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22 mars 2018 4 22 /03 /mars /2018 09:02

 

 

Un médecin à une aventure extra conjugale avec son infirmière. Elle lui annonce un bon matin qu'elle est enceinte.

Comme le médecin ne veut pas que sa femme ai le moindre doute, il remet à l'infirmière une bonne somme d'argent pour payer un long voyage en Italie.

L'infirmière lui demande:

- Mais comment vais-je te faire savoir que le bébé est né?

-C'est simple, dit-il, fais moi parvenir une carte avec juste écrit spaghetti sur celle-ci.

Six mois plus tard sa femme lui téléphone et lui dit qu'il a reçu une étrange carte venant d'Italie à laquelle elle ne comprend rien.

- Lorsque je serai là ce soir je t'expliquerai.

En rentrant durant la soirée, il lit la carte et tombe au sol victime d'un arrêt cardiaque.

Les ambulanciers arrivent peu de temps après et demande à son épouse ce qui a bien pu se passer.

Sa femme répond que sa crise est arrivée après la lecture de la carte qu'il a reçu. Puis elle va la chercher et la lit au ambulanciers :

- Spaghetti spaghetti spaghetti spaghetti, deux avec des boulettes et deux sans boulettes.

Published by Un Sage
19 mars 2018 1 19 /03 /mars /2018 17:10

Edwy Plenel à ONPC: la liberté de la presse (et la paix dans le monde), c’est lui

L'habituel invité de Laurent Ruquier s'est mis un 10/10

par

Martin Pimentel

 - Une fois encore invité d’honneur de l’émission de Laurent Ruquier, Edwy Plenel était samedi dans « On n’est pas couché » pour fêter les 10 ans de Mediapart et nous faire prendre conscience des services qu’il nous rend. On dit merci qui ?

Comme tous les « samedis soir sur la terre », comme le chante Francis Cabrel, nombre de Français sont sortis samedi soir pour s’aimer ou pour boire jusqu’à plus soif. En cette soirée de la Saint-Patrick, la consommation de bière était privilégiée. Toutefois, 1 million de résistants sont restés devant leur poste de télé, pour suivre les débats d’On n’est pas couché. Ce samedi soir, à 23 heures, un célèbre journaliste de 65 ans, qu’on dit sur le départ, était sur le point d’y faire une annonce fracassante.

Laurent Ruquier et sa fine équipe recevaient Edwy Plenel. Le journaliste – que l’animateur qualifie d’ « engagé » – était fier de célébrer avec nous les 10 ans de son site Mediapart ; il avait donc tout loisir de donner son avis sur plein de choses. Et de faire au passage une énième promo lourdingue à son média en ligne indépendant qui cartonne. Monsieur Plenel, commerçant, indiqua ainsi que tout Mediapart était en accès gratuit jusqu’à dimanche soir. Une promotion exceptionnelle.

Parole de vigile

La parole d’Edwy Plenel, qui est aussi celle de l’ancien rédac’ chef du journal de référence, est toujours attendue. Pour toute une gauche en tout cas, c’est un peu « Père Plenel ». Va-t-il parler de la libération-de-la-parole-des-femmes dans son homélie, lui qui a balancé le porc Denis Baupin avant l’heure ? Va-t-il parler de Tariq Ramadan ? Quel rôle envisage-t-il pour les journalistes à l’ère de l’invasion des fake news ?

Les fidèles de l’émission savent que les invités secondaires rentrent dès le début, les pauvres… Qu’ils soient petits chanteurs, rappeurs branchés, acteurs envoyés de force par la production d’un film, comiques du moment ou starlettes de la télévision, ils doivent rester assis pendant toute l’émission derrière une espèce de pupitre, écouter les blagues de Ruquier et les vacheries assénées aux uns et aux autres, en applaudissant, de préférence. Chacun attend son tour. Les invités vedettes, eux, ne rentrent sur scène que pour leur intervention. C’est tout leur privilège. Edwy Plenel fait naturellement partie de cette seconde catégorie d’invités.

Arrivé sous les vivas du public, Edwy Plenel n’a pas fuit les questions gênantes. Ca, c’est bon pour les politiques ! Lui ne mange pas de ce pain là.

On dit Merci qui ? Merci Edwy !

Comme chaque année, Edwy Plenel était venu présenter un nouveau livre. Cette fois c’était La valeur de l’information, plaidoyer pour un journalisme indépendant, qui raconte aussi la folle épopée Mediapart, modèle payant à succès auquel « personne ne croyait », sauf lui et trois autres visionnaires. Edwy Plenel, toujours modeste, est revenu en détail sur le succès de ce « journal vivant » qu’il a lancé pour l’ « intérêt général ».

Toutefois, le « journaliste engagé » se désengage. Il le confie, il s’apprête à passer la main. Mais Edwy Plenel a conscience d’être une « tête de gondole ». Passer le flambeau est une vraie responsabilité, le titre Mediapart étant lui même garant de la salubrité de notre République. Avec 45 journalistes à temps plein sous sa responsabilité, on le comprend bien, passer la main ne sera pas chose aisée. Heureusement, comme souvent, Edwy Plenel fait preuve d’un sacré sens de l’organisation. Et de la modestie. « Tant que ce n’est pas prêt, je ne pars pas », nous a-t-il rassuré. Alors que « le mensonge gagne, que la vérité est en péril » (les fake news, Trump, tout ça, tout ça), Edwy Plenel est conscient de sa responsabilité historique.

Mediapart, le service public privatisé

Laurent Ruquier, aux petits soins, lui a bien sûr rendu hommage. Il a rappelé les affaires révélées par Mediapart pendant ces 10 ans : l’affaire Bettencourt, l’affaire Cahuzac, l’affaire Sarkozy-Khadafi. « Parfois en insistant car peu de gens voulaient vous suivre », a précisé Laurent Ruquier. En insistant « tout le temps », a corrigé Monsieur Plenel.

Edwy Plenel, aux anges, a révélé le point commun aux trois affaires : l’évasion et la fraude fiscale. Salauds de riches ! « Des riches qui ne contribuent pas à la loi commune et aux impôts. […] Ils ne paient pas ce qu’il faut pour les hôpitaux, les écoles, les trains, les routes etc. » C’est confirmé : Mediapart a bien œuvré, toutes ces années, pour l’intérêt général. « Le seul objet, c’est le bien public. Un journal vivant, c’est ça ». Efficacité, sobriété.

Et que rétorque Edwy Plenel à ceux qui n’aiment pas Mediapart ? « Je dis toujours à tous ceux qui nous critiquent : en 10 ans de Mediapart, est-ce que vous pouvez trouver UNE information, UNE, qui se soit avérée fausse, et une information qui se soit avérée inutile dans le débat public ? TOUTES ont pour but d’animer ce débat public, de mettre à l’agenda des questions qui sont utiles ». Tout simplement.

Des infos « 100% vraies ». Edwy Plenel pourrait ajouter cet argument dans ses annonces commerciales, ça en jette ! Certains auraient pu lui répondre que certaines des méthodes de Mediapart, ou sa ligne idéologique, étaient critiquables. Mais non, personne ne l’a fait.

ONPC n’est pas Edwy

Car Monsieur Plenel confie à ses journalistes le rôle « d’aller chercher ces informations que les puissants nous cachent, que ce soit le pouvoir économique ou politique ». Kai kai ! Revoilà les riches et Sarkozy ! Dit comme cela, tout parait simple ? C’est pourtant un sacerdoce. Edwy Plenel ne cesse de le dire à ses journalistes : «Donnez, donnez au citoyen».

« Le journalisme, c’est bousculer, déranger. Ce n’est pas dire ‘Tout va bien Madame la marquise’ » Ce n’est visiblement pas le cas d’ONPC. Si l’émission de Laurent Ruquier est connue pour susciter des divisions entre ses invités, si Yann Moix et Christine Angot sont des snipers payés pour polémiquer et clasher les invités, Edwy Plenel a réussi l’exploit de mettre tout le monde d’accord. Tant mieux, puisque c’est dans l’intérêt général.

Frère Tariq et Calimero Plenel

La Une de Charlie Hebdo à propos de Tariq Ramadan, Laurent Ruquier pense qu’elle peut avoir « chagriné » Edwy Plenel. Mais il veut en avoir le coeur net : « tout le monde vous l’a déjà posée cette question. Et je pense qu’on vous l’a déjà posée 18 fois, non ? Au fond, vous ne saviez pas… Autrement vous en auriez parlé. » On n’imagine pas le patron d’un journal diffusant 100% d’informations vraies répondre « non » à ça. Edwy Plenel a bien confirmé les dires de notre animateur, redoutable intervieweur ce soir-là. Aussi curieux que cela puisse paraître, si Edwy Plenel et son équipe étaient capables de faire le décompte du nombre de poils aux fesses du président Sarkozy, sur celui de Tariq Ramadan, ils n’ont, à l’époque, rien trouvé. D’ailleurs, « personne ne savait ». Même l’islamophobe Caroline Fourest ?

Pour la forme, Yann Moix a quand même décidé d’objecter : « ce qu’on se dit ,nous, de l’extérieur, c’est qu’un journal comme Mediapart n’a pas pour habitude de ne rien trouver sur un sujet où d’autres, au même moment, ont averti […]. Le téléspectateur lambda se dit que c’est très étrange ». Là, la moustache d’Edwy Plenel s’est un peu hérissée. Mais Mediapart a cherché partout et, à part « un musulman religieux traditionnaliste » (sic) qui détestait Ramadan et qui leur a dit que c’était un « fornicateur qui boit de l’alcool », il n’avait rien trouvé. Pas de chance sur ce dossier-ci. Arguant que tout ce qu’on lui reproche à ce sujet est « une légende pure », dénonçant plus tard une « cabale »,défendant Mediapart qui a publié une enquête en plusieurs volets sur Tariq Ramadan (qui a même déplu à ce dernier !), il a rappelé, que, comme pour l’affaire Baupin, il a sa méthode : il lui faut au moins 10 témoignages ou 10 plaintes de femmes pour qu’une affaire de violences sexuelles puisse sortir dans les colonnes de son média.

En tant que « tête de gondole » des rédactions les plus prestigieuses, Edwy Plenel le rappelle : il a toujours été l’objet d’accusations foireuses. Autrefois au Monde, on l’accusait d’être un « agent de la CIA », aujourd’hui à Mediapart, on l’accuse d’être « islamo-gauchiste ». Rien que des calomnies on vous dit !

Critiquer la presse, c’est mal

La guerre contre Charlie Hebdo ? C’est loin derrière lui tout ça. D’ailleurs, « deux journaux indépendants, s’ils se font la guerre, ils font le jeu des ennemis de la presse. » Vu comme ça…

Les propos de Manuel Valls ? « C’est autre chose, ça. C’est une attaque politique. […] En tant qu’homme politique ayant occupé les plus hautes fonctions de l’Etat, il ne peut pas dire ça. Car il s’attaque à notre Constitution ». Bigre, c’est sérieux tout ça. « On ne peut pas être Charlie, et demander qu’on interdise de débat public un journal. » De mémoire, c’était seulement aux relations ambiguës d’Edwy Plenel avec la mouvance de Tariq Ramadan que l’ancien Premier ministre voulait faire « rendre gorge ».

Survolté, Edwy Plenel a ensuite mis Valls et Mélenchon dans le même sac. Jean-Luc Mélenchon qui estime la haine des médias « juste et saine », c’est un péril majeur ! « Attention attention ! C’est une liberté fondamentale qui est au service des gens, qui est au service du droit de savoir », nous alerte-t-il, devant un Laurent Ruquier et tout un auditoire inquiets.

Comme il était déjà un peu tard, j’ai usé, moi, de mon droit d’aller me coucher. Ce n’était qu’un « samedi soir sur la terre ».

 

Published by Un Sage
19 mars 2018 1 19 /03 /mars /2018 17:00

- Vous avez l'air fatiguée, remarque une dame, en croisant l'une de ses voisines.
- En effet. Mon mari est souffrant et je dois le surveiller jour et nuit.
- Mais vous n'aviez pas pris une infirmière ?
- Si. C'est une fille superbe. C'est bien pour cela que je dois le surveiller.

Published by Un Sage
17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 17:10

Justice à la télé, justice nulle part

Ingrid Riocreux

agrégée de lettres modernes, spécialiste de grammaire, rhétorique et stylistique

Fermez les tribunaux, les médias font le boulot !

Extension des « compétences » du « tribunal médiatique »

On a coutume de critiquer le « tribunal médiatique » : quand les médias s’arrogent le droit de discriminer entre les fréquentables et les sulfureux. Mais ce tribunal ne se substitue pas systématiquement à celui des prétoires. Il a ses critères propres, ses procédures et ses sentences. Par certains aspects, il est moins sévère que les vrais tribunaux : un « dérapage » se rachète en une séance d’autocritique publique (« je comprends que mes propos aient pu blesser, etc. »). C’est d’ailleurs ce qui permet, à mon sens, de parler d’« inquisition » médiatique : une infraction au dogme que l’on fait oublier en renouvelant son acte de foi, c’est typiquement un procédé de la douce inquisition (et cela explique pourquoi nos ancêtres préféraient être jugés par l’inquisition plutôt que par la justice royale). Mais par d’autres aspects, ce tribunal est plus dur qu’un autre : vos propos, pour lesquels le juge vous relaxe ou vous condamne à payer un euro symbolique, peuvent vous valoir dans la sphère médiatique un discrédit perpétuel. Il ne doit pas être facile de vivre en voyant son nom n’apparaître dans les médias qu’accompagné des étiquettes « sulfureux », « polémiste », « controversé », « d’extrême droite », etc.

Mais, fait nouveau, le monde des médias entend désormais sortir de son domaine de compétences (si l’on ose dire) qu’étaient les délits d’opinion, pour juger les affaires criminelles. On dira que ce n’est pas neuf : la presse ne s’était-elle pas fortement engagée dans l’affaire Dreyfus, par exemple ? Mais en ce temps-là, le pluralisme de la presse reflétait le foisonnement des opinions à l’intérieur de la société. Il n’y avait pas de médias d’information de masse, prétendument objectifs, financés par des annonceurs exigeant juste qu’un discours consensuel et abêtissant leur offre l’occasion de fourguer leur cochonnerie, entre une interview et un rappel des titres. Le développement de la société de consommation a donc fait de nous des consommateurs d’information. Or, la temporalité du marketing (matraquage-changement de produit-matraquage-changement de produit) n’est pas compatible avec celle de la justice. A quoi il faut ajouter le sentiment de toute puissance des journalistes (déjà dénoncé par Balzac qui connaissait bien ce milieu) et, plus récent, leur « sens de la responsabilité »(c’est ce qu’ils disent) qui leur confère une autorité morale pour juger de toute chose en ce monde.

On ne saurait s’étonner dès lors des pratiques auxquelles nous assistons.

Le grand déballage

Les échanges qui devraient avoir lieu de manière sereine et encadrée dans le cadre d’une salle d’audience ont désormais pour lieu d’expression la sphère médiatique : dans l’affaire Daval, comme dans celle du meurtre de la petite Maëlys, les avocats de la défense tentent de susciter la compassion envers leur client, de manière malvenue et outrancière, aggravant finalement le cas des coupables présumés. Mais on peut les comprendre aussi : il doit être particulièrement décourageant de voir que le procès est, pour ainsi dire, déjà jugé… avant même son ouverture ! A quoi servent-ils, eux, à quoi servent les tribunaux, à quoi sert le Droit, dans ces conditions ?

En face, en effet, on dirait que c’est devenu un passage obligé pour les familles de victimes : il faut parler à la presse. Pourquoi ? On ne sait pas. Placées dans le camp des gentils et des gens qui souffrent, pourquoi ces personnes tiendraient-elles à s’exposer plus que nécessaire, comme s’il s’agissait pour elles de stimuler notre empathie ? Cela semble bien souvent une stratégie initiée par les avocats, qui espèrent qu’ainsi le travail leur sera prémâché, parce que la masse aura pris fait et cause pour les victimes, de manière radicale et hystérique. Car la masse, comme l’a bien montré Gustave Le Bon, n’est pas la somme des individus qui la composent ; elle est un être à soi seul, qui ne connaît que les passions extrêmes, qui adore ou qui hait, et qui lynche ce qu’il haitLa masse ne connaît pas les circonstances atténuantes, n’a aucun égard pour la présomption d’innocence ou pour la spécificité des faits qui dictera la sévérité du verdict, et se fiche des détails de l’affaire, ou ne s’en préoccupe que par un voyeurisme malsain. En séduisant la foule, on met la justice sous influence.

C’est donc un enjeu fondamental que de mettre la masse de son côté. Si N. Lelandais ou J. Daval ont peu de chance d’y parvenir, en revanche, lorsque le terrain idéologique s’y prête, on peut obtenir ainsi de vrais miracles, comme l’a montré l’affaire Jacqueline Sauvage. La coupable n’a pas bénéficié de circonstances atténuantes aux yeux des foules : tout étant tout blanc ou tout noir, elle a carrément été requalifiée en victime pour l’opinion publique. Elle est libre. Et l’on a assisté à des interviews surréalistes de juges mécontents que leur travail soit sapé par la grâce présidentielle, à qui les journalistes demandaient : « mais comprenez-vous ce que votre position a de choquant ? ». C’est la question rituelle qu’ils posent habituellement aux gens qui « dérapent ».

Familles de victimes : des prises de parole maladroites et risquées qui ne profitent qu’aux médias

Les parents de Maëlys lisent un papier, manière d’exprimer leurs sentiments qui n’a rien de naturel. Qui a écrit ce document ou qui l’a relu et corrigé pour eux ? Dans quel objectif ? Cette mise en scène ne peut que susciter méfiance et malaise. Inévitablement, on se demande : pourquoi nous montre-t-on cela ? qu’attend-on de nous ? Et puis : pourquoi, dans leur douleur, acceptent-ils de donner dans cette farce dégradante, indécente et grotesque qui ne sert d’autres intérêts que ceux des médias en leur offrant de l’audience et du buzz ?

 

L’interview des parents, de la sœur et du beau-frère d’Alexia Daval est encore plus troublante puisque, conçue comme une contre-attaque face aux accusations de la partie adverse (Alexia était une personnalité écrasante, etc.), elle semble s’évertuer à les confirmer : on découvre un Jonathann « très effacé », vivant d’abord avec sa femme dans la maison de ses beaux-parents avant que le jeune couple n’emménage dans une maison où « c’est Alexia qui a décidé de ce qu’elle voulait », en jeune femme qui « savait ce qu’elle voulait ». L’image de l’homme écrasé par une femme qui lui impose ses choix sans égard pour les siens est confirmée tout au long d’un entretien qui avait pour but, sans nul doute, de battre en brèche cette version (et l’on en vient à imaginer aussi une belle-mère envahissante et toxique confortant sa fille dans son statut de princesse tyrannique, ce qui n’était sans doute pas le but non plus). Le beau-frère de la victime évoque-t-il le fait que la stérilité du couple provoquait des « tensions », sa femme (la sœur de la victime) tique et le reprend : « je ne parlerais pas de tensions ».

Le premier sent manifestement que, à trop insister sur le caractère doux de l’assassin en qui jamais on n’eût pu soupçonner la moindre violence, et sur l’absence de disputes au sein du couple, on risque d’accréditer l’idée que le type a tout encaissé sans jamais aller au conflit, jusqu’au jour où il a craqué (hypothèse que, pour ma part, à ce stade, je trouve vraisemblable, comme je l’ai écrit ici). Son épouse, elle, ne veut pas qu’on parle de « tensions » parce que cette notion implique une brutalité partagée (au moins verbale) ; elle veut une agression dans laquelle victime et coupable sont caricaturalement identifiables, elle veut Maëlys Daval face à Jonathann Lelandais. Quoi qu’il en soit, Jonathann Daval n’est pas le genre de coupable que l’on transformera en victime, même si son cas devait présenter de fortes similitudes avec celui de Jacqueline Sauvage. Face à Ruth Elkrief, personne ne lit de papier, mais la contrepartie de ce faux naturel est que chacun tente de contrôler au maximum son propos et même celui des autres. L’attitude de la sœur de la victime est, à ce titre, la plus frappante. Elle est physiquement crispée quand les autres parlent.

Quant à Ruth Elkrief, elle se retrouve dans une position bâtarde : à la fois ostensiblement émue et froidement journaliste, à la fois confidente et flic, elle fait alterner registre émotionnel et registre factuel, paroles de compassion et formulation d’objections. On en vient à se demander : qu’allait-elle faire dans cette galère… sinon le buzz ? Parce que cette interview n’est pas une conférence de presse, c’est encore mieux : une « exclusivité BFMTV », annoncée avec force roulements de tambour, suspense et diffusion d’extraits en avant-première. Toute une stratégie marketing.

Le grand déballage public est encore de mise dans l’affaire de l’héritage de Johnny Hallyday. Et toujours, nous sommes sommés de prendre parti, dans des histoires dont nous ne savons pas grand-chose, mais déjà tellement plus que nous ne devrions.

Le verdict médiatique finalement invalidé

Que dire lorsqu’on voit que trois jours avant l’ouverture du procès des anarchistes de Tarnac, « Envoyé Spécial » a diffusé une longue interview de Julien Coupat ? Ne pouvait-on pas attendre que le verdict eût été prononcé ? Comment comprendre cette programmation autrement que par une volonté d’influer, si peu que cela soit, sur le verdict final ? En effet, à en croire l’intégralité des médias, ce procès n’a pas lieu d’être : c’est « le gouvernement de l’époque » qui a qualifié Coupat et sa bande de « terroristes », puis « le dossier s’est dégonflé ». Fort bien, mais que ne rappellent-ils à cette occasion combien eux-mêmes ont contribué à bâtir cette version des faits qu’ils fustigent comme une manipulation d’État ?

En  2010, soit deux ans après le sabotage de la ligne TGV, l’Express consacrait un article au traitement médiatique de l’affaire et l’introduisait par ces mots :

l'express médias coupat

 

À PROPOS DE L’AUTEUR

 

 

Published by Un Sage
17 mars 2018 6 17 /03 /mars /2018 17:00

L'histoire se passe dans une salle de classe, disons à l'école primaire. L'inspecteur est venu... inspecter les cours que dispense mademoiselle l'institutrice. Celle-ci pose la question à l'ensemble des têtes blondes :
- Qui veut nous chanter une chanson pour monsieur l'inspecteur? 
Dix mains se lèvent. L'institutrice désigne tour a tour les gentils volontaires, mais n'interroge pas un petit, car elle sait qu'il a une réputation de cancre et de voyou. L'inspecteur lui fait la remarque : 
- Mademoiselle, vous n'avez pas interrogé cet enfant là, à côté de moi. On dirait que lui aussi veut chanter. 
- Ben, c'est que, euh... Et puis merde, se dit-elle, il faut que je l'interroge, tant pis. 
- Vas-y Mohammed. Que vas-tu nous chanter ? 
- Les tétons, m'dame. 
- ??? 
- Ah ! Bravo mademoiselle, fait l'inspecteur, je vois que vous leur apprenez de belles choses. 
- Je ne comprends pas Monsieur, je vous l'assure !
Et l'institutrice, complètement désolée, dit à Mohammed :
- Bon, vas-y mon petit, chante-nous ta chanson... 
Et Mohammed : 
- Les tétons, petit navireeeuuuuh, les tétons, petit navireeeuuuuh
...

 

Published by Un Sage
16 mars 2018 5 16 /03 /mars /2018 10:44

«Le discours du Pape François sur l’immigration est très équilibré»*

Entretien avec François Huguenin, l'auteur du "Pari chrétien"

par

Philippe de Saint-Germain

(journaliste indépendant. Cocréateur de l'association Jeunes Chrétiens) 

Dans Le Pari chrétien (Editions Tallandier, 2018), l’historien des idées François Huguenin s’interroge sur les conditions nouvelles dans lesquelles les chrétiens affrontent leurs responsabilités politiques. Comment être une minorité créatrice, influente, dans un monde qui a cessé d’être chrétien ? La réponse tient dans ce paradoxe : c’est dans leur distance à l’égard du pouvoir que se trouve leur véritable puissance politique.
Entretien.

Philippe de Saint-Germain. Dès l’origine, le christianisme s’est pensé comme une religion « dans le monde mais non pas du monde ». Comment ce monde en France a-t-il cessé d’être chrétien ?

François Huguenin. C’est une longue histoire, à l’évolution complexe, et qui remonte au moins au XVIIe siècle. Ce qui est entièrement nouveau, c’est que la déchristianisation va de pair aujourd’hui avec la perte des valeurs communes. Non seulement la société n’est plus chrétienne, mais la morale — qui n’est pas religieuse en elle-même ,  n’est plus universelle au sens où elle constitue plus un point de rencontre entre chrétiens et non-chrétiens. Pendant des générations, la pratique religieuse a diminué, mais la conscience collective restait de « marque » chrétienne, pour reprendre l’expression de Pierre Manent. De nos jours, les chrétiens pratiquants ne représentent guère plus de 4 à 5% de la population, et la majorité des Français qui persistent à se dire catholiques ne vit plus comme dans une société moralement ou culturellement chrétienne.

En quoi cette situation modifie le rapport que les chrétiens peuvent avoir avec la politique? 

Je pense que cela rend obsolète les postures de domination qui ont longtemps formaté les chrétiens, et plus profondément leur relation au pouvoir. Pourtant, les réflexes demeurent : à droite, la tendance est de confondre christianisme et chrétienté, autrement dit d’attribuer à l’autorité le pouvoir de « faire la norme » ; à gauche, la tentation est de rejoindre le monde en diluant son message au prétexte de rejoindre ses préoccupations. Dans les deux cas, nous restons dans une logique de pouvoir. Or même si le christianisme s’est développé dans le cadre d’une société chrétienne, son existence n’est pas liée à cet état des mœurs ni conditionnée par une forme de pouvoir politique où il tiendrait plus ou moins le manche. Les chrétiens ont d’abord besoin d’une société qui garantisse la liberté religieuse : Vatican II l’a dit clairement, mais les premiers chrétiens le disaient aussi entre le IIe et le IVe siècle ! Après tout, les zélotes  qui confonent leur foi avec leurs engagements politiques ont toujours existé.

Oui, mais nous avons une autre forme de dérive aujourd’hui qui constitue, même dans l’apparente résistance à l’esprit du temps, une compromission avec l’individualisme contemporain : je veux parler de la tentation du repli, qu’il soit individuel ou communautaire. Nous retrouvons cette tentation aussi bien chez les chrétiens de droite que de gauche. Considérer que son devoir politique consiste à défendre les intérêts ou les « valeurs » de sa communauté n’est ni plus ni moins qu’une réduction du message chrétien qui porte en lui une visée universelle (comme le dit étymologiquement le mot « catholique »). C’est exactement la même chose si l’on refuse de s’engager publiquement en tant que chrétien au prétexte que sa foi relève de la sphère privée. Brandir ses convictions comme celles d’un parti, ou les taire au prétexte qu’il s’agit d’une option purement personnelle, sont deux faces du même écueil : communautarisme et individualisme. Cela relève au fond d’une manière d’absolutiser un intérêt qui, d’une manière ou d’une autre, demeure particulier. Or cette absolutisation, même si elle s’inscrit dans une logique de fonctionnement très contemporaine, c’est ce que la Bible appelle l’idolâtrie (de l’argent, du pouvoir…).

Quel est donc le sens de l’engagement politique chrétien, s’il ne peut être ni communautaire, ni dominateur, ni subjectif ?

Benoît XVI, à qui je rends un hommage particulier dans mon livre, l’a très bien exposé à travers ses nombreuses communications à caractère politique, que ce soit comme théologien ou comme pape, par exemple lors de son discours à Westminster en 2010. La mission politique de l’Église, et des laïcs chrétiens dans leur responsabilité propre, n’est pas d’imposer une norme, mais d’éclairer le débat en aidant le politique à demeurer dans le champ de la raison. Autrement dit, à ne pas céder aux illusions de l’idéologie, de la technique ou aux manipulations en tout genre, comme celle des majorités de circonstance.

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

Tout d’abord, accepter les conséquences de la situation présente : la déchristianisation de la société, sa sécularisation, et le caractère minoritaire des catholiques. Les chrétiens sont encore trop dans le déni. Ils doivent faire le deuil de leur position dominante. Le concile Vatican II avait anticipé cette situation, mais la révolution intérieure que cela suppose n’est pas encore complètement assumée. Ensuite, considérer que la priorité est de manifester les principes qui rendent possibles l’exercice d’une politique authentiquement sociale et libre, dans une société individualiste et matérialiste. Dans un monde dominé par le relativisme, on ne peut pas faire l’économie d’un retour à la notion de bien, selon les lois de la grande politique classique. Enfin, pratiquement, cela ne passe pas des grands discours, mais par le témoignage, des actions concrètes de proximité, l’exercice « des pouvoirs » dans la vie de la société civile, plutôt que la recherche « du pouvoir » et de ses mythes.

Plusieurs visions de la laïcité s’affrontent, sans doute en raison des questions posées par la montée de l’islam, mais dont les chrétiens risquent de faire les frais.

Si la laïcité n’a plus de représentation du bien, elle tourne en rond. Aucune société ne peut vivre sans référence à l’idée même de quelque chose qui lui est extérieur et lui permet de réfléchir sur elle-même. La laïcité a donc besoin, pour ne pas devenir une coquille vide, de chrétiens qui s’engagent en tant que chrétiens. C’est l’essence de notre société qui est en jeu, non pas pour qu’elle redevienne chrétienne (même si un chrétien est tenu à témoigner de sa foi), mais pour exister en tant que société qui continue à s’interroger sur la conception de l’homme et de la vie qu’elle veut promouvoir. Si la démocratie ne s’appuie pas sur un socle éthique, sur une conception du bien qui puisse être largement partagée, elle sera absorbée par les procédures de gouvernance et finira par faire le lit de l’islamisme qui, lui, taille sa route sans états d’âme.

Pourquoi cette obstination de l’Eglise catholique à porter une parole politique si son message est « hors du monde » ?

La grande force politique de l’Église tient au fait qu’elle ne cherche pas le pouvoir, comme le Christ n’a pas voulu établir son royaume sur terre. D’où sa grande liberté pour parler sans complexe à tous les hommes de bonne volonté. Sa parole a vocation à éclairer la décision politique. Que ce message et ses implications pratiques sur les questions qui fâchent comme le respect de la vie, la dignité de la personne au travail ou l’accueil de l’étranger dérange, c’est une évidence, mais c’est d’abord la cohérence d’une vision de l’homme qui répond à des situations très concrètes, aussi bien individuelles que collectives. « Tout est lié » ne cesse d’expliquer le pape François.

N’y-a-t-il pas une grande méprise sur le message social de l’Église, compris à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église comme un programme politique ?

La mission de l’Église et des chrétiens dans le monde consiste à éclairer les consciences et à servir le bien commun dans la seule perspective de dire et de faire le bien. De fait, le monde médiatique qui est aussi le reflet de la société, interprète ce que dit l’Église sur les questions sociales comme des consignes politiques, comme si l’Église prétendait avoir autorité directe sur les gouvernements. Elle ne le revendique plus depuis longtemps ! Elle rappelle librement des principes universels dont l’application doit garantir à la fois que les États ne versent dans l’arbitraire et le cynisme utilitariste et que les plus faibles soient protégés. C’est à la lumière de ces principes que les États et la société civile dans chaque pays doivent prendre leurs responsabilités, et doser leurs décisions dans leur contexte propre et selon leurs possibilités réelles.

Pourquoi le message donne-t-il l’impression de passer si mal, par exemple hier sur l’avortement et aujourd’hui sur l’accueil des réfugiés ?

Vous avez raison d’associer les deux questions, qui sont emblématiques du message social de l’Église, signe de contradiction avec l’esprit du monde et pourtant d’une profonde cohérence et d’une grande continuité dans l’enseignement des papes. « Tout est lié », encore une fois. Je vous rappelle que la Journée mondiale du migrant a été lancée par le pape Benoît XVI. Si aujourd’hui l’appel de l’Église à accueillir les migrants étonne autant, ce n’est pas parce qu’il a changé, c’est parce que le phénomène migratoire prend des proportions nouvelles, à l’échelle de la planète, même si chacun voit le problème uniquement chez lui. Or si l’on prend la peine d’écouter le discours du pape François dans sa globalité, on s’aperçoit qu’il est d’un grand équilibre. Son message est triple :

1/ les migrants sont des personnes et doivent être traitées avec la dignité qui convient à chaque être humain ;

2/ les États ont la responsabilité de la politique migratoire, selon leurs devoirs et leurs moyens, en s’attaquant d’abord à la cause du mal, l’Église considérant depuis toujours que le premier droit du réfugié est de rester chez lui ;

3/ les migrants contraints de quitter leur pays doivent faire l’effort de s’intégrer dans leur pays  d’accueil, de telle sorte que les cultures de chacun et les lois du pays d’accueil soient respectées dans le cadre du bien commun de tous.

C’est-à-dire ?

Le principe est clair : l’accueil du plus faible, en l’espèce le réfugié, mais bien sûr, en fonction de l’état du monde et de la société, marquée chez nous par une grande insécurité sociale et culturelle, nous sommes tenus à faire au mieux et pas à l’impossible ou au suicidaire (par exemple nourrir les conditions d’une guerre civile). De même pour l’avortement, le principe est clair : c’est toujours un mal et un drame. Mais, l’état des mœurs étant ce qu’il est, aucun chrétien sérieux ne revendique l’abrogation de la loi Veil. Mais dans les deux cas, le chrétien aura à cœur de rappeler les principes à temps et à contretemps et d’œuvrer dans la mesure du possible pour des actions concrètes (accueil des migrants dans les paroisses, aide aux femmes pour garder leur enfant).

Que dites-vous à ceux qui reprochent à l’Église et au pape son angélisme ?

C’est un mauvais procès. L’Église est aujourd’hui une des seules organisations à avoir pris la mesure du fait que l’homme est en danger sur des fronts multiples : transhumanisme, inégalités économiques créant une pression migratoire inédite, péril écologique. Que ces questions sont planétaires et que les nations n’ont d’autre choix que s’entendre et coopérer. Ça c’est du réalisme ! En réalité, dans un monde dévoré par l’argent et secoué par les luttes de pouvoir qui procèdent de visions à court terme, l’Église vient rappeler que la maison commune est en péril et que l’homme est menacé.  C’est le rôle du chrétien de le rappeler sans cesse et, en donnant à la société un horizon moins étriqué, de lui permettre d’aborder autrement des questions complexes et redoutables sur lesquelles aujourd’hui elle ne cesse de buter faute de vision.

*************

*Un équilibre bien précaire qui sera un jour "bouffé",sans aucun doute,suivez mon regard

L'église est bien sur la mauvaise voie de la paganisation

 

 

 

 

 

Published by Un Sage
16 mars 2018 5 16 /03 /mars /2018 10:08

C'est un homme qui est attaché à un poteau dans une tribu cannibaliste. 
Un cannibale s'approche et lui demande: 
- C'est quoi ton nom?
Alors l'homme lui répond: 
- Pourquoi me demandes-tu ça? 
Le cannibale lui répond: 
- C'est pour le menu !

Published by Un Sage
9 mars 2018 5 09 /03 /mars /2018 11:20

Anne Hidalgo à Paris: la loi, c’est moi

Quand la justice annule Anne Hidalgo, Anne Hidalgo annule la justice

par

Régis de Castelnau

 

Anne Hidalgo a-t-elle décidé de nous faire la preuve tous les jours de son incompétence et de celle de ses équipes ? Bien qu’elle se soit plantée sur plusieurs dossiers qui coûtent une petite fortune à la ville qu’elle dirige, elle manifeste un entêtement désinvolte assez impressionnant.

Hidalgo, catastrophes à gogo

Tout le monde a déjà constaté la crasse repoussante, par endroit, de la ville lumière. Envahie par les rats, les ordures collectées de façon chaotique et une voirie souvent dans un état pitoyable, elle est devenue la capitale la plus sale d’Europe. Le changement de prestataire des Vélib’ s’avère être une catastrophe. Pour la galerie, on a souhaité se débarrasser de la société JC Decaux. Malheureusement le nouvel opérateur choisi est incapable de réaliser la prestation pour laquelle il s’était engagé. Comment justifier que les services et les élus n’aient pas été capables d’apprécier ce risque lors de l’examen des offres pendant la procédure de mise en concurrence ? Un examen attentif de la procédure ayant abouti à un tel désastre serait peut-être intéressant.

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Et puis il y a aussi les marchés publics d’affichage qui constitue une ressource importante pour la collectivité et que le tribunal administratif a dû retoquer pour des irrégularités grossières. Anne Hidalgo armée de son amateurisme entêté et capricieux, a géré ses contentieux en dépit du bon sens et généré des blocages dispendieux. Habituellement, lorsqu’une collectivité locale voit un de ses marchés publics annulés, elle adopte en général la solution la plus rapide, celle qui consiste à recommencer la procédure. À l’Hôtel de ville, on ne fait pas comme ça, on est la Ville de Paris quand même ! Il a été fait systématiquement appel de ces décisions pour se faire logiquement ratatiner devant la Cour.

Le problème, c’est que pendant la procédure, qui peut durer deux ans, il n’y a plus de marché exécutoire. Ce qui représente une perte de recettes de plusieurs dizaines de millions d’euros. Petit détail croustillant, un des marchés a été annulé parce que contraire au règlement d’affichage adopté deux ans avant par la ville elle-même. C’est-à-dire que la mairie de Paris ne respecte même pas les règles qu’elle a elle-même fait adopter. Encore bravo ! On ajoutera pour le fun la privatisation de la verbalisation du stationnement payant, qui a vu des agents chargés des procès-verbaux conduire sans permis et sous l’emprise d’alcool et de drogue. Là, c’est standing ovation.

Voies sur berges: la technique du bras d’honneur

Mais avec l’annulation par le tribunal administratif de Paris de la décision de piétonnisation des voies sur berges, il semble qu’Anne Hidalgo ait adopté une nouvelle technique vis-à-vis des juridictions : celle du bras d’honneur.

Quelques précisions concernant la procédure ayant abouti à cette piétonnisation. Il faut savoir que cette mesure de fermeture de ces voiries à la circulation automobile s’inscrit dans une mesure d’aménagement plus globale. Ces procédures sont minutieusement organisées par le code de l’urbanisme et font l’objet de rapports préalables, d’études d’impact, d’enquêtes et de concertations qui doivent permettre d’en apprécier la portée et l’utilité publique. Pour aboutir à une décision finale adoptée par la collectivité. C’est celle-ci qui a été annulée par la juridiction administrative, et ce en raison de l’insuffisance de ces procédures, ce qui n’est pas un mince reproche.

Les avis concernant cette piétonnisation, qui apparaît quand même comme une hérésie source de pollution et d’embouteillages monstres, lui sont assez massivement hostiles. La moindre des choses était donc que le tribunal administratif soit exigeant sur la qualité des procédures menées en amont. Avec la décision judiciaire, l’ensemble du dispositif s’est donc effondré. Deux possibilités s’offraient alors à la Ville de Paris. Soit elle s’incline devant le jugement et recommence la procédure pour aboutir à une décision solide. Soit elle fait appel et s’en remet à l’appréciation de la Cour. Le problème est qu’en matière de procédure administrative contentieuse, l’appel n’est pas suspensif, et le jugement d’annulation est immédiatement exécutoire, « nonobstant appel ». Par conséquent, dans les deux hypothèses, conséquences de l’annulation, les voies sur berges doivent être rouvertes à la circulation. Puisque la décision qui servait de support à la fermeture n’existe plus.

Par-delà bien et loi

Anne Hidalgo a choisi de faire appel, mais annoncé qu’elle n’exécuterait pas la décision judiciaire. Se livrant à des rodomontades assez hallucinantes, elle ne l’a pas envoyé dire aux magistrats. L’État de droit ? Connaît pas !

Anne Hidalgo a également annoncé qu’elle prendrait un nouvel arrêté de fermeture pour mettre en échec la décision du tribunal administratif et sans attendre l’examen du dossier par la cour d’appel. En bon français, cela s’appelle une mesure illégale, puisque la seule motivation de ce qui serait une simple mesure de voirie est d’empêcher l’exécution d’une décision de justice. En droit administratif, c’est tout simplement un détournement de procédure. Destiné à faire échec à l’application des règles prévues par la loi en matière de procédure judiciaire administrative, prévoyant notamment le caractère non suspensif de l’appel en matière de contentieux administratif.

Oh mais dites donc, ce n’est pas prévu par le Code pénal ça ? L’article L 432-1 dit que : « Le fait, par une personne dépositaire de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de ses fonctions, de prendre des mesures destinées à faire échec à l’exécution de la loi est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. »

Eh bien Monsieur le procureur Molins, un peu dans la lune ? Les bras d’honneur à l’attention des institutions de la République de la part du maire d’une grande ville, cela ne vous interpelle pas ?

Dites, Monsieur le préfet, et tous les conseillers de Paris qui êtes autant d’agents publics, il me semble que l’article 40 du Code de procédure pénale vous fait obligation de signaler ces faits susceptibles de recevoir une qualification pénale au parquet. Vous avez oublié l’adresse du palais de justice ?

Évidemment, il ne se passera rien, personne ne va bouger. La seule question qui vaille, pour le personnel politique c’est de savoir qui va s’asseoir dans le fauteuil de l’Hôtel de ville en 2020. L’État de droit, c’est pour la galerie. Et tant pis si ce qui devrait être la capitale de tous les Français voit sa gestion confisquée par une petite caste d’amateurs incompétents. Au profit exclusif de sa clientèle, celle qui a les moyens de vivre dans Paris intra-muros.

 

 

Published by Un Sage
7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 10:35

Mamie vient d’arriver à la maison de retraite et tout le monde est aux petits soins.

 Les infirmières la baignent, lui servent un délicieux repas et l’assoient sur un fauteuil face à la fenêtre donnant sur un magnifique jardin.

 Tout semble parfait, mais après un moment elle commence à se pencher lentement sur la droite. Immédiatement deux infirmières se précipitent et la remettent bien droit sur le fauteuil.

 Tout semble retourner à la normale quand elle commence à se pencher lentement sur la gauche. Les infirmières accourent et une fois de plus essaient de la remettre d’aplomb…

 Quelques jours plus tard, la famille arrive pour voir comment va mamie.

 - Tout se passe bien ici, ils sont gentils avec toi ?

 - C’est pas mal du tout, à part qu’ils ne me laissent pas péter...

 

 

 

 

Published by Un Sage
6 mars 2018 2 06 /03 /mars /2018 10:53

Génération « J’ai le droit »

Publié le 4 mars 2018 par Jean Paul Brighelli

Curieux titre qui s’éclaire très vite : cette génération, dit Barbara Lefebvre (enseignante d’histoire-géographie, exerçant depuis toujours en proche banlieue parisienne, et qui se fit connaître il y a quinze ans , quinze ans ! Et rien de fait !, en participant aux Territoires perdus de la République avec Georges Bensoussan, alias Emmanuel Brenner) , cette génération donc est celle du selfie, de l’élève au centre et d’un ego dilaté qui ne se conjugue au pluriel que sous la forme du communautarisme. La faute à Rousseau ! ai-je expliqué par ailleurs. « « Je » prend tout l’espace, écrase par son irréductible souveraineté un « Nous » qui aura servi au genre humain à faire société depuis des siècles, sinon des millénaires. » Ni société, ni nation. Le Je du « j’ai le droit » est le rêve des marchands qui pensent que la disparition des Etats-nations leur permettra de vendre plus de portables et de gadgets électroniques. C’est un Je d’autant plus certain de son importance qu’il est en fait à valeur nulle.
C’est aussi la génération de l’école sacrifiée aux idées létales des pédagos. Comme elle le dit avec force, « ils étaient dans nos classes, dans les années 1990 et 2000, les MErah, Fofana, Kouachi, Coulibaly et d’autres « déséquilibrés » venus à leur suite.»
« Déséquilibrés » est entre guillemets parce que Barbara Lefebvre n’adhère pas , mais alors, pas le moins du monde , au discours lénifiant qui voudraient que les auteurs d’attentats soient juste des détraqués. C’est l’islam en soi, dans la lecture qu’impose le wahhabisme, qui est détraqué , et « le hijab est le drapeau de l’islam radical. » Bref, c’est un livre où l’on ne fait pas de prisonniers.

Comment tout cela a-t-il commencé ? « Depuis presque un demi-siècle une nomenklatura intellectuelle se sera érigée en mère-la-morale. » Ça, c’est le décor lointain. Puis la caméra se rapproche, et filme le lieu du désastre. « [À l’école] l’enfant fait l’expérience fondatrice du déplacement d’identité qui fonde toute société humaine : enfant de ses parents, il devient élève de sa classe (…) Le fait de devenir élève ne signifie pas l’effacement de son identité d’enfant, mais l’apprentissage d’une coexistence nécessaire pour s’instruire, pour apprendre à se détacher de lui-même et vivre dans cette société en miniature qu’est l’école. (…) C’est un effort auquel certains enseignants n’obligent plus l’enfant, car ce serait contraire à son libre développement. » La faute à Rousseau, vous dis-je ! Emile, Kevin et Mohammed sont désormais des sujets. Des roseaux pensants —,surtout s’ils sont dépensants.
« La dévastation de l’école républicaine, continue Lefebvre, s’est construite sur un renoncement majeur : celui de l’héritage culturel via la langue française. En rendant impossible une véritable maîtrise de la langue française par tous les enfants, en la réduisant à une langue de communication purgée de toute nuance, de toute grammaire, de toute référence, en se gardant de leur imposer les codes culturels nécessaires pour entrer dans le monde, on est parvenu à déraciner déjà deux générations de Français, celle des années 1980 et celle des années 2000. »
« Le français et sa littérature d’une part, l’histoire, d’autre part, sont les mamelles de l’identité nationale. C’est pourquoi déraciner l’enseignement de ces deux disciplines était primordial pour les guérilleros du multicultiralisme postmoderne, du libéralisme mondialisé, de l’individu atomisé. » J’ai expliqué moi-même tout cela dans Voltaire ou le jihad et dans C’est le français qu’on assassine. Mais cela fait toujours plaisir de constater qu’il y a deux Cassandres qui hurlent dans le désert.
S’ensuivent deux chapitres fort documentés sur la façon dont la méthode Foucambert a supplanté la méthode syllabique, de façon à fabriquer des illettrés, et dont les idéologues d’Aggiornamento ont subverti les programmes d’Histoire, en en faisant « l’otage des identités et des mémoires qui clament leur « droit » dans une concurrence effrénée avec des revendications mémorielles. Rien d’étonnant si Macron se réfère volontiers à Patrick Boucheron, l’auteur de cette Histoire mondiale de la France qui prétend « organiser la résistance face au « roman national » » , pauvre cloche qui tinte au Collège de France.
Pourtant, de remarquables historiens de gauche (Pierre Nora, Marc Ferro, Jean-Pierre Vernant ou Pierre Vidal-Naquet, entre autres) 
se sont éloquemment élevés contre la mainmise de l’Etat sur le « devoir de mémoire ». Peine perdue , leur voix ne portent pas face aux hurlements des idéologues qui se prétendent historiens, et qui confondent droit à l’Histoire et devoir de mémoire.

Résultat ? « Une jeunesse abandonnée, livrée à elle-même. La génération « j’ai le droit ». Tout cela procède de l’acculturation, de l’abandon intellectuel auquel l’institution scolaire les a voués en se mettant à leur niveau au lieu de les élever. »
Comme Carole Barjon l’année dernière, Barbara Lefebvre aime bien nommer un chat un chat, et un idéologue un crétin patenté. Et de dénoncer « les vigilants chiens de garde progressistes du Café pédagogique, du collectif Aggiornamento et de leurs affidés blogueurs sur Mediapart ou le Bondy Blog ». Ou Gregory Chambat, qui « consacre une partie de son site internet 
à la traque des fascistes qui dominent actuellement, selon lui, le débat d’idées sur l’école. »
À noter que l’on doit tout de même à Chambat une 
bibliographie presque complète de l’anti-pédagogisme qui permettra à chacun de savoir ce qui lui manque…

Prof d’Histoire-Géographie, elle ne révère ni Francis Fukuyama, ni Emmanuel Macron : « Après avoir essayé de nous faire croire en 1989 que l’histoire était finie, on rejoue maintenant la musique du progressisme : l’histoire est « en marche » ! » Sans doute fait-elle partie de ces « tristes esprits englués dans l’invective permanente », comme a dit Macron (dans Un personnage de roman, de Philippe Besson, Julliard, 2017). Ni Vallaud-Belkacem : « La réforme du collège qui a suivi la loi de refondation de l’école a été la gifle de trop. » Ni Blanquer, dont elle doute qu’il puisse réellement se / nous débarrasser des morpions pédagos incrustés dans le système  ;même si à petites touches le ministre tente actuellement de dégonfler « l’idéologie pédagogiste contre laquelle le ministère et ses corps constitués n’ont jamais osé lutter ». Ou de révoquer « ces collègues idéologues qui s’en prennent à la méritocratie républicaine, aux enseignements culturels les plus exigeants comme les langues anciennes ou la musique classique, à l’enseignement disciplinaire, à l’histoire-récit, à l’orthographe et à la grammaire qui seraient des outils de discrimination sociale. » « En réalité, précise-t-elle, ils aspirent, souvent au nom d’un anti-racisme dévoyé, à conserver tout ce qui peut maintenir les enfants des milieux populaires dans un entre-soi qui leur interdit d’assouvir cette « faim de découverte » dont parlait Camus. (…) Pendant ce temps, eux (et leurs enfants) possèdent ces codes et les surexploitent pour mieux en priver les élèves des milieux populaires qui ne sont rien d’autre que leur fonds de commerce politique. »
Croit-elle pour autant à quelque grand complot ? Il lui suffit de constater les faits, et l’idéologie qui les a engendrés. « On ne s’y prendrait pas mieux pour éviter qu’ils ne s’enracinent dans une identité française. On ne s’y prendrait pas mieux pour faire advenir la démocratie moutonnière dont rêvent à la fois les chantres du libéralisme et ceux du communautarisme. » C’est moins un complot qu’une collusion libéralo-libertaire, qui débouche à la fois sur le « grand marché » auquel on voudrait réduire la planète, et sur la « reproduction » (c’est pour le coup que Bourdieu, l’un des responsables du désastre, aurait raison) d’une oligarchie qui ne mérite pas grand-chose et qui a inventé, du coup, la méthode idéale pour s’auto-perpétuer : tuer dans l’œuf les aspirants à l’ascension sociale. « « L’égalité des chances » n’existe que pour les « enfants de » qui depuis cinquante ans se cooptent dans un entre-soi confortable (…) La gauche morale soixante-huitarde (…) a « joui sans entraves » des bienfaits de cet élitisme bourgeois qu’elle adore détester mais qu’elle incarne avec une morgue sans égale. »

Je ne résumerai pas davantage un ouvrage méthodique et foisonnant. Je voudrais juste finir sur l’immense éclat de rire (jaune, comme l’étoile du même nom) qui fut le mien au récit de la découverte, par ses collègues puis ses élèves, de la judaïté de Barbara Lefebvre , qu’elle évoque dans un chapitre passionnant sur les zones de non-droit dans lesquelles s’exercent la libre parole islamique et l’antisémitisme décontracté. Elle raconte comment elle avait rectifié quelques erreurs factuelles sur Israël et la Palestine de collègues admirablement armés d’œillères pro-palestiniennes (au point d’organiser pour leurs élèves un voyage en secteur palestinien , où ils eurent le plus grand mal, tant l’islam est peu sexiste, à faire admettre qu’ils amèneraient une classe mixte), à qui elle a avoué, pour justifier sa compétence, qu’elle s’y était rendue plusieurs fois. « Stupéfaite, comme si on venait de lui révéler un secret d’Etat, une collègue me répondit : « Mais tu t’appelles Lefebvre ! »»
Vous vous rappelez ? « Salomon est juif ? » C’était dans Rabbi Jacob, chef d’œuvre indépassable de la dérision et de l’auto-dérision. Et Barbara Lefebvre de commenter : « La profondeur de son inculture autant que son antisémitisme étaient tout entiers dans cette interjection. »
Cela m’a rappelé le dilemme que dut résoudre le régime de Vichy lorsqu’il s’efforça de dire qui était juif. Le nom ? Peuh. L’habit ? Il y avait beau temps que nombre de Juifs français ne s’habillaient plus comme leurs grands-parents du shtetl polono-ukrainien. La pratique ? Mais nombre de Juifs, en 1940, ne conservaient de la religion que la célébration de fêtes, exactement comme des français athées fêtent Noël. À la fin, on choisit de leur demander de se déclarer juifs , ce qui malheureusement marcha au-delà des rêves de Darquier de Pellepoix.

Barbara Lefebvre n’est pas très optimiste sur les chances de l’Ecole (et de la nation) de subvertir leur présente déconfiture. Ni moi. Trop d’intérêts se lient : pédagogues minables, donc accrochés comme des morpions aux postes que la malévolence socialiste leur a fait obtenir, libéraux pour qui seul le marché mondialisé compte réellement, et communautaristes de tous poils qui font leur marché dans des consciences ravagées d’inculture. Il faudrait un grand mouvement national, une « levée en masse » comme on disait en mars 1793. Possible ? Probable ? Prochain ? Croisons les doigts, lisons de bons livres et buvons frais en attendant la fin.

 

Published by Un Sage