour faire son bon plaisir » conclut Ortega du « señorito satisfait ». On peut à bon droit être inquiet de ce que fera de son pouvoir cette jeunesse née dans le mensonge pour éviter de voir un jour son reflet dans un miroir qui ne soit pas celui de son ego.

cilement que ses parents, et de commerces ouverts sur le monde et à toute heure .

 

 

 

 

Published by Un Sage
31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 16:29
 Macron consulte pour préparer une réforme à haut risque
AFP
Emmanuel Macron, qui veut réformer le code du travail par ordonnances pendant l'été, a noué mardi le dialogue avec l'ensemble des responsables syndicaux et patronaux, à qui il a donné des précisions de calendrier, sans rien dévoiler sur le fond.

Reçus tour à tour par le président, les leaders de la CFDT, de la CGT, de FO, de la CFE-CGC et de la CFTC ont plaidé pour desserrer le timing de cette réforme à haut risque, que le gouvernement juge prioritaire. Les responsables patronaux du Medef, de la CPME et de l'U2P, eux, ont réitéré leur exigence de rapidité.

Selon le président de la CPME, François Asselin, le chef de l'État a annoncé une "grande concertation" jusqu'à mi-juin, avant une loi d'habilitation à légiférer par ordonnances "durant l'été", puis une loi de ratification des ordonnances "courant septembre".

François Hommeril (CFE-CGC) a compris, lui, que cette ratification interviendrait "fin septembre", ce qu'il perçoit comme une "détente" du calendrier par rapport aux annonces de campagne.

Reçu plus tôt dans la journée, le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, avait estimé que le calendrier avait "l'air d'avoir bougé", y voyant "plutôt une bonne chose".

Martinez CGT

L'Élysée a de son côté assuré que "ce n'est pas au niveau du président de la République que le calendrier est géré" et que "la mise en oeuvre opérationnelle sera de la responsabilité du Premier ministre et de la ministre du Travail". Édouard Philippe et Muriel Pénicaud doivent recevoir les partenaires sociaux mercredi et lundi. Pierre Gattaz (Medef) et Jean-Claude Mailly (FO) s'y rendront mercredi, Laurent Berger (CFDT) et Philippe Martinez lundi.

"La réforme du marché du travail doit aller vite, c'est essentiel pour la confiance de déverrouiller le marché du travail", ce qui permettrait d'"améliorer" les chiffres du chômage, a martelé Pierre Gattaz.

'Marges de manoeuvre'

Mais les syndicats ont mis en garde contre une réforme menée au pas de charge. Pas question pour eux que le dialogue social passe à la trappe pour réformer le code du travail, moins d'un an après la loi El Khomri. Insuffisamment discutée avec les partenaires sociaux et rejetée par une partie des syndicats (dont la CGT et FO), la loi travail avait donné lieu à six mois de contestation.

Pour éviter un nouveau conflit, Laurent Berger a redemandé au président "que la méthode ne soit pas à la hussarde" et laisse "le temps suffisant à la nécessaire concertation".

"J'ai demandé de ne pas sortir d'ordonnances pendant le mois d'août, d'attendre septembre que les gens soient rentrés de vacances", a déclaré le président de la CFTC, Philippe Louis.

Alors que certains syndicats menaçaient d'une nouvelle mobilisation si le gouvernement passe en force, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, les a prévenus qu'ils n'avaient "pas le droit de bloquer la France".

"Un ministre, il dit ce qu'il veut. Les salariés, ils font ce qu'ils veulent", lui a rétorqué M. Martinez.

Sur le fond, Emmanuel Macron n'a pas révélé de détails. Hormis le plafonnement des indemnités prud'homales, le regroupement des instances représentatives du personnel et le référendum d'entreprise à l'initiative de l'employeur, ses contours restent flous, notamment sur la place laissée au dialogue social dans l'entreprise.

Cette dernière mesure, déjà au coeur de la loi El Khomri, a toujours été une ligne rouge pour la CGT et FO, tandis que la CFDT est ouverte au dialogue si le droit applicable en l'absence d'accord d'entreprise reste élevé.

Une mesure fait l'unanimité des syndicats contre elle: le plafonnement des indemnités prud'homales.

Jean-Claude Mailly, FO, a senti qu'il y avait des "marges de manoeuvre", notamment sur ce point. "Rien n'est ficelé", croit aussi savoir M. Louis.

Sur un autre point, le chef de l'État a satisfait le patronat en confirmant à la CPME qu'il y aurait "un moratoire" sur le compte pénibilité. Selon M. Asselin, le projet ne serait "pas abandonné pour autant", mais "renégocié avec les partenaires sociaux".

Alain Griset (U2P) n'était pas en mesure de confirmer cette information, mais M. Macron a selon lui parlé d'un autre moratoire, sur le prélèvement à la source.

23/05/2017 19:35:21 - Paris (AFP)

Published by Un Sage
29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 20:12

Souvent critiquée et moquée, Brigitte Macron fait beaucoup réagir. Un phénomène qui ne serait pas étranger à sa différence d’âge avec son mari. Explications.

Brigitte Macron a fait couler beaucoup d'encre au cours de ces derniers mois. Plus que de savoir quelle Première dame elle pourrait être, les Français ont focalisé sur sa différence d'âge et voulu connaître les moindres détails de son histoire d'amour avec un lycéen. La volonté de tout connaître de leur intimité a ensuite rapidement cédé la place aux moqueries et aux rumeurs. On a ainsi entendu dire que Brigitte Macron était "une cougar", qu’Emmanuel Macron "couchait avec sa grand-mère" ou même qu’il menait une double vie et était secrètement en couple avec un homme.

Une réaction inédite et d'autant plus surprenante que, jamais auparavant, les Français ne s’étaient autant attardés sur la différence d'âge entre une personnalité politique et son/sa conjoint(e). Il y a quelques mois, Donald Trump a en effet été élu président des Etats-Unis sans que personne ou presque ne s'insurge des 24 années d'écart qu'il a avec sa femme, Melania. Bien avant même, en France, personne ou presque ne s’était offusqué des 30 années qui séparaient l'ex-ministre Pierre Moscovici de son ancienne compagne, Marie-Charlène Pacquot. Alors pourquoi s'acharne-t-on autant sur Brigitte ?

La situation choque dans un sens mais pas dans l’autre ?

"Ce déferlement très violent de misogynie n’est pas étonnant. Beaucoup de gens ne supportent pas un tel écart d’âge dans cette configuration, a expliqué la sociologue Christine Détrez à Ouest-France. Pour eux, c’est ‘anormal’". En d’autres termes, si l’écart d’âge ne gêne pas ou peu lorsque l’homme est plus âgé que la femme, il choque en revanche lorsque c’est l’inverse. La situation passe alors pour "anormale" et ouvre la voie aux critiques. C’est ainsi que Brigitte Macron, comme d’autres femmes qui, comme elles sont en couple avec un homme plus jeune, s’est vue traîtée de "cougar".

La diabolisation du désir féminin

"Les femmes qui ont huit ans de plus que leur partenaire sont de l’ordre de 1%, ce qui n’est pas beaucoup. (...) Tant qu’on est dans les rapports sexuels, après tout, la question de la domination se pose de manière moins brutale (...) mais en revanche, lorsqu’on passe aux choses sérieuses, à l’idée de s’établir en couple, au mariage, à ce moment-là on retrouve la logique traditionnelle qui fait que les hommes sont censés être plus désirables s’ils sont plus âgés, et les femmes, plus désirables si elles sont plus jeunes", a analysé le sociologue Eric Bassin sur le plateau de "Contre Expertise" en 2010, dans un extrait repéré par France Culture. Elle aussi invitée de cette émission, la philosophe Michela Marzano s’étonnait quant à elle qu’à notre époque encore "on continue à diaboliser le désir féminin, parce qu’il y a là quelque chose qui relève de la diabolisation, cette tendance à considérer que du côté de la femme il y a quelque chose de dangereux, là où, finalement, une passion, même si elle peut être destructrice, est aussi un signe de vie humaine".

Visée depuis plusieurs mois, Brigitte Macron ne laisse rien paraître. Mais en coulisses, elle a plusieurs fois confié avoir été affectée par ce qui se disait sur elle et sur son couple. A tel point qu’elle a décidé de faire appel à la papesse de la communication : Michèle Marchand dite "Mimi". C’est notamment à elle que l’on doit les couvertures de Paris Match, dont celle de l’été 2016 où l’ancienne professeure de Français est en maillot de bain en train de marcher sur la plage avec son mari. Un cliché détonnant qui répondait bien évidemment à une stratégie. "Réfléchis, lui dit-elle pendant l’été 2016. Toute la France parle de votre différence d’âge. Et bien là, tu vas leur en mettre plein les mirettes. Assume ! Tu es belle", aurait en effet conseillé "Mimi" à "Bibi", rapporte Vanity Vair.

Une famille unie qui agace ?

En parallèle, Brigitte Macron a continué à faire ce qu’elle a toujours fait : être là sans s’imposer, être présente aux côtés de son mari sans se répandre dans la presse. Désireux de s’afficher tel qu’il est malgré les critiques, le couple Macron a même décidé de se montrer avec les siens. Emmanuel Macron avance avec son épouse, et tous les deux avancent avec leur famille. Le nouveau couple présidentiel s’est ainsi présenté entouré des enfants et petits-enfants de Brigitte Macron à l’Elysée lors de la passation de pouvoir. Tous ont ainsi offert l’image d’une famille recomposée, certes peu ordinaire, mais très unie. De quoi là encore en agacer certains…

 

 

 

Published by Un Sage
29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 19:15

ET OUI ! – Dans les pas du changement de nom du TGV en inOui, le site voyages-sncf.com, l’agence de voyage en ligne de la SNCF, va également être rebaptisé. En novembre prochain, il faudra taper Oui.sncf pour y accéder.

Comme l'a révélé Le Parisien vendredi, la SNCF surprend un peu tout le monde en prévoyant pour le 2 juillet prochain le changement de nom de son mythique train a grande vitesse, lancé en 1981. Une initiative qui laisse de nombreux observateurs plus que sceptiques...

Le changement dans la continuité. Après le TGV qui va devenir inOui, le site internet e-commerce de la SNCF s’apprête aussi à faire peau neuve. Confirmant une information dévoilée par Le Parisien, la SNCF a annoncé que son agence de voyage en ligne,sncf.Voyages-com, va devenir Oui.sncf. Et ce, dès novembre prochain. La société a acquis le nom de domaine .sncf

Entre inOui et Ouigo, la SNCF vise 15 millions de voyageurs en plus dans ses TGV en 2020

Une petite révolution. Toujours inscrite dans sa volonté de moderniser et de diversifier son offre commerciale, quatre ans après le lancement de son TGV lowcost Ouigo, la SNCF poursuit sa mue. Mais pas forcément sans critiques. Car si l'arrivée du Ouigo avait été saluée par les usagers grâce aux prix compétitifs proposés, le changement de nom du TGV, lui, passe beaucoup moins bien... Et sur Twitter, "inOui", la nouvelle appellation du train à grande vitesse passe mal.

Une drôle d'appellation inouïe extrêmement tarabiscotée !!

Une invention de Monsieur"Pepoui"!!

 

Published by Un Sage
29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 16:25
Entretien avec ses deux biographes
Auteur
Alexis Brunet
Professeur de français langue étrangèr
e.

Florian Philippot contrôle beaucoup ses paroles et il est difficile de le pousser dans ses retranchements. Néanmoins, s’il n’est vraiment que l’europhobe gaulliste et souverainiste qu’il prétend, n’aurait-il pas pu, si ambitieux ou même nationaliste soit-il, choisir une autre formation politique que celle du Front national ? N’attendez pas de sa première biographie une autre image de Florian Philippot que celle polie, lissée, propre sur lui, républicaine, qu’il donne de lui lorsqu’il se fait attaquer par Yann Moix ou Léa Salamé. Alors que le FN connaît des dissensions internes, va-t-il continuer à suivre la voie de « l’artisan de la dédiabolisation » du parti ? Rien n’est moins sûr.

Florian Philippot. Numéro de reportage : AP22048889_000042.

Philippot 1er est présenté comme « une enquête sur Florian Philippot, le nouvel homme de l’extrême droite », afin de tenter de savoir « qui il est vraiment ». Une intention qui a le mérite de l’originalité : voici enfin le premier livre exclusivement consacré à l’énarque propre sur lui débarqué au Front national il y a six ans. On y appréciera le récit de la première rencontre avec Marine Le Pen, faite par l’intermédiaire du souverainiste Paul-Marie Coûteaux, où l’anecdote de la disparition de Marianne des pièces lors du passage à l’euro, ce qui en fera un europhobe convaincu ; et le conduira, bien avant de devenir le bras droit de Marine Le Pen, à militer chez Jean-Pierre Chevènement, mais aussi à croiser un certain Jean-Luc Mélenchon… On sourira des mots pas toujours aimables, c’est le moins qu’on puisse dire, de nombreux cadres ou piliers du parti à son égard, à commencer par ceux du « menhir », Jean-Marie Le Pen.

Drogué du travail à l’ambition politique dévorante, l’ancien énarque écume les plateaux télés, dort peu, a une relation privilégiée avec Marine Le Pen, mais est isolé au sein du parti. Si l’ouvrage regorge d’anecdotes cocasses, on aurait aimé en savoir un peu plus sur les véritables convictions idéologiques de celui qui est surnommé « Philippot 1er » par de nombreux cadres du parti. D’où viennent ses liens resserrés avec Sophie Montel, cadre historique du Front national qui a milité au sein du très identitaire mouvement « Terre et peuple ». On ne le saura pas. On pourra donc regretter qu’une longue série d’anecdotes se substitue à une enquête plus en profondeur qui aurait permis de comprendre les ressorts, ou virages idéologiques qui ont conduit l’ancien énarque à devenir le meilleur conseiller de Madame Le Pen.

Alexis Brunet. Vous avez enquêté sur Florian Philippot pendant plus d’un an. Êtes-vous surprises par le lancement de son association « Les Patriotes » ?

Astrid de Villaines1. Pas du tout. La création de ce mouvement est sans doute une façon de montrer qu’il n’est pas très bien accueilli au sein du Front national. Ce que nous avons décrit pendant cette année d’enquête, c’est qu’il y avait beaucoup de dissensions en interne qui étaient étouffées, mises à part celles avec Marion Maréchal-Le Pen. Depuis la défaite, les autres cadres se lâchent beaucoup plus dans les médias. Je pense que pour lui c’est une voie de secours au cas où ça se passerait très mal. Cela lui sert aussi pour préparer son congrès, pour évaluer les rapports de force et voir combien il pèse dans le parti.

Marie Labat. C’est en effet un moyen de faire le point pour savoir qui, parmi les cadres, peut le soutenir, pour éventuellement rassembler ses troupes en cas de départ du parti. Marion Maréchal-Le Pen a expliqué que la sortie de l’euro serait une question discutée après les législatives, puis tranchée au moment du congrès de cet hiver, le 16ème congrès du Front national. Ça risque d’être compliqué à ce moment-là pour Florian Philippot, qui a donc intérêt à avoir un maximum de cadres et de militants de base solides derrière lui. Ceci pour pouvoir, le moment venu, faire barrage sur la sortie de l’euro en particulier, car il nourrit une obsession sincère et très importante sur ce point.

D’où lui vient cette obsession de la sortie de l’euro ?

Marie Labat. De sa plus tendre enfance, de ce moment où est voté le traité de Maastricht. Alors qu’il n’a même pas l’âge pour réaliser l’implication politique de ce traité, il se rend compte qu’il n’aura plus sa Marianne sur les pièces pour aller acheter ses bonbons, ce qui le fait littéralement pleurer. Il explique que c’est un traumatisme qui l’a fait pleurer encore plus fort que quand il a pleuré – de joie cette fois-ci – pour le Brexit.

Néanmoins, la sortie de l’euro était déjà au programme de Jean-Marie Le Pen en 2002. N’est-ce pas une vieille idée du Front national ?

Marie Labat. Oui, mais Florian Philippot a voulu en faire l’alpha et l’oméga du programme du Front national. Les autres cadres disent que ce n’est pas une priorité car c’est un dossier compliqué et qui est très peu compris du grand public, ce qui nécessite d’en « vulgariser » l’information.

Astrid de Villaines. Certains envisagent de décaler l’exécution de ce projet, voire de l’abandonner. Marion Maréchal-Le Pen a déclaré que ce n’était pas sa tasse de thé, que ça lui était égal, qu’elle préférait parler d’identité. Un des cadres du Front national nous a dit : « Quand un terroriste rentrera avec une kalachnikov dans une salle de classe, on ne se demandera pas s’il l’a payée en euros ou en francs.» Pour Philippot, la sortie de l’euro, c’est son Graal. C’est pour ça que Marine Le Pen a mis la sortie de l’euro au centre de son programme. Mais beaucoup d’autres cadres du parti considèrent que c’est une idée qui leur fait perdre des voix.

En lisant votre ouvrage, on a l’impression que le Front national est verrouillé par les Le Pen et leur garde rapprochée, anciens pieds noirs, anciens de l’OAS notamment…

Astrid de Villaines. Certes, il y a historiquement énormément de pieds noirs au Front national. C’est d’ailleurs pour cela que jusqu’à l’introduction du gaullisme au Front par Philippot, il ne fallait même pas parler du général De Gaulle dans les couloirs du parti. Mais c’est plutôt Philippot et Marine Le Pen qui l’ont verrouillé ces dernières années, à travers leur stratégie.

Marie Labat. Je vous accorde cependant que c’est un fonctionnement clanique. Le Front national est automatiquement associé au nom de Le Pen. Maintenant, le parti n’est pas pour autant verrouillé, comme vous dites, par la famille Le Pen. Ce n’est pas un fonctionnement sur le mode « Les Le Pen disent oui donc on peut intégrer le FN », ça ne se passe pas vraiment comme ça.

Astrid de Villaines. Ce n’est plus comme ça. Maintenant que le père a été exclu, Marine Le Pen essaye de faire table rase de ce passé, même si c’est son passé familial. Dans les médias en tous cas.

Marion Maréchal Le Pen a annoncé son retrait temporaire de la vie politique. Cela n’offre-t-il pas un boulevard à Florian Philippot ?

Marie Labat. C’est exactement ce qu’on s’est dit. Ceci étant, ce n’est pas très étonnant car ça fait déjà plusieurs mois qu’elle parlait de ce retrait du fait de son jeune âge, de sa vie personnelle, mais aussi du fait de toutes ces tensions, ces polémiques avec l’autre frange du parti représentée par Florian Philippot.

Astrid Villaines. Finalement, le boulevard s’est un peu rétréci. Car maintenant, même sans Marion Maréchal-Le Pen qui avait un poids politique très fort au sein du parti, les autres, comme Nicolas Bay ou Louis Aliot, commencent à dire ce qu’ils pensaient très fort et qu’ils n’osaient pas dire publiquement. Même s’ils pourraient aller encore plus loin, Nicolas Bay a quand même parlé de « chantage » au sujet de Florian Philippot menaçant de quitter le parti si l’idée de sortie de l’euro était abandonnée. Il était impensable avant l’élection d’utiliser publiquement ce terme de « chantage ». Ce sont des mots qui étaient dits en coulisses.

Marie Labat. Ça faisait déjà des mois et des mois que ces règlements de comptes mijotaient, que c’était tendu en interne, qu’on attendait la fin de la présidentielle. Et que si le parti perdait ces dernières, le moment serait venu de rebattre les cartes et éventuellement de solder les comptes. C’est ce qui est en train de se passer.

L’énarque a un discours plus social, plus « républicain » que Marion Maréchal-Le Pen, qui tient un discours plus conservateur, plus traditionaliste sur le plan des valeurs, et plus libéral économiquement. Peut-on imaginer une scission de l’autoproclamé « premier parti d’opposition de France » ?

Marie Labat. La question qui se pose est de savoir si Florian Philippot a les troupes nécessaires pour pouvoir organiser une scission. Car Florian Philippot, en l’état, ce n’est pas Bruno Mégret. Il ne peut pas organiser une scission avec les trois-quarts des cadres qui partent comme en 1998.

Astrid Villaines. Il a quelques troupes, des jeunes, mais il est assez seul. C’est pour cela qu’il essaye de placer ses pions : dans deux circonscriptions à côté de la sienne en Moselle, dans la Marne, dans l’Aine avec Damien Philippot, dans le Doubs avec Sophie Montel, etc. Ce sont des gens qui font partie de son entourage très proche, mais on ne peut pas créer un parti avec dix personnes, quand bien même elles seraient députés.

Marie Labat. Ce qui est sûr, c’est que le jour où le Front national aura un groupe à l’Assemblée nationale, ce sera un groupe plus sur la ligne « philippotiste ».

Astrid de Villaines. En revanche, la grande majorité des cadres veut une alliance avec la droite « hors les murs ». Ceci vient de la ligne Marion Maréchal Le Pen dont on a parlé, qui veut s’allier avec des gens comme Wauquiez, Guaino, Ciotti, Mariani, etc. Il s’agit de ratisser large. Mais pour l’instant, ce n’est pas encore possible.

Marie Labat. Je pense que ça va plus nettement se dessiner à l’entre-deux tours des législatives. Ce sera plus facile d’avoir un aperçu. Il y aura des discussions, des appels à des alliances. Pour l’instant, Florian Philippot a intérêt à ne surtout pas bouger. Je pense qu’il a créé son association « Les Patriotes » au cas où il serait exclu du Front national. Il faut savoir que Florian Philippot a une très grande ambition politique.

 

 

Published by Un Sage
28 mai 2017 7 28 /05 /mai /2017 16:20
Elle y a cru jusqu’à la dernière minute
Ségo­lène Royal irri­tée par Emma­nuel Macron : il n’a pas été réglo avec elle

 
Ségo­lène Royal a confié qu’elle s’at­ten­dait à être choi­sie par Emma­nuel Macron pour inté­grer son nouveau gouver­ne­ment, mais le nouveau président de la Répu­blique a préféré conti­nuer sans elle.

L’Ély­sée et Mati­gnon ont dévoilé la semaine dernière la compo­si­tion du nouveau gouver­ne­ment. Parmi les ministres en poste, seuls deux figu­raient déjà dans le gouver­ne­ment précé­dent, et il s’agit de Jean-Yves le Drian – passé de la Défense aux Affaires étran­gères – et d’An­nick Girar­din qui a troqué le maroquin de la Fonc­tion publique pour celui des Outre-mer. D’après les révé­la­tions qu’elle a faites à Paris Match, Ségo­lène Royal espé­rait être la troi­sième personne dans cette situa­tion. L’ex-ministre de l’Éco­lo­gie a vu Nico­las Hulot lui succé­der, mais celle à qui l’on donne des travers de « prin­cesse » aurait bien aimé conti­nuer à exer­cer plus longue­ment des respon­sa­bi­li­tés minis­té­rielles.

C’est en tout cas ce qu’elle a fait comprendre à Emma­nuel Macron. Ségo­lène Royal lui a précisé qu’elle aurait aimé pour­suivre le travail accom­pli au sein de son minis­tère. Elle se sentait aussi les épaules pour être à la tête du Quai d’Or­say, occupé aupa­ra­vant par Jean-Marc Ayrault. Mais le président et son Premier ministre ont préféré se passer de ses services. Aujourd’­hui, elle en veut au chef de l’État :

« Je lui avais pour­tant demandé de me préve­nir si je ne restais pas au gouver­ne­ment, a-t-elle déploré. Que je puisse aler­ter mes proches. C’est suffi­sam­ment dur. Il ne l’a fait qu’au dernier moment… »

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28 mai 2017 7 28 /05 /mai /2017 16:00
Najat Vallaud-Belkacem, vous avez dit “fake news”?

L’ex-ministre se réfugie derrière une imprécision pour vendre ses réformes

Samuel Bartholin

Publié le 23 mai 2017 / Politique

Samedi, sur le plateau d'"On n'est pas couché", Vanessa Burgraff a injustement attribué la maternité de la réforme de l'orthographe à Najat Vallaud-Belkacem. Criant à la "fake news", l'ancienne ministre de l'Education a tiré prétexte de cette imprécision pour se défausser et nier en bloc le contenu de son bilan rue de Grenelle. Décryptage.

Vanessa Burgraff et Najat Vallaud-Belkacem sur le plateau d'"On n'est pas couché".

Depuis trois jours, on ne compte plus le nombre d’articles moquant l’incompétence de Vanessa Burggraf, accusée par Najat Vallaud-Belkacem d’avoir relayé une « fake news » lors de l’interview de l’ex-ministre dans « On n’est pas couché ». Or, en croyant signaler une « fake news », la plupart des journalistes en ont relayé une bien pire : l’idée que Najat Vallaud-Belkacem serait totalement étrangère à la réapparition soudaine dans le débat public de la mal nommée « réforme de l’orthographe » et à son application dans les manuels de 2016.

En pointant le manque de professionnalisme de Vanessa Burggraf, ils ont étalé le leur au grand jour. Et en croyant sur parole Najat Vallaud-Belkacem, ils ont prouvé à quel point ils préfèrent la dénonciation à l’information et l’anecdote au débat d’idées.

Bien sûr, là où Najat Vallaud-Belkacem a raison et Vanessa Burggraf tort, c’est qu’il n’y a pas eu à proprement parler de « réforme de l’orthographe », ni sous le quinquennat Hollande, ni même avant. La réforme de l’orthographe telle qu’on l’entend n’en est d’ailleurs pas une et remonte à 1990. Il s’agissait alors d’une simple recommandation de l’Académie française qui encourageait le corps enseignant à simplifier l’orthographe pour les élèves.

Certes, Vanessa Burggraf n’avait clairement pas suffisamment travaillé son dossier sur ce point et on est en droit de le lui reprocher, d’autant qu’opposer en guise de seul argument à feu la ministre un exemple, en l’occurrence celui de sa fille, qui dans son école, serait incitée à écrire « ognon » sans « i », ne fait pas très sérieux.

Excusez ses questions précises…

Mais d’une part on peut quand même lui reconnaître le mérite, au contraire de nombreux journalistes pendant la campagne, d’avoir posé beaucoup de questions extrêmement précises sur l’éducation. Et d’autre part, si on ne peut reprocher à un politique de faire preuve de mauvaise foi pour se dédouaner, on peut en revanche se demander si les journalistes sont en droit de donner à Vanessa Burggraf des leçons de professionnalisme quand ils relaient les propos de Najat Vallaud-Belkacem sur la seule foi de ses affirmations.

Il y avait pourtant, au cours de ce débat, plusieurs occasions de pointer du doigt les nombreuses contrevérités (oui oui il existe des mots français pour remplacer « fake news ») assénées par l’ancienne ministre de l’Education nationale. Mais les journalistes étaient trop occupés par la « fake news » de Vanessa Burggraf pour prendre le temps de se pencher sur la question.

Car oui, c’est bien le ministère de Najat Vallaud-Belkacem qui est responsable de la réapparition de l’orthographe révisée, enterrée depuis plus d’un quart de siècle malgré une première tentative avortée. En 2008 en effet, les nouveaux programmes invitaient déjà les professeurs à faire de cette dernière la référence en primaire. Mais à l’époque, les éditeurs n’ont pas appliqué ces rectifications.

C’est donc bien en 2016 que, pour la première fois, les documents officiels précisent que pour le primaire comme pour le collège, « l’enseignement de l’orthographe a pour référence les rectifications orthographiques publiées par le Journal officiel de la République française le 6 décembre 1990 » et pour la première fois également, les nouveaux programmes ainsi que les manuels appliquent eux-mêmes ces réformes. Une éditrice de Bordas, répondant à une question d’ Arrêt sur images sur la question, avait d’ailleurs confié que les éditeurs avaient été « sensibilisés sur le sujet » par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP).

Le latin à la carte

Cela n’a nullement empêché l’ancienne ministre d’essayer de nous faire croire qu’elle n’a rien à voir avec tout cela, que les journalistes ne font pas leur travail sérieusement et que si la même année, tous les éditeurs de manuels scolaires se sont mis ensemble (sauf Hatier qui avait déjà commencé la démarche en 2008) à écrire avec la nouvelle orthographe, c’est par pur hasard et sans aucun lien avec les consignes données par la rue de Grenelle.

Mais ce n’est pas la seule réforme que Najat Vallaud-Belkacem n’assume pas ni la seule « fake news » que les journalistes auraient pu relever. Faisant mine d’avoir démocratisé l’enseignement du latin en l’ouvrant à tous les élèves, Najat Vallaud-Belkacem omet de préciser que dans sa réforme, celui-ci n’est plus une discipline à part entière mais dépend uniquement du bon vouloir des établissements et que ses heures d’enseignement, prises sur les Enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), sont réduites. Dans les faits, il n’y aura pas nécessairement plus d’élèves qui feront du latin car il ne devient pas obligatoire. En revanche, ceux qui choisiront cette option en feront moins car l’important pour cette nouvelle école est de ne pas creuser les inégalités entre les élèves, non pas en rendant les faibles plus forts – c’est beaucoup trop compliqué et ça demanderait de réintroduire les ridicules et archaïques notions d’effort et de mérite – mais en rendant les forts plus faibles.

Et quand Vanessa Burggraf lui objecte que tous les collèges ne proposeront pas cette option, son sang ne fait qu’un tour « mais enfin ce sera dans 90% des collèges, c’est ça que je reproche aux médias aujourd’hui ! » Quoi exactement ? De ne pas comprendre que 90% c’est la totalité ?

L’école est tout sauf une démocratie

En ce qui concerne la sélection des candidats à l’Université, Najat Vallaud-Belkacem fait preuve de la même mauvaise foi. Quand Yann Moix l’accuse d’avoir instauré le tirage au sort à l’entrée à la fac par une simple circulaire publiée entre les deux tours de la présidentielle, elle explique que ce système illégal existait déjà dans la pratique et que c’est pour mieux le combattre qu’on l’a entériné. Mais poursuit-elle, « la circulaire n’instaure pas le tirage au sort, elle cadre simplement ce qui existait déjà ».

Tout étant toujours mieux que la sélection en fonction du niveau pour les tenants de l’égalitarisme, on va jusqu’à légaliser l’arbitraire pour être sûrs de ne jamais rendre justice aux plus méritants. Sachant que seuls 60% des nouveaux inscrits valident leur première année, il serait effectivement dommage de ne pas donner le droit à tous les étudiants qui n’ont pas le niveau de prendre la place de ceux qui l’ont et qui aimeraient pouvoir choisir la matière qu’ils étudieront.

Quant à la disparition des classes bilangues, l’ex-ministre met en avant l’apprentissage d’une deuxième langue dès la 5ème puis fustige « l’élitisme de l’école française » et « la soi-disante (sic) excellence qui ne doit être réservée qu’à quelques-uns » et à laquelle elle oppose la « démocratisation de l’école française ». Ce qui est amusant, c’est qu’en présentant ainsi les choses, Najat Vallaud-Belkacem est convaincue de faire de la publicité à sa réforme, ne comprenant pas que si l’école a fonctionné pendant un certain temps, c’est parce qu’elle était précisément tout sauf une démocratie, que les revendications incessantes des parents et des élèves n’y avaient pas leur place, et comprenant encore moins que l’excellence et l’élitisme, loin d’être des gros mots, sont synonymes de dignité lorsqu’ils poussent chacun à se confronter à ses propres limites voire à les dépasser.

Ce qui est rassurant dans tout ça, c’est que Najat Vallaud-Belkacem ne semble assumer pleinement aucune de ses réformes, preuve que le bon sens, chez elle, palpite encore, et que tout espoir n’est donc pas définitivement perdu.

Les “fake news” sont partout!

L’annonce de la « fake news » de Burggraf aura au moins eu un mérite : conforter dans leurs convictions tous ceux qui continuent à croire que les votes Trump, pro-Brexit et Le Pen ne sont l’œuvre que de gens naïfs qui croient aux fake news – je ne nie pas que cela existe, loin de là , mais ne voient pas qu’ils proviennent aussi de toute une frange de la population qui se sent manipulée par les médias et qui n’a plus aucune confiance en une presse d’information générale qui n’informe plus mais fait uniquement de la presse d’opinion, surtout quand elle prétend ne pas en faire.

D’ailleurs, Benjamin Biolay, lui, explique fièrement sur le plateau, après avoir cru à tous les mensonges et approximations de la ministre, qu’il n’est pas de ceux qui se font berner par la désinformation car il a très bien compris que les « fake news », « on sait très bien d’où ça vient ».

Bref, lorsque les « fake news » ne sont plus l’œuvre uniquement de sites dits « complotistes » mais qu’elles sont relayées par des journalistes censés les dénoncer et lorsque ces mêmes sites « complotistes » sont parfois les seuls à relayer de vraies informations tues par certains médias « pour ne pas faire le jeu du FN », il devient difficile de démêler le vrai du faux. Et encore plus difficile de faire la différence entre journalisme et propagande.

 

Published by Un Sage
28 mai 2017 7 28 /05 /mai /2017 15:56
 
Et vice-versa
Blogueur et romancier.

Ah, ce débat du second tour ! Si Marine Le Pen était propriétaire d’une Delorean qui voyage dans le temps, elle le referait autrement. Elle s’y montrerait apaisée, présidentiable ; elle s’imposerait comme le futur chef de l’opposition. Mais nous ne sommes pas dans Retour vers le futur. Il n’y a pas de Delorean. Et Marine Le Pen est plus affaiblie qu’elle ne l’a jamais été alors qu’elle a, paradoxalement, obtenu 10,6 millions de voix sur son nom, soit un record pour un candidat soutenu par le Front national (FN).

Il y a d’abord eu le départ de Marion. Marion qui veut vivre autre chose que la politique. Mais qui laisse entendre clairement, qu’elle veut surtout vivre autre chose que la politique à l’intérieur d’un parti où elle n’est pas reconnue à sa juste valeur. Et qui prend date. Le sous-texte est clair : je reviendrai lorsque l’horizon sera bien dégagé et que ma tante aura démontré qu’elle constitue une impasse pour représenter mes idées.

Et s’il privait le FN d’un groupe à l’Assemblée?

Ensuite, il y a eu Florian Philippot. Le stratège. Son stratège. Celui avec qui elle a tout construit, depuis son accession à la présidence du parti en janvier 2011. Florian Philippot qui se sent fragilisé au point de mettre sa démission dans la balance en cas d’abandon de ce qu’il considère comme central dans son combat, le retour à la monnaie nationale. Florian Philippot qui crée son mouvement à l’intérieur du FN, qui fait d’un transfuge de Debout La France (DLF) un vice-président, et qui s’attire les foudres de Collard – ce n’est pas grave, il a l’habitude – mais aussi – c’est plus gênant – de Nicolas Bay, secrétaire général, de Jean-Richard Sulzer, cadre du parti, et de Louis Aliot, compagnon de Marine Le Pen. Florian Philippot a compris que cette dernière n’était plus en position de faire taire la mauvaise humeur qu’il suscite depuis des mois au sein du FN. Il y est impopulaire. Très impopulaire. Et son comportement cassant en est sans doute davantage la cause que la question de l’euro. Après tout, la remise en cause de la monnaie européenne était déjà dans le programme de Le Pen père.

Marion Maréchal-Le Pen, elle, a la réputation d’une chic fille. Elle ne fait jamais preuve d’arrogance. Sa mise en retrait renforce même cette idée, selon laquelle, contrairement à son ennemi intime, ses dents ne rayent pas le parquet. Mais Florian Philippot a un atout dans sa manche : il a veillé à placer les siens dans nombre de circonscriptions parmi les plus « gagnables ». Les sondeurs prévoient 25 à 30 sièges FN le soir du 18 juin. Supposons que parmi eux une majorité de philippotistes se dégage. Ses ennemis oseront-ils se débarrasser de lui au risque de le voir créer son propre groupe, Les Patriotes, à l’Assemblée nationale et voir ainsi les députés FN s’asseoir sur les bancs des non-inscrits ?

La Saint-Barthélémy n’aura pas lieu… avant le 18 juin

Marine Le Pen connaît son stratège préféré. C’est pourquoi elle a tenté ces dernières heures d’envoyer des signes afin de le rassurer. Elle sait ce qui signifierait ce départ. Privée de sa nièce en embuscade et de son ex-stratège en concurrent direct, elle se retrouverait dans la situation de son père en 1998. Privée de ce qui aurait dû être ses deux piliers, l’un souverainiste, l’autre conservateur, qu’elle a été tout simplement incapable de faire travailler harmonieusement à son service. Elle a tant voulu ce duel face à Emmanuel Macron. Elle a tant voulu cette recomposition. Et voilà que la recomposition pourrait faire exploser son parti, comme elle fait exploser LR et disparaître le PS et le PCF du paysage politique. Les dés sont jetés. Le 18 juin, il faudra non seulement regarder le nombre de députés FN mais aussi le nombre de philippotistes parmi eux. De ces comptes dépendront en grande partie l’existence d’une Saint-Barthélémy frontiste à l’automne.

 

 

Published by Un Sage