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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 17:19

Mon Noël d'autrefois

 

Souvenir d'enfance

J'ai une certaine nostalgie quand je pense aux Noëls de ma tendre  enfance, ceux que l'on passait en famille, toutes  générations confondues. J'attendais avec impatience cette fête religieuse de la nativité du 25 décembre en la préparant plusieurs  jours auparavant.

A cette époque ma famille "ne roulait pas sur l'or". Il fallait "mettre de côté" pour régler les emprunts contractés pour l'achat de notre grande maison maison,d' ailleur bien trop grandepour nous.

Le sapin ,bien choisi ,provenait de nos bois de Saint Laurent. Mon père issu du milieu campagnard  bricoleur, avec quelques planches confectionnait le socle. Il fallait ensuite le décorer, en fabriquant des étoiles découpées dans du carton , des boules de papier ,enveloppées de papier de chocolat argenté que nous avions précieusement conservé à cet effet. Quelques guirlandes dorées  et argentées  et quelques petites bougies de différentes couleurs  qu'on allumait parcimonieusement que quelques instants, venaient  compléter cette décoration.

La crèche n'était pas oubliée, confectionnée aussi par mon père avec  trois petits morceaux de planches  pour les côtés, surmontés d'un toit en paille, abritant le Petit Jésus entourés de différents personnages, la Vierge Marie, quelques animaux, sans oublier les rois mages un peu éloignés se dirigeant vers ce très modeste édifice.

Il fallait déposer  avant le coucher une paire de pantoufle devant la cheminée pour que le Père  Noël, qui passait par celle-ci , selon la légende, dépose ses cadeaux.

Ma mère me mettait au lit comme d'habitude  à 20 h. Le lendemain réveillé de très bonne heure après une nuit un peu agitée, je me  précipitais un peu anxieux ,de peur d'y trouver un martinet vers la cheminée,((Ma mère m'avait toujours rabâché que le père Noël  si je continuais à être désagréable m'apporterait seulement un martinet) pour trouver avec ravissement une grosse orange un fruit très précieux à l'époque, un paquet de papillotes  et un petit jouet  confectionné amoureusement par mon père (je l'appris plus tard),une petite brouette, un petit chariot à trainer ou un petit guignol articulé découpé dans une planche de bois fin ,dont on pouvait faire bouger les membres en tirant sur des ficelles.

J'étais le plus heureux  du monde avec ça .Je tripotais et malaxais  cette orange,  objet rare, plusieurs jours en le contemplant  et dégustais les papillotes avec parcimonie.

Plus tard j'avais "l'âge de raison", j'allais au "caté", le rite était toujours  le même.

La crèche était toujours présente, avec un peu plus de personnages et un sapin beaucoup plus décoré, la situation financière améliorée de mes parents le permettant

La veille du 25 décembre il fallait aller "à confesse" pour pouvoir communier le lendemain.

(A cette époque le prêtre était un notable respecté, ne quittant jamais soutane et barrette pour dissimuler sa tonsure, même pour faire son jardin, ne se séparant jamais de son bréviaire qu'il lisait tous les matins et de son chapelet.

Maintenant il est vêtu comme le commun des mortels, souvent débraillé ,fait son jardin torse nu et en short, et  n'ouvre plus son bréviaire. On ne l'appelle plus respectueusement Monsieur le curé ou Monsieur l'abbé, mais Mon Père,  en lui  tapant sur l'épaule, le vouvoiement n'étant même plus de rigueur !!)

J'avais alors recours à ma maman pour m'indiquer, les  péchés que je devais  dire au curé.

La réponse était toujours très laconique:

"Tu lui diras, que tu m'as désobéi, que tu as trop mangé de chocolat, que tu es quelquefois coléreux etc.. et en conclusion, tu me barbes avec tes histoires  tu es assez grand garçon maintenant pour lui dire toutes les bêtises que tu fais à la maison.

Je me "pointais "à l'église à l'heure réservée aux enfants, avec un peu la trouille au ventre en entrant dans un de ces "cagibis" noirs ,à deux compartiments  en bois finement sculpté, fermé par un rideau, le "confessionnal", dans grand silence seulement troublé par le bruit de la toux de quelques fidèles, et  du clac d'un guichet qui s'ouvrait  laissant apparaitre de l'autre côté la vague silhouette du confesseur inconnu.

Tout ce que j'avais  mijoté  auparavant ne servait pas à grand-chose, car pressé celui-ci  m'inondait de la liste des péchés que j'avais pu commettre en me demandant de répondre brièvement par oui ou par non.

Je n'en sortais  jamais blanc comme neige, et  toujours avec une punition  expiatoire, en général  dix" Notre père" et dix "Je vous salue Marie".

Actuellement ces "cagibis", au nombre de trois n'existent plus, on ne se confesse plus pour aller communier, on tutoie Dieu, Jésus et Marie , sans aucun respect comme de  vieux copains, et Dieu nous accorde sa totale miséricorde sans cette formalité !!

Le soir du 25, on mangeait notre soupe comme d'habitude vers 19 h mais il fallait tenir le coup  sans aller se coucher vers 8 heures comme d'habitude pour pouvoir assister à la messe de minuit, car c'était vraiment à cette heure tardive qu'elle était célébrée.

Selon un rite aujourd'hui dépassé les hommes étaient d'un côté de la nef, les femmes de l'autre avec chapeaux et voilettes, l es enfants devant gardés par un vicaire un peu excité chargé de réprimander la moindre  indiscipline.

L'église n'étant pas chauffée, les fidèles étaient tous emmitouflés, on toussait dans tous les coins dans une atmosphère ou régnait un mélange indéfinissable d'odeurs  de bois vernis, d'encens, de cierges brulés et de naphtaline. Certains  vêtements  conservés  avec  cet antimite n'étant sortis du placard que pour les "grandes  circonstances".

C'était un messe solennelle qui durait plus d'une heure et demi , le prêtre officiait à l'autel , dos tourné ,contrairement à maintenant ou il est face aux fidèles , entouré de quelque enfants de cœur s'agitant autour de lui pour lui présenter de grands livres de prières, l'encensoir ou les burettes.

 Je "subissais" à moitié endormi  le rite complet de la messe dite en latin incompréhensible pour le commun des mortels ,des chants religieux accompagné par l'orgue ,  et un sermon "qui n'en finissait plus" prononcé  depuis  la chaire surélevée qui trônait au milieu de la nef, édifice aujourd'hui disparu, comme les confessionnaux, qui commençait toujours par "Mes bien chers frères etc.…

 Ce  sermon qui durait presque une heure  nous décrivant dieu, contrairement à aujourd'hui, comme un vengeur, toutes les calamités nous étant envoyées par lui parce que nous ne l'avions pas assez prié "heureux ceux qui souffrent le royaume de cieux est à eux", le purgatoire ou les âmes n'arrêtent pas de gémir, l'enfer ou Satan nous fait griller  en nous remuant avec sa grande fourche, rien nous étaient épargné, tout y passait.

On  était un peu terrorisé par cette homélie!!.

A la fin de la messe il fallait recevoir la communion en faisant  la queue, les enfants d'abord, ensuite les hommes et à la fin les femmes (ces êtres inférieurs )devant le prêtre qui tenait la patène contenant les hosties

Contrairement au rite actuel où le prêtre donne  ce symbole du "Corps du christ" dans la main on devait tendre la langue pour qu'il le dépose délicatement dessus en marmonnant  chaque fois "Corpus Christi" et  on devait le déglutir sans qu'il touche les dents ! !

On rentrait  à la maison vers 2 heures du matin, tombant de sommeil , sans oublier de mettre une paire de chaussures, des galoches à semelles de bois, au pied du sapin et non devant la cheminée pour que le Père Noël y dépose ses cadeaux,déjà notre croyance en ce vieux personnage à barbe blanche  qui passait par la cheminée était bien utopique, mais c'était un rite immuable.

Le lendemain matin toujours de très bonne heure je me précipitais  au pied du sapin ou trônait la crèche pour déplier mon cadeau soigneusement enveloppé  dans un paquet de couleur et  enrubanné.

Je trouvais dans ce paquet un jeu de société, jeu de l'oie,ou  jeu de dames, ou jeu de puces, grand puzzle ou autre.

J'étais   avec ça aussi  le plus heureux du monde .

Actuellement les crèches sont munies de personnages animés, les sapins artificiels croulent sous leur décorations et leurs guirlandes à leds multicolores  s'éclairant de différentes façons, en continue ou en différentes sortes de clignotements en alternance:

Les grandes surface regorgent de jouets pour tous les gouts, de produits "high-tech", tablettes, smartphones , pour tous les âges, engins téléguidés mangeurs de piles etc.…que les parents viennent choisir accompagnés  de leurs enfants et suivant leur  préférence  quelques jours avant noël pour éviter la rupture des stocks .L'enfant est roi et on dépensera encore des sommes folles pour lui faire plaisir détruisant ainsi la magie de la fête de noël qui était avant tout autrefois une fête religieuse.

Dans les chambres d'enfants  avant Noël on ne sait déjà plus où mettre les pieds tant elles sont encombrées de  jouets ,après cette fête c'est inimaginable!!

Devant cette avalanche de cadeaux dont certains les abrutissent , ils sont malheureux  ,en deviennent "marteaux" avec des troubles addictifs faisant la richesse des Psy

Les cadeaux sont tellement en surnombre que certains  sont en revente  dès le lendemain, sans vergogne dans "le Bon Coin".

Notre repas de Noël  était pris à midi le jour de Noël et pour cette circonstance ma mère avait sorti son plus beau service de table .

Notre repas était" d'exception" avec   une petite tranche de foie gras en entrée, une pintade  , élevée par notre tante de Saint Laurent, tuée et plumée  par elle, cuite maison ,bien dorée accompagnée d'un bon gratin savoyard lui aussi" fait maison ",et pour terminer un "bocon" de tome et une buche "maison"  bien roulée  au chocolat sans oublier quelques rissoles (des r'zulles)  elles aussi" faites maison".

Ma boisson était réduite à des verres d'eau du robinet légèrement teintés de quelques gouttes de "bidoillon".

Aujourd'hui ce serait presque un repas journalier arrosé de verres de "Coca-Cola light"

 Noël est encore fêté actuellement dignement dans les familles très  religieuses

Pour d'autres cette fête n'est plus un symbole religieux, une fête de famille  comme autrefois , ce n'est plus que l'occasion de" faire la bombe", chacun partant de son côté

Les personnes âgées peu valides sont dans des maisons de retraites, isolées de leurs familles  qui les ignorent. Celles qui "pètent le feu" et ont une retraite honorable font des croisières ou partent chercher le soleil  dans des pays paradisiaques.

Les couples sont souvent divorcés ,recomposés, et se haïssent, les jeunes  enfants  de ceux-ci sont déboussolés et ne savent plus vers qui aller, d'autres , avides de leur indépendance, dès  1­6 ans partent aux sports d'hiver ou à l'étranger, sans leurs parents ,avec des copains et des copines ,d'autres moins fortunés vont faire la fête eux aussi avec des copains et des copines dans des boîtes de nuit, en fumant du cannabis et en buvant des boissons alcoolisées à gogo.

Les réunions de famille sont alors de plus en plus difficiles à organiser.

La France se déchristianise lentement mais sûrement, les familles "partent en brioche",La messe de minuit est dite maintenant à 21h30 , très écourtée ,par un vieux prêtre en retraite déjà depuis longtemps !!!

 

"Un doux souvenir est encore un bonheur".
Citation de Louis-Philippe de Ségur 


 

 

 

 

 

 

 

 

Souvenir d'enfance
Published by Un Sage